Fyctia

Je m’empresse de rejoindre M. Durieux dans son antre, la mine contrite.

— Madeline, c’est la troisième fois que vous êtes en retard cette semaine.

— Oui, excusez-moi, monsieur Durieux. J’étais à l’heure pourtant, mais impossible de trouver une place de stationnement. Je me suis mise à la recherche d’un emplacement dans la rue, en pure perte. Finalement, j’ai dû me résoudre à me garer sur le parking de Forcia assurances, et vous savez comment ça se passe quand on se gare sur leurs places.

L’attaque est la meilleure des défenses…

Son visage se chiffonne, il prend un air ennuyé. M. Durieux connaît bien les problèmes de parking pour en avoir récemment fait les frais. Et malgré son attitude parfois revêche, il est au fond assez compréhensif. La cinquantaine bien tassée, notre chef de service se montre en général plutôt paternaliste envers nous. Il est sévère, mais bienveillant.

— Oui… Ce problème de stationnement commence vraiment à devenir problématique.

Je hoche vigoureusement la tête.

— Je vais faire remonter l’info à la direction. Très bien, Madeline, c’est bon pour cette fois, mais essayez d’arriver un peu à l’avance à l’avenir. De cette manière, le parking ne sera pas encore plein.

— D’accord, monsieur. Je vais faire un effort.

— Bien, vous pouvez retourner à votre poste.

Je le salue brièvement et prends la fuite. Lorsque je réinvestis notre espace de travail, Riri, Fifi et Loulou me dévisagent, dans l’attente d’un compte rendu de mon entretien. Je m’écroule sur mon fauteuil et pousse un soupir bruyant.

— Alors ? lance Ludivine.

— Ça va pour cette fois. J’ai juste eu un carton jaune. Mais au prochain retard, il ne se montrera pas aussi compréhensif.

— Tu as eu des problèmes sur la route ? enchaîne Dieudo.

— Non, je ne trouvais pas mes clés de voiture ce matin et ensuite, plus de place sur le parking.

Ils grognent tous les trois. Je pense que nous avons tous rencontré ce problème un jour ou l’autre.

Je m’empresse d’allumer mon PC et de lire mes e-mails pour vérifier ma charge de travail du jour. Nous collaborons presque exclusivement avec le service commercial. Toute la facturation dépend des clients qu’ils parviennent à attirer et fidéliser. J’ai reçu une dizaine de messages, principalement de Sarah et Erika, les commerciales dont j’assure le suivi des ventes. Je me mets aussitôt au boulot tout en écoutant les conversations de mes collègues qui planifient leur week-end.