Clarisse laisse échapper un « ooooh », qui arrache un rire à la professeure. La sonnerie retentit mais personne ne se lève.

— Eh bien… je dois dire que vous me surprenez de jour en jour, mes chers élèves. J’irais même jusqu’à dire que vous êtes la classe la plus tolérante et la plus respectueuse que je n’ai jamais eue. J’en suis vraiment toute chamboulée, renifle-t-elle.

— En même temps, on a un bon professeur, s’écrie une fille à droite de Swann.

La professeure ricane.

— Merci, j’en suis flattée, Eva. Bon, avant de vous libérer, est-ce que ça vous plairait si on organisait ça une fois par mois ?

Une vague de murmures se propage.

— Levez la main, grommelle-t-elle. Vous croyez que je vous entends, si vous parlez tous en même temps ?

À l’exception de quelques élèves, toutes les mains se lèvent.

— Bon, j’en parlerais avec le proviseur et les parents d’élèves pour avoir leur avis sur la question. Merci à tous. Et n’oubliez pas que ça, dit-elle en nous englobant d’un geste de la main, ne remplace en aucun cas un suivi psychologique avec un professionnel… Vous pouvez y aller… dans le calme, merci ! crie-t-elle pour se faire entendre sous le brouhaha des chaises qui grincent.

Swann me rend mon stylo préféré, qui ne lui a été d’aucune utilité. Je ramasse mes affaires et jette mon sac à dos sur mon épaule. Puis il me tend la main, que j’accepte avec plaisir. On passe à côté de madame Singh.

— Merci, madame. Vous êtes de loin la meilleure professeure que j’ai pu avoir. De loin.

— C’est vraiment gentil, Swann, répond-elle en réajustant ses immenses lunettes sur son nez aquilin.

— Pareil… pour moi, balbutié-je. Merci.

Elle pose sa main sur sa poitrine.

— Merci à vous, les enfants. Allez, sortez d’ici avant que je ne me mette à pleurer !

Swann m’entraine dans le couloir. Et comme nous sommes en retard, je saute sur son dos. De mon plein gré, cette fois.