Fyctia
La déesse Myrithia 3
Le groupe se prépara. Christopher, bien qu’il doutât encore de la nature divine de leur quête, brandit un fragment de cristal récupéré dans une salle précédente, espérant que sa lumière puisse percer l’obscurité. Léandre, avec sa lame ornée, chargea en premier, visant le cœur de l’Ombre.
Le combat fut acharné. La créature semblait anticiper chaque mouvement, ses bras massifs frappant le sol avec une force qui fissurait la pierre. Jenny continuait à chanter, renforçant la lumière autour d’eux, mais sa voix faiblissait.
Camille, voyant que leurs attaques physiques étaient inefficaces, comprit que l’Ombre puisait sa force dans leurs doutes et leurs peurs. Elle se souvenait des paroles murmurées dans le miroir : « La beauté n’est qu’un reflet. »
— « Elle se nourrit de ce que nous ne voulons pas voir en nous ! » cria-t-elle. « Acceptez vos faiblesses, ou nous sommes perdus ! »
Léandre, frappé par ses mots, laissa tomber sa lame. Il fixa l’Ombre et murmura :
— « Je ne suis pas parfait. Je ne suis pas un créateur sans faille. Mais je suis moi. »
Ces mots, bien que simples, firent vaciller l’Ombre. Les autres suivirent, chacun affrontant intérieurement une part de leur vérité. L’Ombre, privée de son pouvoir, s’effondra dans un hurlement déchirant.
Lorsque le calme revint, le groupe trouva une pierre cristalline au cœur des débris de l’Ombre. Ce n’était pas un cristallin, mais une clé. Camille, tenant la pierre, sentit une chaleur douce émaner d’elle.
— « Une autre porte nous attend, » dit-elle, la voix teintée d’un espoir nouveau.
Alors que Camille serrait la pierre cristalline dans sa main, une chaleur familière se propagea dans son bras, mais cette sensation s'accompagna d'une ombre fugace, comme si quelque chose ou quelqu’un observait depuis les ténèbres. La lumière projetée par la clé éclaira brièvement le chemin à suivre, révélant un escalier en colimaçon qui semblait descendre sans fin.
— « C’est étrange… Cette clé ne ressemble pas aux cristallins. Pourquoi ne pas nous avoir directement conduits à l’un d’eux ? » demanda Christopher, son pragmatisme perçant à travers le silence pesant.
— « Peut-être que nous ne sommes pas encore prêts, » répondit Jenny, les yeux toujours rivés sur l’étrange lumière. « Ces épreuves veulent plus de nous… Elles veulent que nous comprenions quelque chose avant de continuer. »
Léandre, plus calme qu’à l’habitude, fixa l’obscurité en bas de l’escalier.
— « Si elles veulent nous briser, elles vont devoir essayer encore plus fort. »
Ils descendirent les marches, leurs pas résonnant dans un écho oppressant. La sensation de gravité semblait changer, chaque pas s’alourdissant comme si le temps et l’espace eux-mêmes s’étiraient. Une fois au bas de l’escalier, ils se retrouvèrent dans une salle circulaire ornée de fresques anciennes.
Les murs racontaient une histoire étrange, mais incompréhensible au premier regard : des figures humaines agenouillées devant une lumière éblouissante, leurs traits disparaissant peu à peu, comme absorbés par cette source divine.
— « Ces fresques… elles racontent une transformation, » murmura Camille en s’approchant, ses doigts effleurant les gravures. « Mais est-ce une ascension ou une annihilation ? »
Au centre de la pièce se tenait une stèle de pierre noire, où la clé cristalline semblait s’ajuster parfaitement. Camille hésita, mais sous le regard attentif de ses compagnons, elle inséra la clé.
Le sol trembla, et un souffle glacial balaya la pièce. La stèle se mit à briller, projetant des éclats de lumière qui dansaient sur les fresques. Une voix éthérée, douce mais omniprésente, s’éleva dans l’air :
— « Vous cherchez la vérité derrière la beauté. Mais la beauté est un piège, un labyrinthe sans fin. Êtes-vous prêts à perdre ce que vous êtes pour toucher l’éternel ? »
Léandre se redressa, la mâchoire serrée.
— « Nous sommes prêts à tout. Montrez-nous le chemin. »
La lumière se concentra soudain au centre de la pièce, formant une silhouette floue. C’était une femme, ou du moins une approximation de femme. Ses traits étaient trop parfaits, ses mouvements trop fluides pour être humains.
— « Je suis une émanation de Myrithia, gardienne de ce qui est au-delà de la compréhension humaine. Votre quête des cristallins est une quête de l’infini, mais elle exige un prix : votre humanité, vos doutes, vos limites. »
Sans prévenir, la lumière se divisa en plusieurs faisceaux, chacun frappant un membre du groupe. Les faisceaux les plongèrent dans une sorte de transe.
Camille se retrouva seule dans une vaste bibliothèque où chaque livre portait son nom. En ouvrant un tome, elle découvrit des fragments de sa vie passée, mais les mots commençaient à s’effacer à mesure qu’elle lisait. Une voix susurra :
— « Chaque ligne effacée est un souvenir que tu perdras pour atteindre ton objectif. Que choisis-tu, Camille ? Ta mémoire ou ta quête ? »
Léandre se retrouva face à un atelier géant où ses œuvres les plus célèbres prenaient vie. Mais elles le fixaient, leurs visages animés remplis de reproches :
— « Tu nous as abandonnées. Nous étions ton immortalité, et tu nous as laissées mourir. »
Jenny se tenait sur une scène, sa harpe en main. Mais chaque fois qu’elle tentait de jouer une note, un cri déchirant résonnait. Une silhouette spectrale, semblable à elle-même, s’approcha.
— « Si tu continues cette quête, ton art deviendra un cri sans fin. Oseras-tu l’affronter ? »
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Carl K. Lawson
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NohGoa
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Chris LEVOYAGEUR
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Astrid.D
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DOM75
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