LolaB Ne plus jamais te dire au revoir Egoiste

Egoiste

ETHAN


Elle reparaît une heure plus tard, toute pomponnée. J'ai eu le temps de réfléchir. Laïa a un grand cœur et beaucoup de bonté. Elle a trouvé de belles choses en moi, des choses dont je n'ai moi-même jamais eu connaissance. Elle n'a pas peur de me mettre les points sur les i. Elle ne m'a pas laissé tomber. Et elle m'ouvre encore son cœur.

A présent, je suis prêt à faire de même.

Dès qu'elle apparaît je me lève d'un bond.

- Je te demande pardon, je dis.

Elle écarte les bras et vient se lover contre mon torse.

- Arrête de me demander pardon.

Elle se détache de moi et parcourt la pièce pour rassembler quelques affaires qu'elle fourre dans son sac à main.

- Tu fais quoi aujourd'hui ?

- Ce soir …

Elle s'arrête et se redresse lentement pour me regarder.

- Ce soir je retrouve l'homme que j'aime au Santiago Fe. J'irai vers vingt et une heure.

Mes muscles se raidissent d'un coup et je cache mes mains derrière mon dos pour ne pas lui montrer que je les serre violemment.

Tout ce qu'il vient de se passer entre nous ces derniers jours … n'était-ce qu'un vaste quiproquo ?

Je secoue la tête comme pour me remettre les idées en place et me souvenir que non, finalement, rien ne s'est passé et tout n'est que le fruit de mon imagination.

Mais pourtant ce n'est pas le cas.

Je serre la mâchoire et lui souris vaguement.

- Je dois … je dois y aller, dis-je.

Elle hausse un sourcil et ouvre la bouche mais je l'empêche de dire quoique ce soit. Inutile qu'elle sache que je me suis mépris durant tout ce temps sur la nature de notre relation.

Inutile qu'elle sache que je l'aime à en crever.

Et que ce soir, je vais sûrement redevenir un gros con possessif et gâcher la soirée et la vie de ce type.

Je sors de sa chambre en trombe en cachant mon amour-propre blessé et descends les escaliers à toute blinde, le cerveau en feu. Je n'ai rien compris. Alors toutes ces allusions à l'homme de sa vie … elle ne parlait pas de moi.

Soudain j'ai envie d'arrêter le premier passant venu et de lui faire passer le plus mauvais quart d'heure de sa vie. Mais à quoi ça m'avancerait ? Elle ne veut pas de moi.

Pas comme ça, en tous cas.

Je l'ai repoussée et maintenant c'est un autre qui aura le droit de poser ses mains sur elles. Cette simple idée me rend dingue.

Je franchis les portes de l'hôtel lorsque je heurte quelqu'un. L'homme se retourne brusquement et je fais de même quand je reconnais Valentin.

- Salut, je bougonne.

- Salut. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je savoure le fait que je viens de me prendre le plus gros râteau de ma vie.

Il fait un pas ultra menaçant vers moi et un sourire sardonique étire mes lèvres.

- Qu'est-ce que tu lui as fais ? gronde t-il.

Je lève les mains devant moi en signe de reddition.

- Rien, calme toi Superman.

- T'as essayé de coucher avec elle ?

Cette simple allusion suffit à déclencher en moi une colère insoutenable, mais je ne le montre pas.

- J'aurai jamais essayé de la forcer à quoique ce soit, Valentin, alors redescend un peu. Je lui ai demandé ce qu'elle faisait de sa journée et elle m'a répondu que ce soir elle allait retrouver l'homme de sa vie au Santiago Fe. Voilà, t'es content ? Elle en aime un autre.Contre toute attente, il éclate de rire et toute la tension contenue dans son corps s'apaise d'un coup.

- T'auras qu'à venir, dit-il, et tu verras qui c'est ce mec.

Il est sérieux, là ? Il se fout de la gueule de qui ?

- T'as pas peur que je fasse un scandale et que je lui explose sa sale gueule ?

- Non.

Il a l'air tellement sûr de lui que j'en suis un peu déstabilisé. Sauf que je ne le montre pas.

Il s'apprête à faire demi tour mais s'arrête et me regarde une nouvelle fois.

- Elle tient beaucoup plus à toi que tu ne le penses, dit-il, et tu t'en rendras compte. Tu sais Laïa s'en ai voulu pendant quatre longues années car elle savait qu'elle avait prit une mauvaise décision concernant Zac. Tu connais ce sentiment, non ?

Je ne lui rétorque rien puisqu'il a raison, mais je préférerai m'arracher la langue plutôt que de le lui dire. Il tourne les talons, entre dans le hall de l'hôtel et disparaît dans les escaliers.

Je soupire et traverse le parking, ne me souvenant plus où j'ai garé ma voiture la veille. Mais il est hors de question que je pose la question à Laïa. Après tout elle n'a qu'à rester avec l'homme de sa vie. Soudain, une voiture noire déboule dans le parking et manque de me renverser. Je l'ai échappé de justesse. Elle continue quelques mètres puis pile, et la portière côté conducteur s'ouvre. Un sourire narquois se dessine sur mes lèvres. Ce type tombe bien, j'ai envie de passer mes nerfs sur quelqu'un. Je m'avance d'un pas lourd, les poings serrés, mais je me stoppe net en voyant le frère de Laïa sortir de la voiture et se diriger vers moi. Décidément …

- Hé toi ! m'apostrophe t-il. Tu peux pas faire attention ?!

- Non, je rétorque, je peux pas faire attention quand tu déboules dans ce putain de parking en roulant à cinquante kilomètres heure !

Il se passe une main sur le visage. La tension qui émane de son corps est encore plus palpable que la mienne. Ce mec me déteste vraiment.

- Où est ma sœur ?

- Pas là, regarde autour de toi. Je suis seul. Dans tous les sens du terme, je précise en me renfrognant. Tous les muscles de son visage se figent en même temps que son regard. Ouh là, il a l'air vraiment en rogne après moi. Il fait un pas audacieux dans ma direction, entrant dans ce que j'appelle mon espace vital. Il y a quelques mois en arrière, je ne l'aurais même pas laisser lever le pied. Mais là c'est différent. C'est son frère. Et même si elle en aime un autre, je ne veux pas qu'elle me déteste.

- Comment peux-tu dire une chose pareille ? demande t-il. Tu n'es pas seul ! Tu l'as jamais été. Laïa s'est toujours inquiétée pour toi. D'ailleurs ça a été la même rengaine depuis le jour où elle t'as rencontré ! Ma sœur s'est toujours préoccupée de toi, seulement la plupart du temps, c'est le genre de chose que les gens ne découvrent jamais.

Je continue de le défier du regard tout en demandant à mes muscles de ne pas bouger. La dernière chose dont j'ai besoin en ce moment c'est de me laisser emporter par mon impulsivité avec ce type.

- Tu sais ce que je pense, moi ? Je pense que t'es qu'un égoïste. Tu l'as toujours été. Le soir où tu nous as aidé, mes frères et moi, j'ai cru comprendre ce que ma sœur te trouvait. Et puis tu es partis, et ce truc m'a échappé. Mais à ses yeux tu as ce que les autres n'ont jamais eu.

Son regard navigue brièvement de la pointe de mes baskets à ma tête, puis il me dit sur un ton méprisant :

- Mais moi je ne vois pas ce que c'est.

Il fait demi tour et remonte dans sa voiture. Je le regarde s'éloigner sans bouger un orteil, tentant de me calmer.

Moi, égoïste ?! Bordel mais je suis partis pour la protéger ! Je suis partis pour qu'elle ait une vie meilleure ! Mais je ne me suis pas battu pour elle.

Et si au final, je les avais tous conforté dans ce qu'ils pensaient de moi ?

Tu as aimé ce chapitre ?

2

3

3 commentaires

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.