Bérengère Ollivier Nos coeurs sous la neige I'll be home for Christmas 2

I'll be home for Christmas 2

Cette maison, je la connaissais bien. Je l’avais partagée avec lui. Je l’avais connue par cœur avant notre rupture. La même porte en bois, la même lumière tamisée filtrant par la fenêtre du salon. Elle n’avait pas changé. Une vague de souvenirs me heurta de plein fouet. C’était là, dans ce salon, que nous avions partagé des rires, des rêves, des projets. Des nuits passées à discuter sur ce perron, des matins à boire du café enroulés dans une couverture, ses bras autour de moi. Et puis un jour, tout s’était effondré. Ce n’était plus que des murs, des souvenirs qui se superposaient, se confondaient.


La neige tombait doucement autour de nous, comme un manteau qui voulait tout recouvrir. Gabriel me fixa longuement, comme s’il cherchait à lire au fond de mes yeux. Et puis, dans un geste désespéré, il attrapa ma main.


— Viens, Mia. Rentre chez moi, viens juste pour quelques minutes. Ça pourrait être différent, tu sais. On pourrait se remettre ensemble, tu sais. Et j’adore les enfants, tu le sais. Je pourrais aimer les tiens, je crois.


Sa voix était rauque, hésitante.


Je le fixai, indécise.


— S'il te plait ! demanda-t-il d’une voix plus douce.


Je n’étais pas prête, mais je savais qu’en traversant ce seuil, je ferais face à tout ce que j’avais essayé de fuir. Mais finalement, je lâchai un soupir. Pourquoi pas ? Je savais que tout cela n’aurait aucune importance le lendemain.


La porte de la maison de Gabriel se ferma derrière nous avec un léger claquement. L’intérieur était plongé dans une semi-obscurité, à l’exception des petites lumières scintillantes d’un sapin de Noël qui trônait dans le coin du salon. Des guirlandes dorées couraient autour de la pièce, et des bougies parfumées à la cannelle dégageaient une chaleur douce, presque réconfortante. Tout semblait immobile dans un Noël figé dans le passé, comme si le temps avait cessé de défiler ici.


Gabriel, en titubant légèrement, s’assit sur le canapé, rejetant ses chaussures sur le côté. Il avait l’air épuisé, las, et pourtant, il continuait à me regarder avec cette même intensité. Mais moi, c’était la maison que je fixais, le décor, les petits détails qui me rappelaient un autre temps, celui où nous étions heureux. Cette maison, c’était notre rêve. Ou plutôt, c’était le sien. Celui d’un avenir construit à deux, un foyer empli d’espoir.


Je me laissai tomber sur le canapé, me sentant d’un coup si étrangère. J’avais l’impression d’avoir quitté cette maison il y a une éternité, mais les souvenirs revenaient par vagues, violents, imprévisibles. La cuisine, là-bas, à gauche, où nous cuisinions ensemble chaque dimanche soir, riant et discutant de tout et de rien. Les étagères pleines de livres où nous avions rangé nos rêves. Et ces photographies, accrochées au mur, de vacances à la montagne, de soirées entre amis. Des sourires, des moments figés dans un temps suspendu. Des moments que j’avais oubliés. D'autres, plus récentes, les avaient rejointes. Mais elles, toujours présentes, me narguaient et paraissaient me hurler : Tu vois, nous, on est encore présentes. Et toi aussi, tu pourrais !


Gabriel attrapa la petite télécommande sur laquelle il s’était assise sur le canapé et appuya sur une touche. Une musique douce envahit l’air, sans doute le fameux album de Noël que Gabriel écoutait chaque année, de manière presque rituelle. Une chanson particulière me fit frémir. C’était celle que nous avions écoutée lors de notre dernier Noël ensemble. Je l’avais tellement aimée à l’époque, la mélodie douce et nostalgique, le rythme qui semblait m’emplir d’une chaleur douce. Mais aujourd’hui, chaque note me faisait l’effet d’une lame. Chaque chanson résonnait comme une promesse que je n’avais pas tenue. Une promesse d’amour, d’avenir, de bonheur.


Il se laissa aller en arrière, ses yeux fermés, l’air d’un homme épuisé. Il prit une profonde inspiration, et c’est là qu’il brisa le silence.


— Mia, pourquoi ? Pourquoi on s’est éloignés, hein ? Je ne comprends pas…


Il se redressa un peu, fixant le sapin, puis me regarda. Ses yeux étaient encore pleins de douleur, mais aussi de questionnement. Il avait besoin de réponses, mais les réponses étaient si floues dans mon esprit, si embrouillées.


Je déglutis difficilement en observant le sapin de Noël à mon tour. Je savais ce qu’il représentait pour lui. Je laissai échapper un soupir, me glissant dans la nostalgie de cette époque où, tous les deux, nous attendions Noël avec une impatience enfantine. La neige tombait dehors, par petits flocons discrets, et je me souvins du premier Noël où nous avions emménagé ici. Nous avions décoré le sapin ensemble, Gabriel plantant les guirlandes pendant que je plaçais les boules en verre, riant et nous chamaillant sur la meilleure manière de le décorer. Nous avions décoré la cheminée avec des guirlandes lumineuses, et j’avais déposé des petits présents sous l’arbre, tous soigneusement emballés. Noël n’était qu’une promesse de bonheur. Mais à cet instant, ce bonheur semblait si lointain. Je fermai les yeux un instant pour essayer de me raccrocher à ces souvenirs, mais tout ce qui m’arrivait en tête, c’était la douleur, la confusion. Pourquoi avais-je quitté tout cela ? Pourquoi avais-je tout abandonné pour ma carrière ? Pourquoi Gabriel, pourquoi nous ?


— Mia, tu ne m’as jamais répondu, pourquoi tu as décidé de partir comme ça ? Pourquoi ne m’as-tu jamais expliqué ce qui se passait vraiment dans ta tête ?


Je sentis mon cœur se serrer. Il avait encore l’espoir que j’aie une réponse qui puisse tout effacer, tout justifier. Mais la vérité m’échappait. Si je lui disais que je m’étais éloignée parce que j’avais peur d’étouffer, de perdre ma liberté, est-ce qu’il me comprendrait ? Si je lui parlais de mes doutes, des peurs qui me hantaient chaque jour, est-ce que cela suffirait à réparer ce que j’avais brisé ?


Je n’étais pas prête à tout lui dire. Pas ce soir. Pas sous l’effet de l’alcool et de la douleur qui rendait chaque mot plus difficile à prononcer. Je secouai la tête et me levai, m’approchant du sapin. Mes doigts glissèrent sur une boule en verre, un éclat de lumière se reflétant sur la surface. Je fermai les yeux un instant, me sentant submergée par la vague de souvenirs.


— On ne peut pas revenir en arrière, Gabriel, soufflai-je, plus pour moi que pour lui.


C’était trop tard. Et pourtant… et pourtant, il était là, et j’étais là. Noël, cette période où les rêves se réalisent… ou se brisent. L’air de Noël, tout me ramenait à ce que nous avions été avant tout ça. Avant les non-dits, avant les regrets. Avant la rupture.


— Je vais rentrer, Gabriel. Ce n’est pas une bonne idée.


Il soupira, un bruit presque imperceptible, et je savais que lui aussi ressentait la même chose : une présence, une nostalgie, une douleur à revivre ce passé que ni lui, ni moi, n’arrivions à laisser derrière nous.


— D’accord. Mais... merci d'être venue. Même pour ce… petit moment.


Je lui offris un léger sourire, un sourire triste, avant de m’éloigner.


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3 commentaires

Mapetiteplume

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Il y a 8 jours

Je comprend que tu veuilles pas tout dire et que cela peut etre compliqué pour elle mais je trouves que tu aurai pu donner un petit quelques choses a nous mettre sous les dents parce que j'ai eu un peu l'impression tourner en rond sur eux🤔ce n'est que mon avis. Apres c est toi l'auteure

KoalAline

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Il y a 8 jours

Le truc est que Mia sait qu'il attend des réponses. Sauf qu'il est alcoolisé, pê que demain si elle avait parlé il ne se souviendrait pas de tt voire rien. Ce serait con de devoir tt redire plus tard Et c'est une partie du chapitre alors le découpage est compliqué à faire pour les auteurs

Mapetiteplume

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Il y a 8 jours

Oui je comprend c est un vrai casse tête ce découpage 😅😭 Apres elle aurait tres bien oeu profiter de la situation sachant qu'il ne se rappellerait de rien🤭🫣c est toi qui décide au final ☺️
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