Fyctia
Chapitre 9.2
Je me dirige donc sur la gauche puis commence à marcher. Maintenant, il ne me reste plus qu’à m'avancer et suivre la bâtisse des yeux lorsque je la verrai. Depuis que j’ai remarqué le manque de bruit naturel ici, j’ai l’impression que ce monde est mort. C’est difficile à expliquer comme sensation, mais je trouve ce monde beaucoup plus menaçant maintenant.
Après avoir fait quelques mètres, je la vois au loin, de l’autre côté de la route. Devant le bâtiment, il y a un immense jardin, comparable à ceux des châteaux dans mon monde.
Je commence à marcher, posant mon pied sur la route qui se trouve devant moi. Elle me semble grande, comme une autoroute. Pourtant, elle est en terre, comme un sentier de randonnée. Ça n’a aucun sens.
— C’est un détail. Arrête de voir les problèmes partout.
Je commence donc à traverser la route tout en vérifiant que tout est OK. Je suis à mi-chemin de la traversée lorsque je sens que l’on me pousse violemment sur le sol. Je me retrouve à genoux, le regard fixé devant moi. Je n’ose pas me retourner.
Je ferme les yeux, les rouvrent et soudainement, je me rends compte que je ne suis plus au Niferna. Je sens que quelqu’un continue de me tirer par la main.
— Mais bouge-toi Néhlyia ! On est au milieu de la route !
Je regarde autour de moi afin de voir de qui il s’agit et aussi pour voir si effectivement je suis sur la route. J'ai à peine le temps d’agir, car j’entends un long et bruyant klaxon. Mon corps semble réagir plus vite que mon esprit. Je ramène mes jambes près de ma poitrine puis me lève aussi vite que possible pour me précipiter vers le trottoir le plus proche. Celui qui se trouve devant moi. De nouveau, mon corps semble me lâcher, car je m’étale de tout mon long sur le bitume du trottoir. Je me mets en position fœtale et arrête totalement de bouger.
Mon cerveau, lui, tente de comprendre comment nous avons pu nous déplacer alors que je semblais rêver.
Athéna se tient à côté de moi, le souffle court, le visage apeuré. Elle a toujours mon bras dans sa main, sa tête près de la mienne.
— Vous avez décidé de me faire crever de trouille ou quoi ?
Je me ressaisis, m’assieds sur les fesses, puis ramène mes genoux contre moi. Je regarde autour de moi pour être sûre de ne pas gêner la circulation. Je mets ma tête dans les mains, Athéna, elle se place accroupie devant moi, posant ses mains sur mes genoux.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que tu vas bien ?
Je souffle longuement avant de reprendre mon souffle. Je me redresse un peu puis la regarde dans les yeux.
— Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Athéna, crois-moi, ce n’était pas volontaire.
Elle serre un peu plus mes genoux tandis que je baisse le regard.
— Hé ! Je me doute bien que tu n’as pas volontairement essayé de te jeter sur la route.
Cette fois-ci, je ne sais pas pourquoi, mais cette fois-ci, s’en ai trop et je craque. Des petites larmes se forment aux coins de mes yeux et bientôt remplacer par un torrent de larmes salées. Rapidement, je ne réussis plus à me contrôler.
— Vas y pleure un bon coup. Tu as eu peur, c’est normal comme réaction.
Elle pose sa main sur mes épaules en signe de réconfort, mais je ne peux pas dire que ce soit bien concluant. Je me sens presque coupable du cinéma que je suis en train de faire. Elle est dans une situation compliquée depuis sa rupture avec Lily, elle n’a pas besoin que j’en rajoute une couche.
J’essuie presque rageusement mes larmes puis je me rends compte que je n’ai plus mes lunettes. Je commence à tâter le sol autour de moi malgré le fait que mon problème de vue soit de la myopie, donc, je ne vois pas bien de loin. Cependant, mon geste semble alerter mon amie qui me tend la main avec à l’intérieur mes lunettes. Je constate qu’un des verres est cassé.
— Oh non ! Heureusement que j’ai une paire de rechanges à la maison.
— Tu m’étonnes !
Un éclair parvient dans mon esprit qui commence à se réveiller de nouveau.
— Mais, tu n’es pas censé être au travail ?
Un silence hésitant se fait entendre puis elle se racle la gorge.
— En fait non. J’avais plutôt prévu de passer un moment seule au parc. Je ne travaille pas aujourd’hui. Je ne voulais pas te mentir, mais je ne voulais pas que tu t’inquiètes.
Je me relève enfin du sol. Ça fait assez longtemps que je suis repliée sur moi-même et pour être honnête, malgré la confusion, je me sens un peu mieux. Je tends la main à mon amie pour qu’elle fasse de même.
— Tu sais, que je m’inquiète ou non, tu es une adulte. Tu fais ce que tu veux, mais s’il te plaît, ne me mens plus.
— Je te le promets, et maintenant rentrons à la maison, ensemble.
Nous avons fait quelques mètres lorsque j’aperçois le fameux arrêt de bus dans lequel je m’étais reposé il y a ce qu’il me semble être quelques minutes. Cependant, je ne comprends toujours pas comment je me suis retrouvée d’ici à là-bas.
— Je ne me suis pas endormi, j’ai seulement fermé les yeux. Et je me suis déplacé, j’ai marché, mais j’avais l’impression d’être dans le Niferna. J’ai… j’ai l’impression de devenir complètement dingue Athéna.
Elle se rapproche de moi, m’arrête dans ma marche avant de se mettre devant moi.
— Tu n’es pas folle et même si je suis incapable d’expliquer ce qu’il vient de se passer, le principal c’est que tout va bien.
Je continue de faire quelques pas, tentant de me concentrer sur les paroles de mon amie plutôt que sur ce qui vient de se passer. Nous marchons encore quelques minutes avant d’arriver devant notre porte d’entrée.
Athéna prend ses clés dans la poche de sa veste puis ouvre la porte. Elle se tourne un instant vers moi et rajuste sa mèche qui lui cache un peu l’œil.
— C’est vrai que pour le moment c’est un peu le bazar et je ne comprends absolument pas ce qu’il se passe. Mais crois-moi, ça va s’arranger.
J’entre dans le vestibule, puis elle referme la porte derrière moi. Je me penche pour retirer mes chaussures et fais tomber mes lunettes sur le sol. Décidément, ce n’est pas une très bonne journée pour elles. Je les récupère et décide de les garder en main. Je connais assez les coins et recoins de mon duplex pour pouvoir aller chercher mon autre paire sans y voir correctement.
Je commence donc à partir vers l’escalier même si actuellement mon monde n’est que coton. Je monte la première marche et entends Athéna m’interpeller.
— Néhlyia ! Déjà, avant de commencer à comprendre quoi que ce soit, je pense qu’il te faut du sommeil. Et si tu ne réussis toujours pas à dormir, il faut que tu prennes rendez-vous avec ton médecin. N’est-ce pas ?
J’acquiesce et continue mon chemin, elle a raison, il faut que je prenne rendez-vous, ça devient urgent.
__
16 commentaires
iris monroe
-
Il y a 3 ans
Atheen Crédule
-
Il y a 3 ans
Kiria Parker
-
Il y a 3 ans
Pierrot
-
Il y a 3 ans
petitemr
-
Il y a 3 ans
NevaPlume
-
Il y a 3 ans
LilieBee
-
Il y a 3 ans
Mira Perry
-
Il y a 3 ans
Amphitrite
-
Il y a 3 ans
Zoe Noa
-
Il y a 3 ans