solenesbooks NIGHTBREAKER 01. VALIA - Part 2.

01. VALIA - Part 2.

Arrivée à la gare de Shibuya, je scrute les pancartes suspendues au plafond à la recherche de ma ligne. La gare est bondée, si bien que je suis incapable de garder la tête en l’air pour lire les panneaux. C’est comme si toute la ville s’était donné rendez-vous. Je finis par me précipiter à un guichet, non sans bousculer la foule de passants qui s’agite dans tous les sens. Heureusement, le contrôleur parle anglais et je n’ai donc aucun mal à retirer mon billet. D’après ses dires, je suis censée prendre la ligne Yamanote direction Ueno. Je tire ma valise à travers un nombre infini de couloirs jusqu’à atteindre le quai indiqué.


A l’extérieur, je m’assois sur l’une des nombreuses chaises en plastique usé tandis que l’air frais japonais me caresse le visage. J’espère que le train sera à l’heure parce que je commence déjà à me transformer en glaçon. Pour ne rien arranger, le ciel noir m’indique que la pluie ne va pas tarder à s’intensifier. J’aurais dû prendre le métro. Le froid me provoque une envie irrépressible de sortir une cigarette de ma poche, mais je me retiens. Hors de question de fumer lorsque Sukie est dans les parages, je me réchaufferai autrement.


D’ailleurs, l’impatience de mon hermine se fait sentir sous ma veste, mais je l’ignore. Si je réponds à ses caprices, elle n’en fera encore une fois qu’à sa tête et je n’ai pas envie de la retrouver étalée en crêpe sur les rails. Elle sait que je craque toujours pour sa bouille blanche toute mignonne, ses longues moustaches grises et ses oreilles rondes, et elle en joue. Il ne faut surtout pas se laisser avoir par sa mine innocente.


Soudain, un homme en uniforme accourt vers moi depuis l’autre bout du quai en faisant de grands gestes. Je lui fais signe que je ne comprends pas un mot de ce qu’il me raconte, alors il désigne mon skate du doigt.


Je me doute bien qu’il est interdit d’utiliser son skateboard dans la gare. De ce côté-là, le contrôleur n’a rien à craindre puisque je ne sais absolument pas m’en servir. J’ai essayé de monter sur la planche, hier, devant l’aéroport. Résultat, j’ai un bleu au coccyx et ma chute a fait le tour des réseaux.




Enfin, les wagons blancs font leur apparition sous les spots lumineux du quai. Je m’apprête à grimper à l’intérieur, lorsqu’une voix retentit à travers les haut-parleurs. Les écrans d’affichage laissent place à un message japonais et tout le monde se fige. J’attends la traduction afin de comprendre ce qu’il se passe.

« Avis à tous les citoyens et voyageurs. Ceci est un message d’alerte générale. Le criminel du nom de Nightbreaker s’est échappé de prison et se trouve actuellement à Tokyo. Les autorités ont pris les choses en main. Nous vous prions de faire attention et de ne pas vous affoler en attendant les consignes de sécurité. Par conséquent, tous les trains seront arrêtés après vingt-trois heures. »

Un brouhaha s’élève au-dessus des quais. Quelques secondes plus tard, des centaines de personnes se mettent à courir vers la sortie en poussant des cris terrifiés. Heureusement que la règle est « de ne pas s’affoler ».


Je n’ai jamais entendu parler de ce Nightbreaker. Est-ce un voleur ? Un tueur en série ? Sérieusement, il était obligé de s’échapper aujourd’hui ? Il ne pouvait pas choisir un autre moment ? Ma journée a déjà été plus que catastrophique, je n’ai pas besoin d’un abruti menotté il y a deux heures encore pour en rajouter une couche.


« Nous vous rappelons le portrait du tueur. Âge : 20 ans. Couleur de cheveux : noir. Couleur des yeux : violet. Taille : un mètre quatre vingt dix. Autres caractéristiques : entaille sur la joue gauche. Il est susceptible de porter sweat-shirt de couleur grise. Si vous l'apercevez, appelez immédiatement le numéro 110. »


Ce Nightbreaker est donc un assassin aux yeux violets. Bien sûr, des yeux violets, c’est tellement logique. Non, plus sérieusement, les japonais devraient arrêter la drogue et fumer un peu de bon sens à la place, parce que là, ça craint.


Je jette un dernier coup d'œil aux personnes affolées qui s’élancent vers la sortie, puis je décide de ne plus y penser et de monter dans le train. La peur traverse les visages des passagers. Quant à moi, je suis trop fatiguée pour m’inquiéter ce soir, si je dois céder à l’angoisse, ce sera demain.


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7 commentaires

Lilas Sól

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Il y a un an

Je trouve que c’est une façon originale de décrire physiquement l’un de tes personnages !! Ça change de d’habitude

Lilas Sól

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Il y a un an

J’aime déjà la personnalité de Valia. Elle me semble être très drôle et ironique. J’aime ça 🤩

enfant_des_nuages

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Il y a un an

Des yeux violets- ???

Rachelle E. Brigid

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Il y a un an

Des yeux violets !!
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