Fyctia
Etre heureux
Lorsque nous rentrons chez lui … chez nous, Ethan va directement s'allonger dans son lit. Une pluie verglaçante est tombée sur nous, nous obligeant à rentrer, et à présent l'orage gronde au-dessus de l'appartement. Dans un coin de sa chambre j'avise mon sac de sport. Je m'en approche, l'ouvre et en sors un legging et un pull.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Il s'est couché d'un côté du lit, laissant largement la place pour m'accueillir.
- Je vais prendre une douche, dis-je.
Il hoche la tête tandis que je vais dans la salle de bain. Je referme la porte derrière moi et me déshabille en quelques secondes. Soudain la porte s'entrouvre et Ethan passe sa tête dans l'encadrement.
- J'peux venir ?
J'ouvre lentement la porte vitrée de la douche, y glisse une jambe.
- Pourquoi pas.
Il ne lui en faut pas plus pour s'engouffrer dans la pièce et se débarrasser de ses vêtements. A présent nous sommes prêts. Non pas à recommencer notre histoire à zéro, mais à la poursuivre alors qu'elle a vécu quatre ans en hibernation.
Il me rejoint sous le jet d'eau chaude qui inonde mes cheveux. Ethan fait un pas en avant, me forçant à reculer. Mon dos heurte le carrelage froid, mon cœur se met à battre avec plus de force dans ma poitrine, comme un gong assourdissant. Je suis nue et vulnérable. Je n'ai jamais vécu de moment aussi intime et intense avec Zac. Ce n'est qu'avec Ethan. Il n'y a que lui et ça a toujours été le cas.
Son visage fend le jet d'eau et des centaines de perles argentées coulent sur son visage, viennent se loger au bout de ses longs cils noirs. Sa main caresse mon ventre, me fait frémir, remonte le long de mon flanc, de ma clavicule, et vient s'arrêter sur ma nuque. Ainsi tenue je n'ai plus d'autre choix que de le regarder dans les yeux.
- Dis-le, souffle t-il tout près de moi.
Ethan et moi ne demandons pas grand chose. Seulement d'être heureux ensemble.
- Je t'aime, je réponds, fébrile. Je suis amoureuse de toi.
Sa bouche s'élance vers la mienne, fiévreuse, vorace.
Même pas d'être heureux, d'ailleurs. Nous ne sommes pas si exigeants.
Être ensemble, c'est tout, et c'est largement suffisant.
* * *
Cette fois-ci je me lève à l'heure pour aller travailler. Mon réveil sonne à six heures trente et à ma grande surprise, Ethan se lève en même temps que moi, un adorable sourire éclairant son visage. Nous nous dirigeons vers la cuisine et je commence à ouvrir les placards pour trouver de quoi déjeuner. Sans succès.
- Je crains qu'il ne faille faire des courses, dis-je, à moins que tu veuilles me forcer à suivre un régime ?
Il rigole en secouant la tête.
- Jamais de la vie. Tu es bien trop parfaite.
Je lui rends son sourire, l'embrasse et retourne dans la chambre. Là j'attrape un jean et un tee-shirt noir légèrement décolleté.
- Tu pars maintenant ?
- Je vais à la boulangerie chercher de quoi manger, dis-je, je meurs de faim.
- Je viens avec toi.
Je termine d'enfiler mes chaussures et pose mes mains à plats sur son torse.
- Je reviens dans cinq minutes, Ethan. Ne bouge pas et prends ta douche, plus tôt.
Il esquisse une moue se voulant boudeuse et m'attire tout contre lui.
- Fais attention à toi.
- Promis. Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime.
Je m'éloigne, le sourire aux lèvres. Il y a tellement de manières de dire je t'aime à l'autre. « Fais attention », « prends soin de toi ». « Reviens vite ».
J'ai hâte de toutes les expérimenter.
Je sors de la boulangerie avec deux paquets de viennoiseries dans les mains. Je marche si vite que je trotte presque, trop hâtive de retrouver Ethan.
- Regarde moi qui voilà !
Je me raidis instantanément en entendant cette voix encore bien trop familière malgré les années qui avaient passées.
- C'est la petite protégée d'Ethan !
Teri et Cyril. Non.
Je reprends mes esprits et presse le pas vers l'immeuble, espérant qu'ils n'insisteront pas plus. Mais ça n'a pas l'air d'être leurs plans. Leurs ombres se dressent bientôt devant moi et leur présence dans mon dos me fait tressaillir.
- Ça y est, il t'as enfin baisée ?
Je serre les dents et accélère le pas.
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