Fyctia

/!\ Contient des propos vulgaires et des scènes qui peuvent heurter la sensibilité des jeunes /!\ à part ça, bonne lecture :)

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— Hors de question ! m'écrié-je en secouant les mains, desquelles sortent des ligaments électriques.

Je bondis en arrière en hurlant de terreur. L'instant d'après, il n'y a plus rien. Je me frotte les paumes contre mon corps, hystérique. My god, mais c'est quoi ce délire ? J'examine la salle, qui transpire toujours autant la suffisance et la royauté, et finis par observer Aerandir. Toujours aussi stupide, celui-là.

— C'est quoi ça ?

— C'est vous.

Je me pointe du doigt.

— C'est moi ?

Je dois avoir la même allure qu'un poisson hors de l'eau à qui il manque de l'air parce que l'elfe hausse un sourcil, sympa au passage, l'air de dire : « t'es idiote ou tu le fais exprès ? » avec plus de classe, évidemment. Il hoche la tête en se retenant de soupirer, je le vois à la crispation de sa mâchoire. Une semaine passée avec lui me permet maintenant de comprendre chaque crispation de sa mandibule. Je crois que je l'ai mis hors de lui, ça va barder si je persévère dans cette direction, mais c'est tellement jouissif de le voir sortir de ses gonds que je ne peux m'empêcher de continuer.

— C'est vous.

— C'est moi, je pépie bêtement.

— Oui, c'est vous !

Oh oui, il est énervé. Je l'ignore en fixant mes mains. Elles sont identiques à celles de toute à l'heure, elles n'ont pas changé. À part que des filaments électriques en sont sortis, mais à part ça, elles sont tout à fait normales. Pas de soucis, tout va bien. Je respire un grand coup. Je pensais avoir tout vu depuis le temps, il faut croire que non.

Putain, des filaments électriques. Des filaments. Des filaments électriques ! Je crois que je vais faire une crise d'hystérie.

Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible. Ce n'est vraiment pas possible. Je plaque mes mains dans mes cheveux et commence à me les tirer. Ceci n'est qu'un rêve, Mystique, souviens-toi. Ce n'est qu'un rêve. Un putain de rêve dans lequel je tiens le rôle principal. Un rôle à la con, mais un rôle quand même. Ce n'est pas la réalité.

Putain, le bâtard ! Celui qui a inventé cette putain d'expérience va me le payer. Je vais le buter, l'émasculer et lui faire bouffer ses couilles. Je ricane en pensant aux supplices que je pourrais mettre en pratique, jusqu'à ce que je m'aperçoives que le Roi et sa clique me regardent d'une drôle de façon. Ils n'ont jamais vu l'élaboration d'un plan machiavélique ?

— Il vous n'auriez pas perdu la moitié de votre tête lors du Passage par hasard ?

Il n'y en a qu'un pour être aussi con. Aerandir.

— Allez vous faire voir, mon joli ! Et pour la dernière fois, je ne suis pas passée par un Passage ! J'ai été téléportée, transportée, déplacée, véhiculée d'une galaxie à une autre. Bref, j'ai été déposée ici, comme on dépose un bagage trop encombrant, persiflé-je.

Et il arrive à conserver le masque d'indifférence qui le caractérise. Sauf quand j'arrive à le mettre en colère. Comment fait-il pour ne rien laisser paraître ? Faudra qu'il m'apprenne ça un jour, ça pourrait m'être utile, on ne sait jamais. Je me tourne vers le Roi, qui cache son sourire derrière sa main, mais je le vois quand même.

— Ce n'est même pas la peine d'y penser ! Jamais je n'aiderai qui que ce soit ! Je veux juste retourner chez moi et ce bonhomme, je désigne Aerandir de l'index, m'a affirmée que vous accepteriez de m'indiquer comment faire.

— Et je le ferai si tu réalises la prophétie !

Mes poings se posent d'eux-mêmes sur mes hanches.

— Non, mais quel toupet ! Je ne suis pas un de vos sujets majesté, je crache ce mot, et je n'ai pas à vous obéir et vous n'avez pas à ordonner. Cela fait trois fois que je vous le dire et trois fois que vous continuez votre rengaine. Quand je dis non, c'est non ! Un point c'est tout !

— Rengaine ?

Je soupire en m'asseyant lourdement sur le carrelage de la salle de trône. J'en ai marre de trouver des définitions ou des synonymes aux mots que j'emploie parce qu'ils ne comprennent rien. Je sors mon téléphone dans un vieux réflexe avant de me souvenir qu'il n'a plus de batterie et que de toute façon je ne peux pas appeler, ni envoyer de sms : ils n'ont pas de ligne téléphonique. Ma famille doit s'inquiéter, je n'ai même pas prévenu. Il faut dire aussi que je n'avais pas prévu de m'évaporer en clignant des cils.

— Le même refrain ! abdiqué-je finalement. Et je ne suis pas celle que la prophétie annonce ! Je suis arrivée ici par accident, d'accord. J'étais chez moi, en train de lire, je fusille les hauts-dirigeants en entendant leur hoquet de stupeur, et j'ai atterri ici. Quelqu'un m'a pris entre ses mains et hop, me voilà là. Mais en aucun cas, je ne peux vous être utile. Pour la dernière fois, dîtes-moi comment rentrer chez moi !

Voilà que je commence à agir comme une gamin capricieuse. Je hurle entre mes dents en serrant mes poings, seul moyen d'évacuer ma colère sans la déverser sur une tierce personne, comme Aerandir ici présent qui me regarde comme un animal de foire. Et pourtant ce n'ai pas l'envie qui me manque, il commence sérieusement à me taper sur le système celui-là.

— Toujours est-il que votre arrivée coïncide avec le temps du renouveau. Il ne peut pas y avoir d'erreur. Vous êtes l'Ange annoncé par l'ancien testament, s'exclame l'un des hauts-dirigeants auquel j'ai déjà oublié le prénom.

Je ferme les yeux en retenant mon souffle. Je vais faire un massacre. Ange ou pas, je vais les trucider jusqu'aux derniers.

— Je-ne-suis-pas-cet-putain d'Ange ! Vous commencez sérieusement à me les briser.

— Ce n'est pas une façon de parler en présence du Roi ! s'égosille un deuxième haut-dirigeant en s'étranglant.

Comme quoi, certains jurons sont les mêmes partout.

— Foutez-moi la paix, Messieurs les hauts-dirigeants.

Mais mettons sur pause une seconde voulez-vous ? Je suis sûre que vous vous sentez perdu. Non, vous n'avez pas loupé le début et oui vous avez encore toute votre tête, ce qui ne dois plus être mon cas. Vous voyez cette fille en train de péter un câble. Oui celle aux cheveux noirs et qui jure comme un charretier ? Eh bien c'est moi : Mystique Ghin qui adore lire de vieux bouquins. Le problème avec les vieux livres, c'est qu'on ne sait jamais quels secrets ils renferment. Et foi de Mystique, je n'aurais jamais dû ouvrir celui-là ! Venez, je vais vous raconter.