Fyctia
20) Ça craint l’insconcient
— Voulez-vous bien vous installer ?
Une silhouette de fantasme me susurre à mon oreille comme un mot doux, se penchant vers moi. Il me mène à son siège du désir et de l’attraction.
À mon grand étonnement, je me laisse guider. Il me fait signe de m’asseoir à tel endroit. Il se met en avant, préparant l’enfoncement à travers le tunnel.
L’élan de tendresse me submerge et je réponds avec engouement.
— Avec plaisir. J'entre.
Le mouvement se fait lent puis s’accélère tout doucement. Allant vers l’avant.
Je suis projeté avec grande force contre son dos et me voilà propulsé parmi une stratosphère de plénitude.
D’abord, allant droit au but. Puis, se tournant, se détournant, cette danse m’encercle. Le battement de mon cœur va à roues libres, ne se réfrénant dans rien.
Je ne vois qu’une ombre de sourire l’accueil se fait avec intensité. Si on a le ticket, le plaisir de donner n’a aucun prix pour se laisser choyer. Je tends les bras vers l’autre, m’agrippant à une rame d’extase. Je laisse la brise me délivrer quelques baisers sur ma peau. Et puis, je m’abandonne au délice. Je me fonds dans le noir.
*** ***
Encore dans les vapes, je tâte le sol, essayant de trouver un appui à mon existence sans rêves. Á ma réalité.
Dure nuit...
Qu’est-ce que mon sommeil m’a apporté au juste ? Je ne me souviens plus exactement. En tout cas, ce devait être une montagne russe émotionnelle. Je suis tout pantelant. J’ai l’air d’un zombie qui s’est fait prendre par Rick Grimes dans The Walking Dead.
Bon dieu que j’ai besoin d’un café !
*** ***
Un café, un café, un café...
Mes neurones me harcellent.
Bien secoué, bien secoué, bien secoué....
Ils débloquent cette fois. Un café bien frappé ? Cela doit être ça. Parce que je n’ai jamais entendu parler de café secoué. Pas avant ce matin quoiqu'il en soit.
Chaud bouillant, chaud bouillant, chaud bouillant...
Mes neurones me susurrent. Il faut savoir. Soit je le prends secoué et glacé comme un esquimau. Ou intense et chaud bouillant comme un latino.
... ....
Silence cérébral. Ça bugue en haut. Pas étonnant que je trébuche et que je prends la commode Louis XV. Celle-ci vacille comme une jeune fille en pamoison.
Ah ! Ce n’était plus ce que c’était le mobilier d’antan.
Me dirigeant vers ma cuisine dans l’aile droite de ma demeure, je me décide à prendre plutôt un Kopi Luwak. Les asiat' ne m’ont jamais déçu.
Je soupire en descendant mon escalier et croise mon majordome, à moitié penché devant l’entrée.
— Salut, Nestor ! Comment ça va dès le matin ?
Il se retourne un peu précipitamment à mon goût mais je laisse couler le flot de paroles là où il faut.
— Comme ci comme ça. Des soucis plein la tête mais allant toujours de bon cœur.
Je me demande quand même. Il a l’air inquiet d’un Calimero qui s’est volé sa coquille à une sortie de classe verte.
— Votre Agathe est toujours aussi mal ?
— Je ne dirais pas ça. Certes, elle a des haut-le-cœur. Malgré cela, elle est en pleine rémission.
— Et votre petit Gaston ?
— Dans la force de l'adolescence. Hier encore, il était entrain de conter fleurette à une jouvencelle.
— Bien. Ai-je du courrier ?
Et c'est là qu’une ombre s’immisce dans son regard. Elle disparaît aussitôt. Me la serais-je imaginé ?
— Oui, tenez.
— Et celle-ci...
Je désigne une lettre que l’homme rustaud a encore en main.
— C’est que...
L'air chagriné, ce dernier hésite et la cache derrière son dos.
Bon dieu ! On ne va pas jouer à attraper le foulard.
— Donnez-la -moi, Nesty !
Ce surnom et ce ton impérieux le décident enfin à la tendre vers moi. Je la prends et fronce des sourcils. Les armoiries et le sceau familiaux y sont inscrits.
Non, ce ne peut-être pas être lui et pourtant... Bon dieu ! J’ai besoin d’un café et un bon qui me colle à la glotte. Très costaud, serré et bien dosé en alcool. L’Asiat’ aura le mérite de m’hérisser tout ce qu’il faut.
*** ***
Pause pipi, pause pipi...
Ah ! Mes petites cellules grises re-fonctionnent de nouveau.
Journée de merde ! C’est la poisse !! Pile à l’instant où j’ai versé mon café !!!
Le bruit d’une fontaine qui s’égoutte et, ensuite, plus rien. Hop ! Je rentre mon mastodonte dans le caleçon.
Mince, j’ai visé à côté ! Pas grave ! Si ce n'est moi, quelqu’un nettoiera après. En plus, de la salle d’eau des invités.
Oubliant vite ce constat, je déambule hors de la buanderie et me prends le coin du garde-manger.
Bon dieu ! Je devrais faire rénover cette cuisine. Trop collée-serrée avec l’arrière-cour. Trop massive. Trop étroite. Saleté de grand-père haut comme une grue.
Je me dirige vers l’espace des chefs.
Et là, je vois un intrus sur le plan de travail. Sans tarder, l’écume me monte aux lèvres.
— Mon raton ! Qu’est-ce que tu fais ?!
Le fautif se retourne, évite de justesse le coup de Boardwalk Journal et s’éloigne vers le séjour.
Il y a une petite flaque brunâtre sur le granit qui me fait tilter. Avec précipitation, je m’appuie sur le marche-pied et m’attable.
Mon café ! Et ma lettre à côté. Elle est tâchée.
Ne me tromperais-je en disant que c'est un sale fils de... ragondin ?
7 commentaires
Gottesmann Pascal
-
Il y a 5 jours
loup pourpre
-
Il y a 5 jours
Passions-Fictions-Laëti
-
Il y a 5 jours
loup pourpre
-
Il y a 5 jours
Catherine Domin
-
Il y a 6 jours
DOM75
-
Il y a 7 jours
loup pourpre
-
Il y a 7 jours