LolaB Ne plus jamais te dire au revoir Jalousies

Jalousies

- Euh c'est que ...

Je le regarde fixement, tentant de paraître impassible, mais je me sens virer cramoisie après ses aveux sous-entendus.

Il s'apprête à parler mais je l'interromps en levant une main.

- Laisse tomber, je sais. Vous les mecs, vous avez des besoins. Je suis contente que là où tu étais, tu as réussis à les assouvir. Maintenant excuse moi mais je dois aller aux toilettes.

Je me lève, évite sa main qui se tend vers moi et sors du salon en essayant de rester droite et digne. Mais dès que je franchis la porte d'un cabinet de toilettes, ma respiration s'accélère, se bouscule dans ma gorge et je sens les larmes monter à une vitesse fulgurante. Je tourne le verrou et m’assois sur la cuvette fermée. La tête entre les mains, je tente de reprendre une respiration normale. Pourquoi mes sentiments sont-ils si violents après tant d'années ? Je me sens comme s'il m'avait trompé. Comme s'il m'avait trahie. Et pourtant je n'ai pas imaginé une seule seconde qu'il en serait autrement. Ethan, célibataire et abstinent pendant quatre ans ?

Bon, en fait si, je l'ai imaginé. Mais une seule seconde !

Je lève les yeux et regarde le plafond blanc dont les néons grésillent. Je dois y retourner. Faire comme si de rien n'était.

Ethan ne m'a pas trompé. Il ne m'a jamais rien promis. Il ne m'a jamais dis que je serais la seule ni qu'il ferait vœu d'abstinence après m'avoir rencontrée. Il ne m'a même jamais dis qu'il était amoureux de moi !

Je meurs d'envie d'envoyer un message à mon frère pour lui demander conseil mais assurément, si je le fais il va débarquer dans le quart d'heure qui suit. Et je n'ai pas besoin de ça.

Alors à la place je décide d'envoyer un SMS à ma mère.


Problème de jalousie ! Pas d'abstinence pour E

depuis quatre ans ….

HELP


Sitôt envoyé, je me lève et essuie mes larmes naissantes. J'inspire un grand coup et sors des WC. Je me remets un coup de rouge à lèvres et lisse mon haut puis rejoins le salon. Ethan m'attend, la tête sur ses mains jointes et le regard perdu dans le vide. Il ne remarque même pas ma présence. Lorsque je m'assois en face de lui il sursaute et cherche dans mon regard toute trace de colère, de haine, de n'importe quoi.

Sauf qu'il ne trouvera rien. Car ce regard là, j'ai passé quatre ans à le travailler. Ce regard qui dit « je suis sincèrement intéressée par ce que tu vas me raconter ».

- Où en étions nous ?

Comme il ne répond pas, je poursuis.

- Ah oui. Donc tu n'as pas eu de petite amie ? Aucune ne te convenait ?

- Je … euh … non. Je n'avais pas envie de ça.

Mais de sexe, si.

- Je vois.

- Non, tu ne vois pas, Laïa. Parle moi. Dis moi ce que tu ressens.

- Je ne ressens rien.

- Je sais que c'est faux.

- Tu ne sais rien, Ethan.

- J'ai jamais eu envie d'avoir une vraie relation avec aucune fille, Laïa ! Aucune, sauf toi.

Je hausse les sourcils et finis mon verre d'un trait, feignant l'indifférence la plus totale. Te dire ce que je ressens ? Et puis quoi encore ? La dernière fois que je l'ai fais tu es partis en courant.

- Tu avais un travail ?

- Non.

- Un appartement ?

- Non.

- Tu dormais où ?

- Dans des hôtels. Tu veux vraiment parler de ça ?

Bien. Il n'a pas l'air décidé à me raconter ce qu'il s'est passé durant toutes ces années, alors je capitule et consulte mon téléphone. Ma mère m'a répondue.


Laïa ! Ma chérie, c'est un mécanisme de défense

chez beaucoup de garçons. Il a sûrement

voulu se convaincre que tu ne l'avais pas changé.

Qu'il était le même. Tu sais, une relation physique est

bien différente d'une relation d'âme à âme. Et il le sait

aussi. Crois moi. Ne sois pas jalouse, peu importe

les relations qu'il a eu avant, je suis prête à parier

que tu as toujours eu une place inégalable.


Sauf que ses mots ne me rassurent pas. De mon côté, je n'ai connu que Zac. La seule relation plus poussée que j'ai eu a été avec lui. Et lorsque j'ai voulu tenter l'expérience avec Ethan, il a refusé.

Il m'a rejeté, repoussé, mais il a couché avec plein d'autre filles. A partir de là qu'est-ce que j'en ai à faire, de la différence entre une relation physique et une relation d'âme à âme ? Je n'ai aucune des deux !

- Je réponds à ma mère et je suis à toi.

Il hoche brièvement la tête.


Maman ! Je n'ai eu aucune des deux. Ethan

ne me voit pas comme ça. A ses yeux, je suis juste son amie.

bisous


Passe une bonne soirée avec l'homme

que tu aimes. Parles lui. Il doit te trouver dure

à cerner.

On t'aime ma fille, bisous


Moi, dure à cerner ? Elle est bonne celle-là !

Je remets mon mobile dans mon sac et croise à nouveau le regard d'Ethan. Il est fixe et indéchiffrable.

- J'aimerai que tu me donnes une deuxième chance, Laïa.

- Sauf que c'est dur, de donner des deuxièmes chances.

- C'est difficile à demander aussi.

Il serre la mâchoire, baisse les yeux sur la table et passe ses mains sur son visage.

- Tu aimerais que je t'invite à danser ?

Je suis surprise par sa question. Est-ce que j'aimerai qu'il m'invite à danser ? Pourquoi ne me pose t-il pas une question directe ? A t-il peur que je dise non ?

- Pourquoi pas.

Il se lève et vient se mettre solennellement devant moi.

- Laïa, veux-tu bien m'accompagner sur la piste de danse ?

Je pose ma main dans la sienne et l'accompagne dans la pièce principale sous les regards porcins des autres filles. Elles le matent délibérément. Et je les comprends ; son petit côté mauvais garçon très classe est à tomber raide. Il a des yeux magnifiques, un regard déterminé et une attitude qui évince tout autour de lui.

Une de ces filles auraient peut-être sa chance. Il m'entraîne au milieu de la piste de danse, le torse collé contre mon dos et ses mains sur mes hanches tout en jouant des coudes pour que personne ne me touche. Arrivés au centre, il me fait tourner sur moi-même et me ramène tout contre lui. J'en ai le souffle coupé. Mes seins s'écrasent contre son torse, mes genoux touchent les siens, et son regard trouve le mien. Il est profond et sûr de lui.

Nous dansons pendant un très long moment, l'un contre l'autre. Je ne m'éloigne de lui que lorsqu'il s'écarte pour me faire tournoyer sur moi-même. Nous ne sourions pas. Je ferme les yeux et m'abandonne dans ses bras protecteurs en serrant son tee-shirt entre mes doigts, comme si j'avais peur qu'il s'en aille. Et c'est le cas. Come a little closer de Cage the Elephant vient pulser dans les enceintes et les spots nous renvoient un dégradé de lumières violettes. Il se penche vers moi et effleure mes cheveux du bout du nez puis mon lobe d'oreille. Ses mains rugueuses enserrent les miennes et je hume son odeur virile et fraîche. A cet instant, toutes les émotions interdites et inhabituelles que j'ai tenté de refouler se déchaînent en moi. Plusieurs chansons plus tard, un léger voile de sueur me recouvre toute entière et je lui propose de sortir prendre l'air. Sur le chemin de la sortie plusieurs femmes se retournent vers lui et le regardent avec l'air béat. Quand je croise leurs regards, j'y vois de la concupiscence. Oui, ce soir, je suis la fille qui l'accompagne.

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