Fyctia
Premier baiser
— Pourquoi si vite ? Elle n’a pas fait le taf pour lequel elle est venue alors je crois que ce serait mieux qu’elle reste encore un peu. Tu n’es pas d’accord avec moi Lucie ?
— Euh… je ne sais pas trop. J’ai une migraine carabinée alors ne me demande pas réfléchir. Je te donnerai ma réponse après avoir avalé des cachets et pris une douche.
— OK, comme tu veux.
L’infirmière se présente avec deux tubes d’antidouleur et fait la distribution. Son air soupçonneux ne m’échappe pas. Mylène me connaît bien et nos têtes ne ressemblent pas du tout à celles de rescapés de la jungle.
— Vous avez fait quoi là-haut ? Non, ne dites rien. Julien, Mathieu vos tronches je les connais bien. Quand vous rentrez d’une soirée de picole chez Firmin, vous avez exactement le même air benêt et le même regard vitreux. Alors ?
— Alors, rien. Tu ne sauras rien Mylène.
— Vous avez trouvé le bar des ouvriers du barrage et vous vous êtes pochardés jusqu’à plus soif. Il ne faut pas me la faire à moi !
— Tu nous les files ces cachetons ou on va devoir aller à la pharmacie en rampant ? m’énervé-je en tendant la main.
— Pfff… Elle est belle la jeunesse. Nous ici on se faisait un sang d’encre pendant que vous…
— Assez ! hurle Mathieu en empoignant les tubes.
Mylène fait demi-tour et s’enfuit, droite comme un i. Elle est vexée.
— Vous croyez qu’elle a tout compris ? demande Lucie. Ses deux coudes appuyés sur la table, elle tient sa tête qui semble peser une tonne.
— Tu étais où quand elle a parlé du bar ? Oui elle sait tout.
— Oh !
Mathieu fait la distribution tandis que Mélissa remplit quatre tasses de café bien noir et bien fort que chacun s’empresse d’engloutir jusqu’à la dernière goutte. Personne n’est tenté par la nourriture. Tout à coup, Lucie s’exclame :
— Mes parents ! Il faut que j’appelle mes parents, ils doivent être morts d’inquiétude. Comment j’ai fait pour ne pas penser à eux dans la forêt ?
Mélissa se lève et l’invite à la suivre.
— Tu as un téléphone dans la chambre qui t’a été attribuée. Viens avec moi, on va la trouver.
°°°
Lucie
Trente minutes plus tard, assise sur mon lit, je suis toujours au téléphone. Ma mère ne pleure plus. Elle a beaucoup pleuré, posé beaucoup de questions alors que mon père, près d’elle gardait le silence et se contentait d’écouter. J’ai entendu mon frère hurler qu’il était content de m’entendre.
— Tu rentres quand ?
— Maman, je viens seulement d’arriver et la première chose que j’ai faite est de vous téléphoner. Je ne suis pas encore douchée. Je vais très bien et mon billet d’avion n’est plus valable. Je vais contacter Paris pour qu’il m’en fournisse un autre. Je vous tiens au courant. A bientôt tous les trois. Je vous embrasse.
Je repose enfin le combiné. Mon oreille est rouge et chaude et j’ai une crampe à la main. Je masse mes doigts en me dirigeant vers la salle de bain. J’avise ma valise posée sur une chaise et cherche une tenue propre.
Alors que je ferme le robinet de la douche, quelqu’un frappe à la porte. Je m’enroule dans un drap de bain et vais ouvrir. Julien se tient devant moi. Ses yeux descendent vers mes épaules nues et humides puis ma poitrine. Je resserre mes mains sur le tissu éponge. Il s’éclaircit la voix avant de parler.
— Le Directeur a contacté Paris qui te félicite pour ton retour parmi nous. Tu as trois jours supplémentaires pour boucler la mission.
— C’est parfait.
Il s’apprête à partir mais se ravise.
— Ah j’oubliais. Tu recevras un nouveau billet par mail d’ici deux jours.
— C’est parfait.
— Tes parents… tu as eu tes parents ? Ils sont soulagés ?
— Oui. Ma mère a beaucoup pleuré, mon père est resté silencieux et mon frère a hurlé. J’ai une famille un peu… bizarre mais adorable. Tu as prévenu ta famille aussi ?
— Oui. Ils étaient déjà au courant par les collègues mais ils étaient contents d’entendre ma voix. J’irai les voir demain. Bon, je te laisse t’habiller sinon je… A plus Lucie !
— C’est parfait.
Je referme la porte et m’adosse contre le battant. Pourquoi je n’ai pas arrêté de répéter « c’est parfait » ? Un véritable perroquet ! Devant lui, je n’ai plus aucune conversation sensée. Il faut dire que, quand j’ai ouvert la porte j’ai été éblouie par son allure élégante et simple à la fois. Sa chemise blanche à manches courtes contrastait avec sa peau basanée et le pantalon beige à plis dont le tissu moulait légèrement ses cuisses que je devinais musclées.
Avait-il fait exprès de ne pas fermer sa chemise ? Les deux derniers boutons étaient ouverts et mes yeux étaient à la bonne hauteur pour visionner le léger duvet noir qui apparaissait sur sa poitrine découverte. Devant une telle vision, je ne pouvais que répéter « c’est parfait » puisque mes neurones étaient occupés à mater ses pectoraux et le reste.
°°°
Lucie
Le deuxième jour de travail se termine et nous rangeons tout le matériel dans le Land Rover. Julien est morose aujourd’hui, il ne parle pas beaucoup.
— Tu as un problème ?
— De quoi tu parles ?
— Tu te comportes bizarrement depuis ce matin. Tu ne me parles que du bout des lèvres quand tu y es obligé alors j’aimerais bien comprendre ce que je t’ai fait.
— Rien, tu n’as rien fait. Ou plutôt si, tu es toi.
— Quoi, moi ?
— Lucie, tu ne vois rien ? Tu ne vois pas que je… que j’en crève de ne pas te dire ce que je ressens pour toi.
— Julien, non. Je repars demain et…
— Tais-toi, tu ne peux pas repartir et me laisser dans cet état !
Julien me saisit par les épaules. Sa colère augmente et je prends peur.
— Arrête, tu me fais mal !
— Excuse-moi, dit-il en me relâchant.
— Julien, rien n’est possible entre nous. Dans deux jours, nous serons séparés par plus de neuf-mille kilomètres. J’ai ma vie à Paris et la tienne est ici. Tu comprends ?
Je m’apprête à monter dans le véhicule mais Julien saisit mon bras et m’oblige à lui faire face. Je vois son visage approcher du mien, ses lèvres dangereuses et tentatrices se posent sur ma bouche.
J’oublie tout.
Le baiser que nous échangeons est indescriptible. Je n’ai jamais été embrassée de la sorte et jamais je n’ai répondu de façon aussi passionnée. Tous mes membres me font défaut, je ne suis qu’une poupée de chiffons dans les bras de Julien.
J’ouvre enfin les yeux. Le regard océan de Julien me scrute. Avide. Inquiet.
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Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Dahlia Blake
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Il y a 4 ans
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 4 ans
Sissy Batzy
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Gaïane MILLER
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Mary Cerize
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Gaïane MILLER
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Gaïane MILLER
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