Fyctia
1 partie 2
Clap de fin de journée.
plus tôt que prévu.
Je pousse la porte du studio et sors enfin à l’air libre. Le vent froid me revigore, je prends une profonde inspiration et chasse de mon esprit Britney Banks. Ainsi que l’image d’Antoine, son sourire, sa douceur, son corps aussi.
No zob in job, Stella. Enfin si, mais pas de sentiments. No love in job.
Au-dessus de ma tête, les illuminations de Noël scintillent de leurs ampoules multicolores. Paris n’a jamais aussi bien porté son surnom de ville lumière. J’ajuste mon écharpe, et fait un premier pas, lorsqu’une main se pose sur mon épaule.
-Stella, attends.
Antoine. Un sourire gêné sur son visage.
-Ecoute, est-ce-que ça te dirait qu’on…je sais pas…qu’on se boive un verre ensemble.
Sous mon crâne, un tsunami de questions déferle. Boire un verre ? Ça ressemble à un premier rencard, ça. Mais pourquoi ? Enfin, plutôt, pourquoi moi ? Et s’il voulait plus ? Au milieu de ce chaos de pensées, une évidence émerge et me rassure presque.
Au moins, il ne me propose pas ça pour coucher avec moi. C’est déjà fait.
Je sens une chaleur empourprer mes joues. Ce n’est pas de cette façon que j’envisageais la rencontre avec le prince charmant.
Je ne pourrais jamais raconter notre rencontre à nos enfants. Ok, là je débloque.
-Je…il est déjà tard, le couvre-feu commence dans une heure à peine, c’est compliqué, tu sais.
Je suis nulle.
-Ah…je comprends.
Soudain, son regard semble s’illuminer.
-Et si on se faisait ça à distance ? Chacun chez soi, au moins on aura tout le temps de faire connaissance.
Merde, il veut vraiment me connaitre alors.
-Oui…oui d’accord, c’est une bonne idée.
-Parfait, je me dépêche d’aller me faire beau ! On s’appelle d’ici une heure, d’accord ?
Un dernier clin d’œil, et le voilà parti, me laissant pantoise sur le trottoir. Au loin, une musique entrainante me parvient, souvenir d’une enfance où les chants de Noël résonnaient au cœur d’une famille unie. Je prends soudain conscience de l’heure.
Il va se faire beau.
Les clés tournent dans la serrure et j’ouvre la porte de mon appartement. A peine la lumière allumée, que l’état de mon rangement me saute aux yeux. Un bordel sans nom. Comme si ma survie en dépendait, je me jette sur chaque vêtement négligemment jeté, sur chaque boite de gâteaux en attente d’être dévoré, sur mon plaid en peau de mouton.
Manque plus que les chaussettes de Noël et j’ai tout l’attirail de la vieille fille.
Sur le dossier d’un fauteuil, les fameuses chaussettes me rient au nez. Je les balance dans la chambre pour les faire taire et me dépêche de m’habiller. Un coup d’œil à ma montre : dix minutes pour me trouver une tenue. J’opte pour un jean serré et un haut fin, cachant avec une transparence suggérée un débardeur noir. Classe, sobre, sans trop d’effusions.
Je me jette sur mon canapé, opère une dernière vérification, lorsque la sonnerie d’un appel par caméra me fait sursauter.
A l’heure pile.
J’accepte l’appel. Le visage souriant d’Antoine apparait, surmonté d’un bonnet rouge au pompon blanc.
-Entre lutins, on va pouvoir discuter.
Je souris.
-Il te va très bien, mieux qu’à moi je trouve.
-Je ne suis pas d’accord.
Derrière l’écran, je crois percevoir ses joues se teinter d’un léger rose.
-Attends, je nous mets dans l’ambiance, enchaine-t-il, brisant le silence gêné.
Dans les haut-parleurs, les grelots résonnent, avant les premières notes d’une chanson bien connue.
Très romantique.
-Tu aimes ?
-Oui, beaucoup.
-Alors, parle-moi de toi Stella, j’ai envie de tout savoir sur toi. Qui tu es, d’où tu viens, ce que tu aimes. Surtout ce que tu aimes.
L’ambiance me réchauffe le cœur, sa voix me rassure, je me sens à l’aise avec cet homme. Ce qui me fait immédiatement peur, paradoxalement.
-Je…
Alors que les premiers mots sortent de ma bouche, et avec eux l’envie de me livrer à ce presque-inconnu, trois coups résonnent. Antoine tourne la tête vers sa porte d’entrée, visiblement surpris de cette visite.
Sa bouche s'ouvre, mais reste muette lorsque plusieurs hurlements hystériques emplissent les enceintes.
-Tonio, tu es où mon chou ?
Je vois des cheveux blonds, d’autres bruns, s’approcher. De longues jambes.
Connard.
Je coupe l’appel et bascule immédiatement mon téléphone en mode avion. Des larmes naissent au coin de mes yeux.
Encore. Je suis conne.
Je me l’étais pourtant jurée, plus jamais je ne me ferai avoir. Les sentiments ne sont que souffrance et déception, le prince charmant une chimère. L'arnaque du siècle bordel !
La colère prend le dessus, je fonce dans ma chambre et enfile pyjama, plaid et mes fidèles chaussettes. Envolé le sex-appeal, dans ce cocon, je me sens bien.
Protégée, à ma place.
Avant de me laisser tomber dans les bras de Morphée, je pense à ma mère. Au regard bienveillant qu’elle porte sur mes sœurs depuis leur mariage, depuis leurs enfants. Le vilain petit canard n’est pas prêt de sortir de son œuf.
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Lyaminh
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Il y a 4 ans
Simon Saint Vao
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Il y a 4 ans
Opium-Abyssale
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Il y a 4 ans
Fanfan Dekdes
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La Plume d'Ellen
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Il y a 4 ans
kleo
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Béthanie.Fala
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rolandre
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Béthanie.Fala
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Birdie
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Il y a 4 ans