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1 TRÔNE, 2 COURONNES - VIII
Royaume de Landon ; chambre de Rebekah.
Le premier jour des festivités était enfin arrivé. Il ne restait plus que quelques heures avant que les sept journées de fête immuables ne viennent à débuter. Rebekah avait enfilé sa plus belle robe rouge qu’elle ne sortait que pour les grandes occasions. Elle préférait largement le confort des pantalons mais son père méritait un peu mieux que ça, surtout le jour de son anniversaire.
La princesse s’observait dans son miroir aux dimensions disproportionnées. Ou plutôt elle observait le pendentif en forme de cœur autour de son cou. L’objet lui avait été donné par sa mère alors qu’elle n’était encore qu’une enfant - bien avant qu’elle ne vienne à décéder.
Rebekah était le portrait craché de sa mère avec cette peau métissé et ces yeux noisettes avec de légers reflets verts. Ses cheveux crépus n’aimaient pas l’humidité, voilà pourquoi elle préférait les tresser. Mais sa ressemblance avec feu la Reine était bien là l’unique trait qu’elle possédait. Elle n’avait pas hérité de son don pour la magie, comparé à son frère qui excellait dans l’art et deviendrait - à n’en pas douter - le mage le plus puissant de tout Yvalis.
La jeune fille serra fort le pendentif tout en fermant les yeux quelques instant. « J’aurais tant aimé que tu sois encore là pour voir ça ! » souhaita très fort Rebekah.
Lorsque la princesse rouvrit les yeux, une silhouette derrière elle - dans le reflet du miroir - se dévoila. Sa défunte mère l’observait sur le pas de la porte, un grand sourire aimant aux bord des lèvres. Rebekah sursauta et se retourna. Mais dans son embrasure, ce n’était pas sa mère qu’elle vit alors, mais son bien-aimé père le Roi.
« Tout va bien ma fille ? On dirait que tu as vu un fantôme.
— Ce n’est rien père. J’ai cru un instant que mère veillait sur moi. »
Le Roi sourit et s’avança : « Je comprends parfaitement. Il m’arrive parfois de lui parler moi aussi. Il posa une main sur la joue de sa fille. Tu lui ressembles tellement. Sache qu’elle aurait été si fière de voir la femme que tu es devenue. »
Un silence nostalgique régna en maître.
« Tu voulais quelque chose peut-être ? Je n’ai pas le souvenir de t’avoir vu dans mes quartiers depuis que tu n’as plus à venir me border.
— Tu es d’une perspicacité à toute épreuve ! Il est vrai. Je voulais m’entretenir un peu avec toi pour que tu ne sois pas prise de court. Après la cérémonie d’ouverture, lors du discours que je devrais donner, je compte bien faire entendre au peuple qu’il est temps pour moi de me retirer. Tu as parfaitement su remplacer le rôle que ta mère jouait de son vivant, en m’épaulant ces dernières années. En me prodiguant de tes précieux conseils. J’annoncerai donc solennellement ton couronnement à la fin des festivités. Je suis sûr que tu rempliras parfaitement cette nouvelle fonction qui t’es confiée.
— Et je suppose qu’un non n’est pas de circonstance. »
Le Roi n’eut pas besoin de répondre.
« Je sais que tu détestes ça, mais j’ai pris la liberté d’apporter un vêtement plus en rapport avec les circonstances. »
Quatre servantes entrèrent, tenant une robe de princesse blanche hors norme, qui n’avait pas été porté depuis des années. La robe n’était pas n’importe laquelle, elle appartenait à sa mère le jour où elle avait pris ses fonctions.
« Mais père, je…, balbutia Rebekah.
— S’il te plaît, ne dis rien. Cela me comblerait de joie que de la voir porter encore une fois. Fais donc plaisir à ton vieux père, veux-tu. Et satisfais ton bon vieux roi, une dernière fois. »
***
Une affluence record avait lieu dans les rues de la cité. Villageois, Nains et Elfes jouaient des coudes pour avoir la meilleure vue devant la grande place qui accueillerait la cérémonie d’ouverture.
Le Roi s’était paré de l’armure qu’il revêtait lors des combats menés pour ramener la paix dans tout le Royaume. Son épée de deux mètres de long reposait derrière son siège doré. Il se tenait au-dessus de la grande place, à l’abri, sur une estrade bien en hauteur afin qu’il ait une vue imprenable sur le futur spectacle. Son fils Elias qui sautillait sur sa chaise d’impatience, un sourire bien étrange sur le visage.
Les clairons annoncèrent l’arrivée de la princesse. Le Roi et son fils se levèrent pour accueillir la dernière de la lignée. Cela faisait bien longtemps que le Roi Landon n’avait pas vu pareil spectacle.
Son sourire s’illumina en voyant sa fille faire son entrée. Les servantes derrière elle tenaient sa longue robe pour quelle ne traîne pas sur le sol. Ses cheveux étaient bouclés et le maquillage qu’elle n’avait pas l’habitude de porter mettait parfaitement en valeur son visage caramel. De jolies boucles d’oreilles en forme de larme incrustées d’émeraudes d’un bleu cristallin, se balançaient à ses lobes d’oreilles.
Le Roi en perdit ses mots face à tant de beauté. Il prit ses mains dans les siennes et effleura sa joue gauche d’un doux baiser.
Assis à leurs places respectifs, les clairons résonnèrent de nouveau. Cette fois pour annoncer le début des festivités. Cette année, les choses avaient été vu en grand et la cérémonie débuta par plusieurs tableaux représentants le parcours du Roi. Des danseurs (aux couleurs de l’arc en ciel) célébraient sa venue au monde pour enchaîner sur son couronnement puis sur la rencontre avec celle qui lui offrit sa descendance.
Un hommage pour le moins émouvant eut lieu pour évoquer la mort de sa femme. Un cercueil en feu s’éloignant sur un océan de danseur vêtus de bleu. Sans jamais quitter la scène des yeux, le Fair King attrapa la main de sa fille et la serra de toute la tendresse d’un père, refrénant ses larmes de couler.
Puis vint le moment des combats. La musique qui s’était adoucie refit surface à en éclater les tympans des plus proches spectateurs. Le tableau retraçait le parcours du Roi parti en guerre pour unifier Elfes, Nains et Humains. Ce tableau eut beaucoup de succès à en croire les applaudissements qui l’accompagnaient.
La fête battait son plein. Mais alors que tout le monde observait la célébration de l’homme le plus respecté de tout Yvalis, personne ne fit attention à cet oiseau aussi grand et menaçant que le plus dangereux de tous les dragons. L’oiseau au plumage sombre (noir de cendre) grandissait à vue d’œil alors qu’il s’éloignait de l’horizon.
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kae
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Il y a 3 ans
Christopher Llord
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Il y a 3 ans
la voix du sabre
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Christopher Llord
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Laeloo
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