Fyctia
Le bonheur de la retrouver
Charlie
Mon frère ne trouve plus ses mots face à celle qu'il considérait comme sa petite soeur.
Et c'est rare.
Lui qui est un vrai moulin à paroles en temps normal.
Personne ne me croira.
Pourquoi mon téléphone était rangé dans ma poche, au lieu d'être dans ma main en train de filmer cette scène d'anthologie.
Je souris en voyant mon ainé à court de mot.
Julien nous aime, mon frère et moi, mais sa relation avec Alia est différente. Profonde.
Elle a vraiment une place à part dans son coeur.
Dès leur première rencontre, j'ai eu l'impression que c'était eux contre le monde. Cela m'a dérouté et puis leur complicité m'a rassuré.
Mon frère avait enfin trouvé une partenaire de crime et de connerie. Lien qu'il a cherché sa vie entière.
Enfin il allait nous fiche la paix.
Quand Alia est entrée dans ma vie, elle est également entrée dans celles de mes deux grands frères, Julien et Antoine et de mes parents.
Mes pauvres parents ont été entourés de fils toutes leurs vies, alors vous imaginez bien la joie qu'ils ont eu en rencontrant Alia et sa famille.
Granina.
Que dire de cette grande dame qui m'a accueilli les bras grands ouverts.
Elle n'avait pas sa langue dans sa poche, mais c'était un véritable amour.
Elle vous mettait à l'aise en moins de dix secondes.
J'aurais tellement aimé lui dire au revoir et lui dire que je prendrais soin de sa poupée.
Je n'ai jamais compris pourquoi elle l'appelait de cette manière, mais quand elle le prononçait, on ressentait l'amour qui les unissait toutes les deux.
Mon dernier souvenir de Granina, c'était devant chez elle quelques jours avant sa mort? J'étais venu chercher Alia et je chargeais sa valise dans mon coffre quand elle m'a interrogé.
C'était quoi sa question déjà ?
Ah.
"Tu as bien pensé à prendre tes moules cacahuètes pour que les grands-mères en prennent plein les yeux mon grand ? "
Je n'ai pas su lui répondre tant je rigolais.
Granina et ses moules cacahuètes, c'était une grande histoire d'amour.
Robert, ce très cher Roro.
Il a toujours tenté de nous tuer, moi et les miens.
Je suis passée un centimètres de me faire transpercer mes cacahuètes.
Et puis le troisième larron de leur quatuor infernal, Damian...
Que dire de lui.
Ma taupe, mon espion depuis un an maintenant.
Mon ami.
Le meilleur.
Quand Alia m'a quitté en Polynésie, j'ai contacté la seule personne qui pourrait m'aider à comprendre et mon ami a répondu présent, pour nous deux.
Il a soutenu sa meilleure amie dans les épreuves qu'elle a dû affronter et m'a aidé à préparer ce voyage surprise.
Pour Alia, c'est le frère qu'elle n'a jamais eu et avec la mort de sa grand-mère, il reste sa seule famille.
Quand elle m'avait exposé sa volonté de partager la maison de Granina avec lui, j'ai vu ses yeux briller de joie. Elle voulait lui offrir cette opportunité.
Ils auraient ce bien en commun. Ce lien indéfectible.
Elle voulait tout partager avec lui. Le meilleur comme le pire.
Quand j'ai pu obtenir un vol après son départ, trois jours s'étaient déjà écoulés.
Trois jours qui ont changé la vie d'Alia à tout jamais.
Damian m'avait appris le décès de Granina par message et m'avait expliqué que l'amour de ma vie était anéanti après la mort de son ange gardien.
Elle l'a toujours considéré comme tel.
Après la mort de sa mère, sa grand-mère l'a comblé en tous points. Elle l'a aimé et soutenu dans tout ce qu'Alia a entrepris et cet amour rayonnait chaque jour.
Avec le réveillon et Noël, l'enterrement a eu lieu, le 27 décembre.
Je suis passé devant leur maison le 25 et Alia et Damian avaient déjà déménagé.
Notre ami avait été pris au dépourvu avec Alia. Tous les souvenirs lui revenaient en mémoire et elle a craqué. Ils ont logés tous les deux plusieurs jours dans un hôtel, puis ont mis en vente la maison.
Compte tenu de l'état d'Alia, j'ai assisté aux obsèques de sa grand-mère, avec ma famille sans qu'elle s'en aperçoive.
J'ai vu la femme que j'aime s'effondrer au sol, en pleurs sans pouvoir bouger devant la pierre tombale de sa mère et de sa grand-mère.
Mes frères m'ont soutenu et m'ont empêché de la rejoindre.
Ils se sont mis à deux pour me retenir.
Et puis c'est le visage de ma mère en pleurs qui m'a fait réaliser que je ne pouvais rien faire pour le moment.
Ce n'était pas le bon moment.
Son frère de coeur était aux côtés de la femme de ma vie pour l'aider à se relever, comme toujours.
Mon coeur a été rongé par la douleur de ne pas pouvoir l'épauler, mais elle n'était pas seule.
Damian n'a jamais dit à Alia que nous avions assisté aux funérailles de Granina. C'est ce que nous avions convenu tous les deux.
Après ses salutations, somme toutes classiques, Alia baisse les yeux au sol, puis inspire et expire calmement en fermant les yeux.
Il est possible que je passe pour un monstre, mais en cet instant, la gêne d'Alia me satisfait.
Non pas que je sois sadique de la voir dans une position qui pourrait la mettre mal à l'aise.
Ce n'est absolument pas ça.
Je suis juste heureux de voir Alia devant moi, aussi resplendissante qu'il y a un an et de constater que notre histoire n'est pas encore terminée.
Si tel était le cas, elle ne réagirait pas de cette manière.
Alia est très expressive donc si elle était vraiment détachée de notre histoire comme je l'ai imaginé de trop nombreuses fois, elle m'aurait affronté du regard et son professionnalisme aurait fait le reste.
Face à cette porte ouverte, je ne peux que tenter ma chance.
J'ai six jours pour reconquérir l'amour de ma vie.
Satisfait de la réussite de la première partie de mon plan, je me tourne et pars m'assoir sur l'un des dix sièges du jet. Julien quant à lui ne sait plus quoi dire ou faire.
Alia relève la tête, lui sourit timidement, puis passe devant moi pour aller en queue de l'appareil.
- Tu as vu ça petit frère, dit alors Julien en prenant place à mes côtés, avant de m'asséner un coup dans l'épaule. Elle est toujours aussi belle. L'avoir en face de moi me fait réaliser à quel point elle m'a manqué. Mon double maléfique est de retour.
Alia est vêtue de la tenue de la compagnie pour laquelle elle a travaillé quelques années et que je lui ai vu porter une bonne centaine de fois.
Un chignon bas m'a empêché de voir si ses cheveux châtains naturellement ondulés, lui arrivent toujours en dessous des épaules.
Damian m'a expliqué que cette nuit avait été très arrosée, ce qui doit expliquer la tonne de maquillage qu'elle arbore aujourd'hui.
Habituellement, elle ne se maquille pas. Elle applique juste de l'huile de coco sur son corps et un sérum et une crème sur son visage. Rien de plus.
Ses yeux noisettes qui transmettent toute sa sincérité m'ont manqué.
Son nez fin, ses fossettes qui apparaissent quand elle rit trop, ses lèvres pulpeuses complètent son visage parfait.
C'est un vrai bonheur de le revoir autrement que sur des photos.
Mais bonne nouvelle : Elle est avec nous et ne pourra pas nous fuir de sitôt.
1 commentaire
Beryl L
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Il y a 14 jours