Inès Heck Nephilim Ne pas céder / 2

Ne pas céder / 2

Agacée, je fis demi-tour pour regagner ma chambre et verrouillai la porte une fois à l'intérieur. Valait mieux éviter de lui donner l’occasion de me rejoindre en pleine nuit.

Je m'installai à même la moquette et plaçai mes jambes dans la position du lotus. En plus des flammes, je pouvais donc bel et bien déplacer une personne à plusieurs mètres. La peur semblait être l'élément déclencheur. Si Alec souhaitait mon aide lors de la venue de Briec, je devais faire en sorte de mieux le contrôler.

La pièce était seulement éclairée par une petite lampe de chevet, donnant une ambiance tamisée et reposante pour les yeux. J'inspirai et expirai plusieurs fois avant d’observer ma cape couverte de brindilles posée face à moi. Si je pouvais déplacer un homme de soixante-dix kilos au moins, soulever ce vêtement léger devait être faisable.

Je me concentrai et plissai les yeux, essayant d'activer une sorte de manivelle dans mon cerveau pour réussir à utiliser ce pouvoir. Je n'avais jamais tenté de maîtriser ce genre de compétence, alors la démarche me semblait complètement floue. Fallait-il observer l'objet ? Crier ? Utiliser mon cerveau ou bien mes mains ?

Après plusieurs minutes sans que la cape ne bouge, je relâchai la pression que je m'infligeai et poussai un long soupir.

Enervée, je balançai ma main dans le vide et vis soudainement la cape se soulever et partir à l'autre bout de la chambre avant de retomber au sol, effectuant le même geste que je venais de réaliser manuellement. Je cessai tout mouvement, figée. C’était la première fois que j’observai mon pouvoir en action.

Et c'était électrifiant. Une bouffée de confiance gonfla en moi et me donna la ridicule impression d’être invincible. Je me relevai alors vivement et effectuai un pas de danse, victorieuse. Je n'étais pas humaine ! La Ellyn faible n'existait plus ! La joie prit le dessus sur la peur de l'inconnu, maintenant que je me savais capable de me défendre contre des créatures supérieures.

Je passai donc la moitié de la nuit à mouvoir différents objets, en commençant par des vêtements pour finir par la lampe de chevet. Mes mains et ma concentration étaient la clé pour réussir. Déterminée, je m’arrêtai néanmoins lorsque la fatigue se fit trop grande et m'étalai sur le lit pour sombrer dans un sommeil profond.

Je ne sus dire si mon état comateux avant de m'endormir m’aida ou non, mais je ne fis pas de cauchemar cette nuit-là. Cette voix terrifiante ne me hanta pas durant mon sommeil et me permis donc de me sentir en pleine forme au réveil.

Fraîchement douchée et les cheveux encore mouillés, j'enfilai une des tenues propres que contenait l’armoire. Un top à bretelle gris et une sorte de pantalon de sport noir, beaucoup trop moulant à mon goût. D’ailleurs, s’agissait-il d’anciennes affaires appartenant à de vieilles maîtresses ? Ou était-ce simplement Alec qui avait généreusement pris le temps de m’acheter des habits ? Aucune idée. En plus de m’interroger là-dessus, je me mis dans un coin de la tête de demander aux domestiques où se trouvait la salle pour laver mes propres vêtements puisque ma cape commençait à sentir le rat mort.

— Tu devrais mettre ce genre de tenue plus souvent, affirma une voix derrière moi.

Surprise, je me retournai vivement et amenai une main devant moi pour utiliser mon pouvoir récemment acquis. Je plaquai promptement Alec contre le mur et le soulevai ensuite de quelques centimètres avec une facilité affligeante, sans même bouger de ma place.

— Arrête de me surprendre à chaque fois ! Comment as-tu fait ? La porte était verrouillée, dis-je en le reposant lentement.

— Un professionnel ne dévoile jamais ses secrets, minauda-t-il en m’adressant un clin d’oeil. Tu gères mieux ton pouvoir, bien, bien ! se réjouit-t-il. Tu t'es entraînée ?

Je hochai la tête en l'observant de bas en haut. Lui aussi avait les cheveux mouillés et portait uniquement un jean bleu sombre qui descendait honteusement sur ses fines hanches. Quelques gouttes de sa récente douche glissaient sur ses épaules dénudées, me permettant d’admirer la perfection de son torse.

J'étais damnée.

— Je me suis dit que ça pourrait être utile, ajoutai-je après m'être raclée la gorge

— Je voulais juste m'assurer que je n'allais pas trop te manquer. Je vais m'absenter aujourd'hui pour accueillir quelques personnes, me répondit-il tout sourire.

— Je survivrai.

Rapidement, je me faufilai derrière lui et pris la direction de la cuisine, là où mon petit-déjeuner m'attendait sûrement.

— Le banquet a lieu demain soir ! s'écria-t-il alors que je descendais les escaliers.

Une fois mon déjeuner royal terminé, composé des meilleures sucreries au monde, je demandai à une domestique si ce domaine contenait une bibliothèque. Celle-ci m'affirma que oui, au deuxième étage. Je la remerciai et m'y rendis. Je croisai et saluai plusieurs serviteurs et gardes sur mon passage, puis atteignis cette fameuse salle.

La porte y menant se trouvait pile face à l'escalier. Lentement, je l’ouvris et découvris alors une pièce encore plus grande que le salon. Le plafond, orné de verrières, faisait tout le charme de la pièce et lui donnait une grandeur vertigineuse. Plusieurs étagères remplies de livres encerclaient la salle tandis que quelques fauteuils en cuir noir trônaient en son centre. Un piano à queue sur la droite complétait l'ambiance unique de ce lieu.

J'y pénétrai et posai ma main sur chaque objet devant lequel je passai, remarquant qu'aucune poussière n'avait sa place ici. La pièce était incroyablement bien entretenue. Je commençai alors à chercher parmi les œuvres, espérant trouver ce dont j'avais besoin : un livre sur le sujet des démons et des nephilims. Je ne mis que peu de temps à le trouver, sa couverture détonnant parmi les autres.

Alors que j'ouvrais la première page pour le feuilleter rapidement avant de l'embarquer dans ma chambre, deux mains se posèrent sur mes hanches et me soulevèrent pour me balancer à l'autre bout de la pièce.

Ma tête cogna violemment contre le mur et ma vue se troubla. Une douleur lancinante s'installa derrière mes yeux et une plainte sortit de ma bouche lorsque je tentai de me relever.

Je n'eus pas le temps de me mettre totalement debout que mon agresseur m'attrapa par le cou et me souleva sur plusieurs centimètres. Je pus apercevoir son visage, mais ne le reconnus pas. Il avait la peau sombre et un regard noir comme le néant de l’univers, hanté par une haine viscérale. Je remarquai néanmoins sa tenue de garde. Il travaillait pour Alec.

— Quel dommage... Tuer une si jolie fille, cracha-t-il.

Je suffoquai. Mes poumons et mon cerveau manquaient d’air.

Sa poigne se resserra un peu plus et m’empêcha totalement de respirer. Je me sentis faiblir. Ma vue se troubla de nouveau. Prête à lâcher prise, son sourire victorieux me fit alors perdre le contrôle.


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9 commentaires

Camille Jobert

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Il y a 3 ans

Coucouche panier le garde sinon tu risques d'être propulsé contre le mur d'en face !

Alicia.G

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Il y a 3 ans

Quel suspens ! C’est trop cruel de finir sur ça 😆

Inès Heck

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Il y a 3 ans

Mon côté sadique haha

Momjaa

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Il y a 3 ans

Ah non non non ça ne peut pas finir comme ça. Bas les pattes !

Inès Heck

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Il y a 3 ans

🫢🫢🫢
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