Fyctia

MARIA

— Pour toi, il lève le sac plastique en hauteur.

Oh. Il a remarqué mon bras blessé. Je fais volte-face et quitte la pharmacie, sentant me suivre. Une fois dehors, à l'abri des regards, je me tiens devant lui.

— Pourquoi ?

Il lève un sourcil.

— Tu m'as blessé et maintenant, tu veux me soigner ? j'ajoute.

— Sorry, il hausse les épaules.

— Pas de "sorry".

Il s'est comporté comme une brute et maintenant, il joue l'innocent.

— Je ne veux pas de tes médicaments.

Puis je le dépasse pour retourner à la pharmacie. Mais il attrape mon bras meurtri, je laisse échapper un "aïe" et il retire aussitôt sa main.

— Merde, dit-il.

— T'es con, je masse doucement à cet endroit.

— Viens dans la voiture, je vais te mettre de la crème.

— Non, je veux pas.

— Si. Tu vas venir, parce que tu ne pourras rien acheter sans ça, il agite mon porte-monnaie en l'air.

J'écarquille les yeux et touche ma poche là où elle devrait être. À quel moment il me l'a piqué ?!

— En plus, t'es un pickpocket.

Il sourit et cette fois-ci, c'est lui qui me dépasse.

— Allez, viens ! Sinon, tu ne verras plus jamais ton beau porte-monnaie, s'assure-t-il tout en s'éloignant de moi.

Il se dirige vers sa voiture et par dépit, je le suis. Il monte à bord et je fais de même.

— Montre ton bras, il fouille dans le sachet.

— Tu sais, je peux le faire seule, l'informe en tendant ma main.

— Je t'ai blessée, donc j'assume la responsabilité de prendre soin de toi.

Prendre soin de moi ? Il en fait trop pour un simple hématome.

— Je ne veux pas que tu me touches.

— Imagine-toi que je suis un médecin qui va traiter ta blessure avec délicatesse.

Ouais, il exagère vraiment... J'ai remarqué que quelques secondes plus tard que mes lèvres se sont étirées. Il m'énerve ! Même lorsque je suis sérieuse, il parvient à me faire sourire inconsciemment. J'ai aussitôt cessé de sourire.

— Je t'ai vue sourire, fait-il la remarque. Allez, ramène ton bras.

Il ouvre le bouchon d'une pommade et applique une petite noisette de crème sur son doigt. On dirait bien que je n'ai pas le choix. Je le regarde avec mépris et approche mon bras gauche.

— Putain, t'a un gros bleu.

— Je me demande bien à cause de qui ! je rétorque d'un ton insolent.

Il me met la pommade, au premier contact, je frissonne, car la crème est froide, mais aussi à cause de son toucher. Il applique si doucement et bien que je ne ressens aucune douleur. Je l'observe appliquer la crème.

— Je te fais mal ?

Je ne veux pas dire non, alors j'affirme le contraire en hochant la tête et il fronce les sourcils.

— Pourtant, je suis un excellent médecin.

Il continue à masser le produit avec concentration. Je pouffe de rire en le trouvant mignon. Il s'y croit tellement dans son rôle de médecin.

— Tu te fous de moi, il esquisse un sourire.

Je suis étonné du changement de son comportement. Il avait l'attitude d'une brute avec Anissa, et à présent, il agit comme la personne la plus gentille et la plus attentionnée au monde. Bizarrement, je me sens tout de même à l'aise en sa présence.

— Tu es bipolaire ?

Il termine d'appliquer.

— Non, pourquoi cette question ?

— Tu n'es pas du tout la même personne.

Il range tout et finit par me regarder dans les yeux.

— Mon comportement avec toi et l'autre n'est pas semblable, et c'est normal.

J'avale ma salive difficilement. Son regard est franc.

— Ah, ouais et pourquoi ? je réponds du tac au tac.

— Tu es trop précieuse... Bon, je te dépose.

Précieuse ?

Il est prêt à démarrer la voiture, mais je l'interromps.

— Zaïm, qui es-tu vraiment ?

Je ne sais pas pourquoi, mais je voulais tant lui poser cette question : qui est-il réellement ? Il adopte cette attitude mystérieuse et inaccessible, mais je n'aime pas les secrets et parler avec quelqu'un dont je ne sais rien, c'est frustrant.

Il se tourne vers moi et prend mon menton tout en rapprochant ma tête de la sienne, puis ses yeux se baissent tout doucement vers mes lèvres.

Je commence à ressentir des picotements au niveau du ventre. Le même effet qu'hier sur le Yacht, mais cette fois-ci deux fois plus.

Et puis il y a ce parfum, qui m'empoisonne à chaque fois quand je suis tout près de lui. Cette agréable odeur me caresse le nez. Bien qu'il fume assez souvent, il parvient étrangement à ne pas porter cette senteur persistante de tabac.

Je me suis soudainement souvenue de cette nuit dans la voiture avec Farid, qui a essayé de m'embrasser, mais je n'ai rien ressenti pour lui. En revanche, avec Zaïm, j'en ai envie et je m'en veux.

— Tu le sauras bientôt, prononce-t-il.

Il lève les yeux et me lâche pour démarrer la voiture. Je sens mes joues s'empourprer. Je me replace bien sur mon siège et j'attache la ceinture sans broncher. Je suis gênée, je voulais vraiment qu'il m'embrasse. Est-ce ça une attirance physique ? C'est très dangereux. Et pour le coup, c'est moi qui ai besoin de méditation pour calmer mes désirs.

Quelques minutes après, nous arrivons à destination. J'ouvre la portière quand Zaïm prend la parole :

— Tu diras aux autres que j'ai une affaire urgente, je ne pourrais pas être là.

De quel genre d'affaire doit-il s'occuper ? Il me tend le sachet que je saisis.

— Applique, matin et soir, tu as un antidouleur si la douleur persiste et j'ai remis ton porte-monnaie dans ta poche, il me fait un clin d'œil.

Je touche ma poche et il est bien là. Je roule des yeux.

— Tu es un pro des voleurs, dis-je en sortant de la voiture.

Il quitte sans attendre. Nous n'avons même pas terminé notre conversation.