Vie d'écriture Mon désir, ma foi ou toi Chapitre 21 – partie 4

Chapitre 21 – partie 4

Comme toujours, je m’étais empressée de raconter à Ève mes pensées et mes désirs récents. Je continuais de me confier à elle, cependant j’appréciais de moins en moins nos discussions intimes. Je la sentais réticente, elle me jugeait sans cesse, et me reprochait tant de choses que j’avais l’impression d’être une délinquante. Lorsqu’elle apprit que j’avais engagé Euan, elle ne se réjouit pas. Bien au contraire. Elle émit tant de réserves, que je ne sus plus où donner de la tête. Était-ce de la jalousie ? Je n’avais pourtant pas l’impression de la délaisser au profit de Dhaniel ou d’Énit. Se sentait-elle menacée par l’arrivée d’Euan ?


— Vous ne le connaissez même pas, tentai-je d’argumenter après avoir reçu toutes ces critiques.


— Vous non plus, madame. Une fois encore, vous foncez tête baissée sans même prendre le temps d’analyser la situation. Vous connaissez à peine ce Dhaniel et vous m’avez raconté tant de choses déconcertantes à son sujet que je ne peux qu’être méfiante. Et voilà qu’à présent il vous présente l’une de ses connaissances pour vous « protéger ». Ne voyez-vous pas que tout ceci est louche ?


Je détestai quand les gens mimaient des guillemets pour me parler. Mon quotidien intellectuel dépassait celui de bien des Ordinaires, je n’avais pas besoin de gestuelle superflue. Mon impatience grandissait à vue d’œil.


— Qu’allez-vous donc chercher ? Pensez-vous réellement que l’un ou l’autre me voudrait du mal ? Ils sont tous les deux certifiés du CESGR. Et Euan a servi mon oncle…


— Et le Régent l’a congédié…


— Coupez-moi de nouveau la parole, Ève, et je vous assure que notre discussion sera tout autre. N’oubliez pas à qui vous parlez ! Je disais donc, Euan et Dhaniel ont été vus en entretien par des Hauts-gradés de confiance et par mon oncle, lui-même. Vos spéculations ne sont pas des arguments recevables.


— Madame, je vous en prie ! Je dis ceci pour votre bien. Ne soyez pas si crédule. Votre sécurité dépend de deux hommes qui se connaissaient avant d’arriver au service de la couronne. Deux hommes qui enfreignent les limites du protocole à bien des égards.


— N’enfreignez-vous aucune règle en me parlant ainsi ? Cela fait-il de vous quelqu’un de dangereux pour moi ?


— Vous comparerez l’incomparable…


— Ne confondez pas vos actes avec les miens ! l’interrompis-je sans même prendre la peine d’écouter ce qu’elle avait à dire. C’est vous qui agissez de la sorte. Pour préserver notre amitié, il vaut mieux que nous cessions de discuter aussi intimement ces prochains jours. Vous ne semblez pas prête à écouter ce que j’ai à dire, et je ne suis pas prête à supporter cela. Vous ne voulez pas m’entendre, eh bien tant pis. Ne me faites pas perdre davantage de temps ! Si vous voulez bien terminer de me préparer, on en restera là pour aujourd’hui. Je dois sortir avec mes dangereux gardes du corps.


J’étais terriblement vexée. Je permettais à Ève des libertés que je refusais à tout autre. Cependant, elle allait trop loin. J’entendis des cris, des hurlements. Un bourdonnement aussi fort que fugace me fit trembler. Une projection rouge sang voila mon regard un instant. Je me mordis l’intérieur des joues. Un gout métallique explosa dans ma bouche. Tout disparut.


Ève s’était toujours montré présente pour moi, certes, en revanche, je ne tolérais pas l’insulte. Le fait qu’elle remette sans cesse mes agissements en doute me peinait. Elle n’avait de toute évidence pas confiance en moi, et je n’avais pas envie de faire semblant avec elle. Elle comprit qu’elle avait franchi la limite, car elle se tut et continua de m’habiller sans rien ajouter.


Dès qu’elle eut terminé, je lui fis comprendre que je ne désirais pas sa présence auprès de moi plus longtemps. Pour la première fois, je ne décolérais pas. Nous avions toujours été toutes les deux contre ceux qui pensaient et disaient du mal de moi. La voir tenir ce mauvais rôle m’était insupportable.


Je la raccompagnai à la porte de mes appartements. Allai-je la retenir ? Malgré mon irritation, j’en avais envie. Je n’en fis rien. Lorsqu’elle sortit, elle lança un regard plus que mauvais à Dhaniel. Il le lui rendit. S’étaient-ils parlé en mon absence ? Lui avait-elle reproché ses actes ? Le regard qu’ils se lancèrent semblait rempli de sous-entendus.


Elle secoua la tête, puis me tourna le dos pour descendre l’escalier. Elle m’avait tourné le dos. J’avais dû lui faire énormément de peine… Aurais-je dû ? Non ! Stop ! Je me repris. Tout le monde me manquait assez de respect depuis la mort de mes parents. Puisque j’avais trouvé mon courage, je ne me laisserais plus jamais faire !


Je rentrai. Les garçons refermèrent la porte derrière moi. Devais-je appeler mon Tom ? Non. Il ne me serait d’aucune aide pour me calmer. J’avais besoin de penser à de jolies choses. J’avais besoin de bonne humeur. Euan !


— Euan, appelai-je en ressortant. Entrez un instant, je vous prie. Non, pas vous, Dhaniel. Juste votre collègue.


Dhaniel me dévisagea, l’air trahit, jusqu’à ce qu’Euan referme derrière lui, cette fois-ci. J’allais enfin pouvoir discuter avec mon nouvel ami. J’avais bien envie qu’il me prête un peu de sa joie de vivre.


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