Hazel Nut My rebound guy Caleb

Caleb

Je déteste les hôpitaux. J'ai toujours détesté les hôpitaux d'aussi loin que je m'en souvienne. Quand je suis né, grand prématuré, j'ai passé trois mois à l'hôpital loin des miens. Je ne me souviens pas des détails bien sûr, mais j'en ai gardé au fond un vif traumatisme.


Mais tout ça est loin derrière moi. Je suis un robuste gaillard. Merci la salle de muscu, et merci aussi Papa. J'ai hérité de son physique imposant. Quand on me voit, la plupart des gens s'écarte sur mon passage. Les hommes évitent de croiser mon regard quand les femmes matent discrètement mon fessier. Je devrais me sentir flatté, même si au fond cela me gène.


Mon physique avantageux m'a attiré quelques ennuis, notamment avec les mecs des filles qui me reluquent. Qui plus est, je dois avouer que se sentir courtiser n'aide pas à draguer. Je ne sais pas faire la cour. Je n'ai jamais eu besoin de séduire une fille. En toute modestie.


- Riley... quel plaisir de te voir !


Paty est l'infirmière cheffe du service cancéreux. A force de passer du temps ici, j'ai fini par me faire une réputation. Je connais de visage toutes les infirmières de l'étage , mais Paty est la seule avec qui j'ai "sympathisé". Elle est comme une grande soeur pour moi.


Je me penche et la serre contre moi. C'est grâce à elle que j'ai renoué avec le milieu hospitalier et que je n'ai plus "peur" d'y venir. Même si j'ai toutes les raisons.


- Elle a demandé après moi ? m'enquiers-je


Je pose la question pour la forme, même si je connais la réponse. Je suis fils unique et si je ne passe pas voir ma mère de la semaine, je sais qu'elle ira mal. D'autant que mis à part moi, personne ne la visite.


Lorsque papa l'a quitté, toute la famille nous a tourné le dos. Père était un grand manipulateur, un pervers narcissique. Il a réussi à retourné mes oncles et tantes contre ma mère. Tous les jours, je prie pour n'avoir hérité que son physique. Je préférerais mourir que d'être comme lui.


Etre élevé par une femme a beaucoup d'avantages. Je suis loin de l'image de la brute épaisse que je dégage de prime abord. Ma mère m'a transmis son romantisme, son côté fleur bleue (une vraie tare dans mon milieu) et un profond respect des femmes.


Je m'approche de sa chambre à pas de loup. Précaution inutile, car avec tous les sédatifs qu'elle prend, elle doit être complètement amorphe. Ma gorge se noue lorsque je la vois, allongée sur son lit d'hôpital. Je serre les poings pour me donner du courage et rapproche la seule chaise de la chambre de son lit.


- Je suis là maman. Comment vas-tu ?


J'attends quelques minutes qu'elle émerge et je vois un faible sourire se dessiner sur son visage.


- Riley... tu es venu fils ?

- Oui, je ne râterai ça pour rien au monde...


Je me lève pour déposer un baiser sur son front. Ses jours sont comptés, je le sais. Ce qui rends d'autant plus pénible chaque instant passé dans cette chambre. Vivre chaque jour comme si c'était le dernier.


- Tu es venu seul ?


Le sujet sensible. Ma mère parvient toujours à se recentrer quelque soit son état. Elle n'a qu'un seul objectif je le sais. Me voir marié, me savoir heureux aux bras d'une femme. Je m'en veux de la décevoir sur ce point, mais je suis bel et bien célibataire.


Ma dernière relation, Ava, m'a laissé sur le carreau. J'y ai cru. Ma mère aussi. Mais je me suis trompé. C'est elle qui a rompu. Pas moi. J'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre et je me contente depuis lors de collectionner des plans foireux. Sans engagement. Sans implication émotionnelle. Il faut que je soulage mon petit coeur.


Ma mère toussote.


- Les médecins ne sont pas optimistes tu sais... J'aimerais...


Je lui coupe la parole , désemparé. Je sais ce qu'elle va dire, et je me refuse de l'entendre.


- La prochaine que je viendrais, je ne serai pas seul. Je suis en couple depuis peu et... elle n'a pas pu venir cette fois, mais elle serait heureuse de te rencontrer.


Je déteste mentir aussi. Je ne suis pas toujours honnête, mais le mensonge m'insupporte. Manipuler les autres, porter un masque, cela ne me ressemble pas. Pourtant, son état fait voler en éclat toutes mes convictions et mes valeurs. Un nouveau sourire, plus faible cette fois, maquille son visage. Je ferai n'importe quoi pour la rendre heureuse, la voir sourire. La rendre fière de moi aussi. Qu'elle parte paisiblement, l'esprit tranquille...


- Alors on fait comme ça... La prochaine fois.


Ma mère se tourne. La visite est terminée. Je suis resté cinq minutes. Le temps de déposer un énorme mensonge. Je m'en veux sur le coup. Pourquoi ai-je dit une telle énormité ? S'en souviendra-t-elle la prochaine fois que je lui rendrai visite ? Où vais-je trouver une fiancée en une semaine ?


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9 commentaires

Biscuit de Lu

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Il y a 2 ans

Oups, il est mal barré avec son mensonge

Emmy Jolly

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Il y a 2 ans

J'aime beaucoup tes personnages on s'attache notamment à lui, il n'a pas l'air d'avoir une vie facile 💖

Hazel Nut

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Il y a 2 ans

Merci bcp pour ton retour :)
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