Fyctia
CHAPITRE 2 - EMY
Quelques semaines au part avant
La physique, quoi de plus ennuyant comme cours. La journée n'a commencé que depuis deux heures, mais je n'en peux déjà plus. Je n'ai jamais aimé cette matière. Elle et toutes les matières scientifiques. Que ce soit les mathématiques ou les sciences de la Terre, ces enseignements ne m'ont jamais intéressé. Je ne comprends pas e qui intéresse les biologistes dans la composition d'un atome. Ce que je préfère, ce sont les langues. Je suis bilangue en anglais et j'ai un très bon niveau d'espagnol. Autant vous dire que lorsqu'on me demande de traduire un texte, je suis aux anges.
Alors que notre professeur continue son interminable cours de chimie, on toque à la porte.
_ Excusez-moi de vous déranger. Je viens chercher Emy Spencer. Dit le surveillant à l'intention de ma professeur.
Toute la classe se retourne vers moi. De ce que je sache, je n'ai rien fait de mal. Je suis certes énergique, mais je ne ferai pas de mal à une mouche, et encore moins je ne respecterai pas les règles.
_ Prends tes affaires s'il te plaît. Continue-t-il.
Perplexe, je range mes affaires dans mon sac avant de suivre celui qui vient de me sortir de l'enfer. Je ne sais pas si ce qui va se passer sera plus agréable que le cours de Madame Gilbert, mais ce ne pourra pas être pire.
En fait, j'avais tort. C'est pire. Le surveillant m'emmène dans le bureau du proviseur. Celui-ci est réputé pour son indulgence inexistante. Toute personne rentrant dans son bureau en ressort exclu de l'établissement. Je ne sais pas ce qui va m'arriver, mais je n'ai aucune envie d'être renvoyé. Je préfère encore écouter les cours de physique-chimie pendant un mois entier.
Alors que le proviseur nous demande d'entrer, je me prépare déjà une excuse à donner. Un nouveau mensonge à livrer. Lorsque nous entrons dans le bureau, je suis étonnée d'y découvrir deux agents de police. Je ne vais peut-être pas pouvoir mentir sur ce coup, me dis-je.
Le principal me fait un sourire en m'invitant à m'asseoir. Cette journée est vraiment étrange.
_ Bonjour Emy. Commence l'homme en face de moi.
_ Bonjour. Je réponds timidement.
_ Est-ce que tu sais pourquoi on t'a fait venir ici ?
_ Non. Qu'est-ce qui se passe ? Je demande un peu plus sûre de moi.
Cette fois-ci, ce n'est plus mon proviseur, mais l'un des agents de police qui prend la parole.
_ Nous sommes désolés. Commence celui-ci. Tes parents ont eu un accident de la route ce matin. Ils n'ont pas survécu.
"Ils n'ont pas survécu."
"Accident de la route"
Les paroles du policier se répètent encore, et encore dans ma tête. Ce matin, la voiture de ma mère ne démarrait plus. Mon père a alors conduit ma mère jusqu'à la gare. Ils sont partis peu de temps avant que j'aille chercher le bus pour venir au lycée. Ma mère n'a jamais répondu à mon message en arrivant. Elle n'y répondra jamais. Je ne les reverrai jamais.
Lorsque l'information fut digérée, je me retiens de fondre en larmes. Pas maintenant. Pas ici. Pas aujourd'hui. Jamais. Je me promis intérieurement. Il ne faut pas que je les pleure. Je risquerai de ne jamais m'arrêter.
Alors je ne pleure pas. Je me reconcentre sur la conversation qui se joue autour de moi.
_ Une assistante sociale va venir te voir dans les prochains jours. Mais en attendant, est-ce que tu as un endroit où dormir ? Me demande le deuxième agent.
_ Oui. J'irai chez moi. J'ai des amis à côté, ça ne les dérangera pas de m'aider en cas de besoin. Je réponds calmement.
_ Très bien. Nous en avons terminé ici. Bonne continuation Emy, et bonne chance ! Me lance le premier agent en sortant.
Une fois que le proviseur revient à son bureau, il me regarde avec pitié avant de me parler d'une voix qui offre la sympathie. Je pense ne l'avoir jamais vu comme ça. Que ce soit moi ou un autre, il est toujours très sérieux et ne laisse jamais transparaître ses émotions. C'est sûrement pour cette raison qu'il se fait surnommer "Vide". Un surnom qui ne marche pas actuellement à en croire les traits qui s'étirent sur son visage.
_ Toutes mes condoléances pour tes parents Emy. Je vais justifier tes absences pour les prochains jours. Prends le temps qu'il te faudra pour faire ton deuil. Me dit-il.
_ Il n'y en pas besoin. Je vais continuer de venir en cours. Je sors rapidement.
_ Es-tu sûre ?
_ Oui. Est-ce que je peux sortir ?
_ Oui, bien sûr.
_ Merci.
Enfin, je sors. Je peux respirer. Je me dirige directement dans la cours. La sonnerie a sonné il a tout juste quelques minutes. Mes amis doivent être prêts de la cantine.
Lorsque j'arrive, ma meilleure amie vient directement me parler.
_ Alors qu'est-ce qu'il voulait Vide ? Merde t'as vraiment une sale tête ! C'est parce qu'il nous a vu sécher ? Si c'est ça, je suis dans la même crotte que toi. Dit-elle d'une traite.
Il est vrai que Lucile a toujours été très énergique. Très, très énergique. C'est ce qui fait son charme, j'ai envie de vous dire. Mais lorsque vous êtes fatigué et qu'elle arrive avec son énergie de pile neuve, le charme part bien loin.
_ C'est rien de tout ça Lu. C'est parce que... Je commence.
Je ne trouve plus les mots. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais même pas si j'ai envie de le dire. Comment est-ce qu'on est censé annoncer à nos amis que nous sommes orphelins. Je suis orpheline.
Rien qu'à cette pensée, les larmes me montent aux yeux. Je ne veux pas pleurer. Je me retiens.
_ Oh Lucile, va moins vite ! Tu ne vois pas qu'elle est encore sous le choc de sa visite chez Vide ? La réprimande Alexandre, un de mes amis.
_ Oh ça va. Ferme là toi aussi. J'ai besoin de savoir si je vais moi aussi être convoqué. Tu peux comprendre ? Réplique ma meilleure amie.
D'un seul coup, les mots sortent tout seul de ma bouche. Je ne sais pas comment j'arrive à les prononcer. Je n'ai pas l'impression d'être en possession de mon corps.
_ Mes parents sont morts. Je dis d'un ton monotone.
Voilà. C'est dit.
Mes amis ont les yeux grands ouverts, avant de venir me prendre dans leurs bras. Un câlin général commence. Je ne veux pas de leur pitié. Je suis suffisamment grande pour réagir de façon proportionnée. Je ne vais pas fondre en larmes ou encore faire des cauchemars. Je serai triste un moment, mais je garderai ma vie en main. Je ne laisserai pas tomber mes projets. Il faut que je garde la tête hors de l'eau. C'est le seul moyen de m'en sortir sans trop de dégâts.
8 commentaires
Little-Lilah
-
Il y a 4 ans
Little-Lilah
-
Il y a 4 ans
cloesegala
-
Il y a 4 ans