Chris LEVOYAGEUR MUSE DU REGARD ÉTERNEL. TOME 1 Chandelier de l'âme 2

Chandelier de l'âme 2

Mais lorsque ses paupières se rouvrirent, une ombre semblait s’étirer dans le coin de la pièce. Ce n’était pas une silhouette humaine. Elle était informe, mais vibrante, comme si elle pulsait au rythme d’un cœur invisible. Puis, elle s’éteignit brusquement, laissant derrière elle une odeur de cire brûlée et de métal.


À des kilomètres de là, Léandre errait dans son atelier. Le silence de la nuit enveloppait l’espace, brisé seulement par le grattement intermittent de son crayon sur le papier. Il travaillait sur un nouveau tableau, une vision qui l’avait hanté pendant des jours : un chandelier à sept branches, ses flammes vacillantes se battant contre une obscurité rampante.


Pourtant, ce soir-là, quelque chose d’étrange se produisit. Alors qu’il traçait les contours, les flammes du tableau semblaient s’animer, projetant des ombres qui dansaient sur les murs de l’atelier. Léandre cligna des yeux, croyant à une illusion. Mais les ombres restèrent, s’étendant et prenant forme, comme si elles s’extirpaient de la toile elle-même.


Un murmure se fit entendre, à peine audible mais insistant. « Tu n’es qu’un guide, rien de plus… Ne va pas plus loin, Léandre. »


Il sursauta, le souffle court. Un guide ? Le mot résonna dans son esprit comme un écho sans fin.


Dans le sanctuaire des Gardiens, Mère Clymène sentit une perturbation. Elle s’approcha du miroir sacré, où les reflets des deux âmes choisies se mêlaient à des ombres tumultueuses.


— « Ils ont été repérés, » murmura-t-elle. « Les Ombres Déchues connaissent leur identité. »


Frère Caelum fronça les sourcils.

— « Nous devrions les avertir, leur offrir nos protections. »


Mère Clymène, cependant, secoua lentement la tête.

— « Leur destin est scellé. Toute intervention directe risquerait de briser l’équilibre. Ils doivent apprendre à se défendre par eux-mêmes. Mais… »


Elle tendit la main vers le miroir, où les flammes du chandelier se reflétaient faiblement.

— « …nous pouvons leur envoyer un signe. »


Le lendemain, Léandre trouva un objet étrange déposé devant la porte de son atelier. C’était un médaillon en or vieilli, gravé d’un chandelier à sept branches. Au centre de chaque flamme était incrustée une petite pierre précieuse, chacune brillant d’une lumière discrète mais envoûtante.


Lorsqu’il le prit dans ses mains, une chaleur douce l’envahit, et une vision fugace lui traversa l’esprit : un temple, des runes gravées, et une lumière aveuglante au centre.


Au même moment, Camille découvrit un parchemin ancien caché dans un compartiment secret de son bureau. Les mots, écrits dans une langue oubliée, prenaient vie sous ses yeux, s’ordonnant en une phrase qu’elle comprit instinctivement :

« Là où l’ombre tombe, la lumière se lève. Suivez le chemin du Chandelier. »


Leurs chemins, bien qu’encore séparés, semblaient converger vers une même destination. Sans se concerter, Camille et Léandre commencèrent à ressentir un appel irrésistible, une force qui les poussait à quitter leurs routines et à se diriger vers l’inconnu.


Mais dans les ombres, les Déchus s’organisaient. Les murmures d’une nouvelle menace grandissaient, une entité ancienne et puissante, bien plus redoutable que tout ce qu’ils avaient affronté jusqu’à présent.


Dans l’obscurité de la nuit, Léandre observait le médaillon posé sur son bureau. Les pierres précieuses incrustées dans le chandelier semblaient vivantes, émettant de faibles pulsations lumineuses, comme si elles respiraient. Il tendit une main hésitante pour le toucher, mais à peine ses doigts effleurèrent le métal, une chaleur envahit son corps. Des images brouillées défilèrent devant ses yeux : un ciel étoilé éclipsé par des ombres rampantes, un temple perdu dans les montagnes, et des silhouettes indistinctes chantant une prière ancienne.


Le médaillon vibra doucement, projetant une lumière dorée sur les murs de l’atelier. Léandre recula, le souffle court. Pourquoi ce symbole semblait-il si familier ? Pourquoi avait-il l’impression que ces visions étaient des souvenirs, et non des rêves ?


De son côté, Camille plongeait dans les pages du parchemin qu’elle avait découvert. Les mots, bien qu’étrangers, se réorganisaient sous ses yeux, révélant des fragments de prophéties oubliées. Une phrase revenait sans cesse : « Là où le Chandelier brille, l’ombre ne peut s’étendre. »


Alors qu’elle prononçait ces mots à haute voix, le parchemin s’illumina brièvement. Une voix douce et presque imperceptible s’éleva, résonnant dans son esprit.

— « Camille, témoin des âmes, tu portes en toi la clé de l’équilibre. Mais sauras-tu accepter ce poids ? »


Elle regarda autour d’elle, cherchant l’origine de cette voix, mais la pièce restait vide. Pourtant, une certitude grandissait en elle : ce parchemin ne l’avait pas trouvée par hasard.


Léandre et Camille, chacun de leur côté, furent confrontés à des phénomènes étranges. Pour Léandre, ce fut un rêve récurrent où il traversait un désert infini. Au centre de cet océan de sable, il apercevait une flamme vacillante, mais à chaque fois qu’il s’approchait, elle s’éteignait brusquement. Une voix familière lui murmurait alors :

« Trouve les autres gardiens. L’équilibre ne peut être maintenu seul. »


Pour Camille, c’étaient des ombres mouvantes qui semblaient la suivre où qu’elle aille. Dans chaque reflet, elle percevait des formes indistinctes, des visages flous aux yeux brillants qui la fixaient. Lorsqu’elle osait leur parler, ils disparaissaient, ne laissant derrière eux qu’un silence oppressant.


Pendant ce temps, au cœur du sanctuaire des Gardiens du Chandelier de l’Âme, une assemblée secrète s’organisait. Autour d’un autel en marbre, Mère Clymène et Frère Caelum se tenaient en prière. Le miroir sacré devant eux projetait des éclats de lumière et d’ombres, formant des images floues de Camille et de Léandre.


— « Ils ont commencé leur transformation, » déclara Mère Clymène. « Mais le chemin est semé d’embûches. Les Déchus ne resteront pas passifs. »

— « Et si l’un d’eux échoue ? » demanda Frère Caelum.


Mère Clymène détourna les yeux. « Alors, le Chandelier s’éteindra, et avec lui, la lumière du monde. »


Ils s’agenouillèrent à nouveau, leurs prières s’élevant dans la salle voûtée, résonnant comme un chant d’outre-tombe.


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