Caroline M-P Mon beau cactus, roi du salon POURQUOIIII (3)

POURQUOIIII (3)

Alia

Affolée par la révélation de Damian, la compagne de mon ami regarde tout autour d'elle, avant d'ancrer son regard au mien.


Elle se met à rire, ce qui est flippant. C'est un rire à en faire vibrer les fenêtres. Il est nerveux, presque fou.

C'est évident qu'il n'est pas humain.


Ce serait bien si elle pouvait quitter notre appartement, parce que son comportement m'inquiète.


- Arrête tes conneries Damian. Tu veux me faire croire, qu'elle là, dit-elle en me pointant hargneusement du doigt, elle est riche. Regarde la bien franchement. Ses fringues, sa coupe, son apparence.


Elle rit de plus belle.


Je ne sais pas comment je dois prendre sa description, mais c'est vrai qu'à proprement parlé, je n'ai jamais eu d'argent.

Mon père a quitté ma mère pour une autre femme, alors qu'elle était enceinte de moi.

Il est mort quelques mois après ma naissance.

Certainement le karma.


A la mort de ma mère, l'unique enfant de ma grand-mère, Granina m'a recueilli et élevé.

Auprès d'elle, je n'ai jamais manqué de rien.


La seule richesse qu'elle avait, c'était sa maison, achetée il y a plus de cinquante ans à Montreuil et qu'on a pu revendre une fortune avec mon co-donataire.


Malgré tous les bons souvenirs que nous avions avec Damian dans cette maison qui a nous a vu évoluer, il était trop dur de la conserver. La présence de Granina faisait de cette maison, notre foyer à tous les deux et sans elle, c'était juste quatre murs avec un toit.


Ma grand-mère n'était pas du genre à s'attacher aux biens matériels.

Elle a conservé sa maison pour nous constituer un capital au jour de son décès.

C'est ce que nous a appris son testament.


Je reprends mes esprits quand l'autre - il faudrait que je demande son prénom, mais ce serait trop dangereux pour moi - se dirige à grandes enjambées vers moi.

Sa main tendue en avant, telle une enragée.

Veut-elle m'étrangler ? Me couper les cheveux ?

Qui peut le dire ?


Damian la rattrape et apeurée par ce dernier, l'autre dévie de sa trajectoire et se vautre lamentablement sur Robert.


Horrifiée par la scène, je hurle :


- Robert, comment tu vas mon vieux ?


Je suis un monstre, mais Robert est un membre de ma famille et il passe avant celle dont je ne connais même pas le prénom.


Damian quant à lui semble surpris de la tournure de la scène et cesse de marcher.

Ses grands yeux sont écarquillés face au spectacle qui se joue devant lui.


Sa compagne se débat tant bien que mal, avec les piques que Robert a planté sur l'entièreté de son tronc.


Qui s'y frotte, s'y pique, dit-on.

Je ne peux qu'approuver aujourd'hui.


- Vous êtes des grands malades !!!


Dit celle qui s'est jeté sur le pauvre Robert sans défense.


Il faudrait peut-être se regarder dans la glace avant de parler.


- Lola, ta gueule et sors. C'est fini entre nous. Je ne veux plus rien à faire avec toi. Je ne te raccompagne pas à la porte, tu sais où elle se trouve.


Putain, c'était Lola son prénom.

J'avais au moins le A de la fin.


La fameuse Lola me jette un regard noir et je ne peux pas retenir plus longtemps, les larmes de rire qui menaçaient de couler.


Quelques secondes plus tard, Lola recouverte d'épines, claque la porte derrière elle.

Je n'ose pas imaginer le regard des personnes qu'elle va croiser dans la rue.


- Robert a toujours raison, dit alors Damian en allant lui caresser les piques.


Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce que me dit mon ami.


Face à mon incompréhension, Damian me sourit tendrement, avant d'ajouter :


- Le test de Roro. Elle ne l'a pas passé.


NON.


A ma mine déconfite, mon ami rit à gorge déployée et se plie en deux.


- Tu croyais vraiment que je ne t'avais pas vu faire. C'est toi qui a commencé ce rituel Alia, alors assume, ajoute Damian à bout de souffle tant il rit.


Je ne peux pas le contredire, parce que c'est la stricte vérité.


Seul mon ex, Charlie, a passé brillamment ce test.

Les trois hommes que j'ai ramené cette année ont été éliminés d'office par Robert.


Il faut dire qu'il a des critères élevés pour un cactus.


Je crois que Lola a raison, avec mon complice de toujours, nous sommes des grands malades. Alors je me joins à lui dans sa crise de rire et le prends dans mes bras.


Les guirlandes lumineuses clignotent sur Robert et je ne peux m'empêcher de penser à ma grand-mère. A travers Roro, je suis intimement persuadée qu'elle veille toujours sur nous, même si elle n'est plus auprès de nous.


Je t'aime Granina.

Tu me manques.


Ce deuxième Noël sans toi va encore être affreux.






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