LolaB Ne plus jamais te dire au revoir Qu'est-ce que tu fous ?!

Qu'est-ce que tu fous ?!

LAIA


- Bordel de merde !

Je grogne et gigote dans mon sommeil. J'ai un poids sur l'estomac.

- Ouvre moi Laïa !

- Excusez moi Monsieur, vous faites peur à nos clients. Il va falloir partir.

- Mon amie est là-dedans et ne répond à aucun de mes messages alors débrouillez vous pour m'ouvrir cette putain de porte !

Je lève la tête de mon oreiller d'un coup.

- J'arrive ! je beugle à travers la pièce.

- Elle a parlé ! La ferme ! Elle a parlé ! dit Valentin l'air nettement soulagé.

Je me lève tant bien que mal, ignorant le sol qui tangue sous mes pieds et me dirige vers la porte. Je tourne le verrou et aussitôt elle s'ouvre, frôlant ma tête de justesse. Valentin entre dans la pièce en gesticulant comme un diable.

- Qu'est-ce qui te prend Laïa ? Putain mais tu sais quelle heure il est ? Je me suis fais un sang d'encre !

Je me racle la gorge et titube jusqu'au lit où je me laisse à nouveau tomber, face contre le plafond.

- Non mais tu vas me le dire.

- Dix sept heure trente ! Il est dix sept heure trente ! répète t-il encore plus fort en accentuant bien chaque mot.

Je couvre mes oreilles de mes mains.

- Arrête de crier j'ai horriblement mal à la tête.

Soudain il se stoppe et vient se pencher au-dessus de moi.

- Tu as bu ?

- Non.

- Si ! Tu as bu ! Ne me raconte pas de conneries.

- Peut-être un peu.

Il fait volte-face et inspecte la pièce puis s'abaisse et brandit la bouteille de vodka en l'air.

- Un peu ? Tu te fous de moi !

Plusieurs minutes passent et devant mon absence de réponse il s'adoucit et vient s'asseoir sur le lit près de moi.

- Que s'est-il passé ?

- J'en sais trop rien, dis-je, Ethan a débarqué en ville et j'ai même pas été capable d'être réellement en colère contre lui … puis je suis rentrée et j'ai quitté Zac, mon fiancé depuis quatre ans. J'ai atterris dans cet hôtel, seule et en ne sachant pas si j'avais pris une seule putain de bonne décision. Alors oui, j'avoue que je me suis un peu laissée aller.

Je m'attends à des remontrances, mais il n'y en a pas. A la place, mon ami s'allonge à son tour sur le dos et m'attire contre lui.

- Je suis désolé, Laïa. Tu as eu de ses nouvelles ?

- Je crois. Je m'en rappelle fichtrement pas.

Il soupire profondément.

- Ce soir je t'emmène quelque part, alors va te préparer.

- Hors de question.

- Laïa … je t'en prie, fais le pour moi.

Je me lève en grimaçant et me traîne jusqu'à la salle de bain. Valentin me suit et pose sur le lavabo ma brosse à dent, ma trousse de maquillage et une brosse à cheveux.

- A toi de jouer.


* * *


Nous arrivons vers vingt heure trente dans l'avant boîte la plus branchée de la ville. A peine arrivés nous nous dirigeons vers le bar où il commande un scotch pour lui et un verre d'eau pour moi. Outrée je rappelle aussitôt le barman et lui demande une pina colada. Et puis quoi encore ? Valentin me coule un regard réprobateur.

- De l'eau ? Tu rigoles ou quoi ?

- Je pense qu'il vaut mieux pour toi de rester sobre.

- Il vaut mieux pour moi d'oublier à quel point ma vie est ratée.

Dès que les verres glissent sur le bar j'attrape le mien et le bois d'un trait. J'en commande un autre qui arrive aussitôt.

A côté de moi, Valentin sirote le sien. Un quart d'heure plus tard je sens déjà les effets de l'alcool additionnés au fait que j'ai la gueule de bois et je me sens un peu plus légère.

- Je vais danser.

Je plante Valentin au bar et me glisse dans la foule. Personne ne le sait, mais j'imagine Ethan. Ou plutôt, je le vois partout. Un peu trop même. Il m'a manqué durant des années. Et maintenant il est là. Mais il est partit pendant quatre ans !

Il m'a brisé le cœur. Et j'ai continué de l'aimer avec les petits morceaux.


ETHAN

Avant, l'ambiance de cette avant boîte m'aurait grisé. Je me serais sentis comme chez moi. Alcool, drogue qui passe entre des mains discrètes, filles qui se déhanchent jusqu'à avoir la tête qui tourne. Mais aujourd'hui c'est différent. Ça fait un moment que c'est différent, d'ailleurs. Cependant on m'a donné rendez-vous ici et j'ai bien l'intention de voir qui c'est.

Je joue des coudes et traverse la piste de danse, puis m'assois sur un tabouret de bar. Je commande un whisky. Avec les années j'ai appris à tenir l'alcool comme personne, mais cela fait plusieurs mois déjà que j'ai cessé de boire tout ce qui me tombe sous la main. Je bois une gorgée qui me brûle l’œsophage et me fait grimacer. J'ai perdu la main. Je pivote sur mon siège tout en me demandant où est l'expéditeur de mon message. Je sonde la pièce du regard, cherchant quelqu'un que je connais de près ou de loin et mon regard s'arrête sur une fille. Elle danse comme si c'était sa dernière occasion de s'amuser dans la vie.

Laïa.

Mon cœur fait un bond énorme dans ma poitrine tandis que je regarde ses longues jambes, ses hanches très légèrement arrondies, sa taille fine et les lignes de son cou luisant de sueur. Putain ce qu'elle peut être belle.

En la regardant je me demande un instant ce que pourrait donner notre vie si nous habitions ensemble et avions des enfants. Elle serait une super mère, sans aucun doute. Et moi je n'arriverais encore une fois pas à être à sa hauteur.

Je chasse ces pensées en buvant une nouvelle gorgée de mon whisky. Une autre fille la bouscule sans faire attention et Laïa éclate de rire, la tête renversée en arrière et sa bouche rouge grande ouverte.

- Les seules personnes dans cet état-là sont seules, amoureuses, ou soûles. Ou les trois.

Je tourne la tête et découvre Valentin, assit sur un tabouret et dos au bar. Lui ne me regarde pas.

Soudain je comprends tout.

- Tu vois la fille là-bas ? continue t-il.

Je hoche la tête.

- Elle danse. Bon je te l'accorde, elle n'est plus très fraîche parce qu'elle a pas mal bu. Mais tu sais pourquoi ? Elle l'a fait parce que t'es là. Elle rit alors que ça ne lui fait pas de bien, et elle t'évite alors que ça lui fait du mal. Ça la bousille de te voir, de t'entendre, mais aussi de t'ignorer. Tout le monde croyait qu'elle t'avait oublié, mais en fait elle vivait avec toi chaque jour. C'est de loin la fille la plus costaud que je connaisse. Quoique … ses copines ne sont pas mal non plus, dans le genre dure à cuire.

Je ne la quitte pas des yeux. Un type s'approche d'elle, ça ne la dérange pas. Ils dansent un moment, puis Laïa se retourne et ils dansent collé très serré. La scène devient limite obscène et c'est de loin bien plus que ce que le gros con possessif que je suis peut supporter. Je suis hors de moi. Je descends de mon tabouret et amorce un pas en avant, mais Valentin m'attrape et me force à lui faire face. Je plante mes yeux dans les siens.

- Elle va t'envoyer chier, mec, et tu le sais très bien. Tu l'as connais, elle est fière mais pas méchante.

Il relâche son emprise. Assurément ce spectacle ne lui plaît pas plus qu'à moi. Je joue des coudes pour la rejoindre, et l'attrape fermement par le biceps, comme si après toutes ces années j'avais le droit de faire ça.

- Qu'est-ce que tu fous, bordel ?!

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