Fyctia
La déesse Myrithia 8
Le cristal s’illumina, brillant d’une intensité aveuglante, et une voix féminine s’éleva :
— « Vous cherchez Myrithia. Mais elle n’est pas une destination. Elle est une question. Une promesse. Trouvez les autres fragments, et peut-être comprendrez-vous. »
Lorsque la lumière s’éteignit, ils se retrouvèrent sur la rive du lac, le cristal en main. Mais une nouvelle marque apparut sur sa surface, une carte gravée dans sa structure.
— « Cela nous montre le prochain fragment, » dit Camille, les yeux fixés sur la gravure. « Mais c’est loin… un désert oublié, si je ne me trompe pas. »
Jenny ajouta, les yeux brillants de détermination :
— « Nous avons survécu à cet endroit. Nous survivrons au suivant. Mais il est clair que les épreuves seront de plus en plus difficiles. »
Léandre serra le cristal dans sa main.
— « Peu importe. Chaque épreuve nous rapproche de la vérité. Et je ne compte pas m’arrêter tant que nous n’aurons pas atteint l’infini. »
Alors qu’ils s’éloignaient du lac, une tension palpable semblait peser sur l’air. Les arbres autour d’eux, aux branches tordues et aux feuilles semblant translucides, murmuraient des mots indistincts. Une ombre, fluide et insaisissable, glissait entre les troncs, échappant à chaque regard direct.
— « Nous ne sommes pas seuls, » murmura Christopher, sa voix tendue. « Quelque chose nous suit. »
Camille s’arrêta, posant une main sur le cristal qu’ils venaient d’obtenir. La chaleur qu’il émettait quelques instants plus tôt s’était refroidie, presque glaciale.
— « Ce n’est pas qu’une présence physique, » dit-elle. « Ces ombres… elles portent une mémoire. Peut-être celle de ceux qui ont échoué avant nous. »
Léandre se retourna, scrutant la forêt mouvante. Une forme se matérialisa à quelques pas d’eux, haute et humanoïde, mais dépourvue de traits. Son visage n’était qu’un vide obscur, et sa présence semblait absorber la lumière autour d’elle.
— « Vous portez ce qui ne vous appartient pas, » déclara l’ombre d’une voix grave, résonnant comme un tonnerre lointain.
— « Qui es-tu ? » exigea Léandre, avançant d’un pas.
— « Un gardien, ou peut-être un juge. Chaque fragment possède ses protecteurs. Mais vous… vous portez un poids que vous ne comprenez pas. »
Sans prévenir, l’ombre s’élança vers eux, rapide comme une rafale de vent. Jenny joua une note désespérée sur son violon, une mélodie improvisée qui fit vibrer l’air. L’ombre s’arrêta net, comme si le son l’avait frappée physiquement.
— « La musique peut briser leur emprise ! » cria Jenny.
Mais d’autres ombres émergèrent, une dizaine, puis une vingtaine, encerclant le groupe. Chaque pas qu’elles faisaient semblait aspirer un peu plus de la lumière ambiante, plongeant le lieu dans une obscurité croissante. Camille fouilla frénétiquement dans son sac, en sortant un petit carnet.
— « Les inscriptions sur l’autel parlaient d’un chant protecteur, » dit-elle, feuilletant les pages. « Une incantation ancienne. Si nous pouvons la réciter, cela pourrait nous donner le temps de fuir. »
Léandre, son esprit bouillonnant, se plaça au centre du cercle.
— « Il n’y a pas de fuite. Ces ombres sont liées à ce que nous cherchons. Si nous voulons progresser, nous devons comprendre leur rôle. »
Les ombres se rapprochèrent, leur présence devenant étouffante. Léandre leva le cristal au-dessus de sa tête, son éclat faible mais constant.
— « Si vous êtes les gardiens, alors montrez-nous pourquoi nous sommes jugés. Pourquoi ceux qui sont venus avant nous ont échoué. »
Un rire guttural emplit l’air, et les ombres s’arrêtèrent. Une seule s’avança, plus grande que les autres, sa forme se solidifiant peu à peu.
— « Très bien, mortels. Montrez-nous que vous êtes dignes. Votre quête vous a amenés ici, mais elle pourrait aussi marquer votre fin. »
La lumière du cristal s’intensifia, et soudain, chacun d’eux fut projeté dans une vision différente, un fragment de leur passé ou de leurs peurs les plus profondes.
Camille se retrouva face à une table couverte de manuscrits. Chaque texte qu’elle avait écrit était rongé par le temps, les mots disparaissant sous ses yeux. Une voix familière, celle de son mentor, lui murmura :
— « L’inspiration n’est qu’un mirage. Pourquoi te bats-tu encore ? »
Jenny se vit sur une scène immense, jouant devant un public silencieux.
Leur absence de réaction la terrifiait plus que les cris. Une ombre en haut de l’auditorium murmura :
— « Ta musique ne touche personne. Elle est vide, comme toi. »
Christopher se retrouva face à un miroir, mais son reflet ne bougeait pas en synchronisation avec lui. Le reflet parla d’une voix froide :
— « Ta quête de vérité n’est qu’une autre forme d’arrogance. Tu n’es qu’un homme perdu dans ses illusions. »
Léandre, enfin, se vit dans un atelier immense, entouré de ses œuvres. Mais chacune d’elles portait une imperfection grotesque, comme si elles se moquaient de lui. Une silhouette familière, celle de son père, s’approcha.
— « Tout ton génie ne t’a mené qu’à l’échec. Pourquoi t’obstines-tu ? »
Les visions se dissipèrent, et ils revinrent à la réalité, leurs corps tremblants mais leurs esprits enflammés d’une nouvelle détermination.
— « Ces ombres ne sont pas seulement des gardiens, » dit Léandre, les yeux brillants. « Elles sont des fragments de nous-mêmes. Elles incarnent nos doutes, nos peurs. Si nous les laissons nous briser, nous ne pourrons jamais avancer. »
Jenny, reprenant son violon, joua une mélodie douce mais puissante, une chanson de résilience et de courage. Camille murmura l’incantation qu’elle avait trouvée, tandis que Christopher écrivait un passage improvisé, ses mots inscrivant la vérité de leur quête.
Les ombres hurlèrent, se désintégrant une à une sous la force combinée de leur volonté. Seule la plus grande resta, fixant Léandre avec une intensité froide.
— « Vous avez gagné ce passage, » dit-elle. « Mais chaque fragment que vous trouverez rendra votre quête plus difficile. Vous recherchez l’éternité. Assurez-vous de ne pas perdre votre humanité en chemin. »
Avec ces mots, elle disparut, et la lumière revint. Au sol, à l’endroit où elle se tenait, un objet brillant reposait : un médaillon incrusté d’un fragment de cristal.
Léandre le ramassa, l’observant attentivement.
— « Encore un pas vers la vérité. Mais combien de pas avant que nous tombions ? »
2 commentaires
NohGoa
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Il y a 22 jours
Mice Vincent
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Il y a 21 jours