Fyctia
13- Eva (partie 2)
— Si je te dis un baiser ? demande Jules, les yeux dans les yeux.
— Euh…
Inutile de mentir. Son allusion à nos deux baisers échangés au lycée, déclenche une kyrielle de papillons qui s’agitent dans le creux de mon ventre. Si son premier baiser a été, au début, maladroit, il s’est avéré plus langoureux. Ce qui m’avait dérouté à l’époque. Comment Jules, mon meilleur ami, est parvenu à éveiller du désir chez moi ? Le second était encore pire. Je m’étais jetée sur lui, par pure désespoir, pour me faire pardonner pour ma fuite imminente et mon refus de l’épouser. Mais, la façon dont mon corps avait réagi à ses mains posées dans mon cou, la manière dont il avait de me démontrer son amour, était si touchante, que je suis rentrée chez moi détruite. Jules était plus toxique que je ne le pensais. Parce qu’il était le genre d’homme qui laissa une empreinte indélébile sur mon âme. Même après des années de séparation, mon cœur, lui s’en souvient parfaitement.
Je me mordille l’intérieur de la lèvre pour ne pas réagir à mes souvenirs. Par chance, mon portable se met à sonner.
Pour une fois, je suis contente de voir un appel de mes parents.
— Allô, clamé-je, joviale d’échapper aux yeux brulants de Jules.
— Maman m’a dit que vous vous étiez disputées, lance papa, sans préambule. Cookie, fais un effort quand même ! Ta mère a raison de toute manière. Tu devrais accepter son offre de travail.
— Oui, papa, je vais y réfléchir. Je raccroche, je t’entends pas très bien là. Bye !
Comme d’habitude, je mets fin à une discussion qui s’avère stérile. Silencieux, Jules me questionne du regard.
— Bah, ce sont les parents ! Entre papa qui me couve sans arrêt et maman qui me harcèle pour que je bosse avec elle, j’étouffe déjà de vivre là-bas. Comment je vais faire pour survivre, hein ?
— Tu n’as qu’à venir en coloc’ avec nous. Bon, je te préviens, Jack est un peu lourd sur les bords, mais c’est un pote sympa, résident en cardiologie. Marco, lui, est dragueur, on le surnomme « Mister Mc Dreamy ». Il est en dernière année de chirurgie plastique. À tous les coups, il voudra te refaire les seins, mais sinon, il est cool.
— Rassurant ! Jules, vous avez surement beaucoup à gérer. Une femme en plus, c’est… beaucoup de drames à ajouter avec vos propres histoires à l’hôpital, non ?
— Eh, faut pas croire tout ce qu’on voit dans Grey’s anatomy. Il n’y a pas forcément histoires entre les docteurs et les nurses. On sait se tenir ! Sauf Marco.
— Tu… tu es sérieux, tu me proposes de vivre avec vous, mais, je suis enceinte.
— Et alors ? Notre ancienne colocataire est allée s’installer avec son fiancé le mois dernier, elle était enceinte aussi. Je t’avoue qu’une fille parmi nous, ça nous ferait pas de mal. Il y a une chambre de libre, donc… à toi de voir. Aucune pression.
— Ok, laisse-moi y réfléchir.
L’air se réchauffe. Le soleil au-dessus de nos têtes est en train de dévorer ma peau. Les remous de l’eau devant moi semblent m’appeler. Je ne sais pas si c’est Jules qui me fait cet effet ou l’ardeur, mais j’ai soudain très chaud.
— Jules, on fait comme d’hab ? Tu me mets de la crème et après c’est à moi de te tartiner, histoire qu’on ne crame pas comme des écrevisses !
— Ok.
Je retire ma tunique, satisfaite de révéler mon bikini blanc. J’ai un corps assez agréable à regarder, digne d’une sirène. Autant en profiter avant que les crevettes ne me transforment en baleine. Dans ce haut, mon décolleté est magnifié. Le privilège de la maternité. Mon ventre commence à pointer le bout de son nez. Mes hanches se sont élargies, ce qui n’est pas pour me déplaire, j’ai l’air plus voluptueuse.
Je suis Jules du regard qui se place derrière moi, impassible. J’espère que mon maillot de bain a eu l’effet escompté, mais pour l’heure, il ne dévoile aucun signe de désir.
Soudain il pose les mains sur mes épaules. Douces. Habiles. Viriles. Avec stupeur, je réalise que ça ne peut pas être comme avant entre lui et moi. Mon épiderme réagit à son contact. Je frissonne et ce n’est pas de frousse. Enfin peut-être un peu, parce que c’est Jules, ce n’est pas normal.
Mon ami ne se contente pas de m’enduire se crème avec maladresse (comme dans le passé), il me masse le dos avec fermeté.
— Purée de patate, Jules, on peut dire que tu as le doigté. En même temps, vu ton métier, c’est logique.
J’arrête de jacasser, consciente que je suis sur le point de déraper à tout instant.
— Mais où tu apprends ça ? On ne vous enseigne pas ça à l’école, non ?
— J’ai pris des cours de massage avec Vanessa.
— Ah !
C’est nettement moins sensuel tout à coup. Mes muscles se tendent à l’allusion de son ex-femme. Ma bouche émet un rictus fort déplaisant.
— C’est officiel, je la déteste !
— Pourquoi ? Tu es jalouse, Red ?
Oui.
— Non ! Mais je la hais parce que... premièrement elle t’a bousillé le cœur et deuxièmement, parce que vous avez fait des trucs cochons ensemble. Beurk !
Rien que de l’imaginer embrasser cette traitresse, je suis verte de jalousie.
— Et surtout, elle t’a détruite. Alors je la hais pour tout ça !
Mon plus-vraiment-seulement-ami rigole, je le joins sur ce terrain plus sûr, pas très éloigné de la sensation de ses doigts et de ses pétrissages sur ma peau. Soucieuse d’éteindre le feu qui crépite en moi, je déclare un peu trop vite :
— À mon tour, beau gosse !
— Beau gosse ?
— Yep !
Je garde les yeux rivés sur le sable pour masquer mon trouble, heureuse d’avoir glissé une paire de lunettes sur mon nez quelques secondes plus tôt. Jules retire son T-Shirt et je manque de m’évanouir. J’ai dû oublier de respirer, ma mâchoire s’est décrochée et mon ami pouffe de rire.
— Red, est-ce que tu vas bien ?
— Non, avoué-je, depuis quand tu as le corps de Superman ? en pointant du doigt son torse musclé.
— Quand tu es parti, j’avais du temps pour moi, je n’avais plus à te surveiller, plaisante-t-il—même si au fond, nous savons tous les deux que c’est la stricte vérité—Caleb m’a trainé avec lui en salle de muscu.
— Ah oui, c’est… c’est réussi, dis-je. En plus d’avoir le corps d’un superman, tu es vraiment un super man… aha ahh !
Je rigole à ma plaisanterie débile.
— Red, elle est nulle ta blague !
J’octroie à Jules une tape cinglante sur l’épaule.
— Aïe ! Je suis un homme battu ! Tes claques ne m’avaient pas manqué.
Je commence à pétrir ses épaules, enfin, j’essaye, trop concentrée à le détailler sous toutes les coutures.
— T’es pas douée pour masser, fanfaronne-t-il.
— Tu n’as qu’à me donner des cours, proposé-je trop hâtivement.
Je sens ses muscles se tendent comme un arc. Zut ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que Jules est aux antipodes des hommes que j’ai pus fréquenter. Il ne réagit pas comme je l’espérais. Lorsque je tente une approche, il se fige. Purée, j’y crois pas, je suis en train de séduire mon meilleur ami. Enfin, j’essaye…
7 commentaires
Elizabetttt
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Il y a 6 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 6 ans
Sylvie De Laforêt
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Il y a 6 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 6 ans
kleo
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Il y a 6 ans
Elizabetttt
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Il y a 6 ans
RaïssaL
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Il y a 6 ans