Fyctia
Prologue
- Robert. Oh punaise de punaise. Lâche moi immédiatement ou je ne réponds plus de mon arme mon grand.
Mes cheveux sont emmêlés dans Robert et la position actuelle de mon corps, ne me permet pas de mettre à exécution ma menace.
Il a bien préparé son plan ce petit saligaud.
Pourtant armée et prête à en découdre, je ne pourrais jamais sacrifié mon plus vieil ami. Surtout pas pour mes cheveux, devenus indomptables au fil des années.
Je pose délicatement mon couteau à beurre en signe d'apaisement, sur le petit coin de table que j'arrive à atteindre, avant de tenter de me retourner, sans m'arracher la totalité des cheveux de mon cuir chevelu.
Quelle idée j'ai eu de venir regarder par le fenêtre aussi. Surtout à côté de lui.
- Alia, tu joues à quoi ma grande ?
A saute mouton pardi. Comme si cela ne se voyait pas.
Granina, ma grand-mère se tient droite devant moi, les mains sur les hanches en signe de sévérité qui ne la caractérise absolument pas. Je ne suis pas tournée vers elle, mais son reflet dans la vitre agit comme un miroir.
A ses yeux à demi fermés, je devine qu'elle se retient de rire de ma situation.
Ses yeux paraissent si humides que j'ai peur qu'elle en perde ses lentilles.
Continue à bien les plisser surtout. Il faut éviter la fuite de tes amies.
Soupirant de frustration, je tente de me décrocher par mes propres moyens.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de jouer avec Robert.
Comme si c'était ma volonté sérieux.
Il n'est même rigolo, ce Roro.
- Crois moi Granina. Je ne voulais pas jouer avec ce mauvais joueur de tricheur.
Elle m'adresse son plus beau sourire avec ses fausses dents et ce que je craignais qu'il arrive, arrive. Ses magnifiques yeux bleus que j'ai tant envié au fil des années, ne peuvent plus contenir leurs larmes de rire.
En l'espace d'une seconde, une cascade dévale le long de ses joues, avant d'échouer sur son pull turquoise que j'ai toujours vu dans sa garde robe.
- Tu es mon rayon de soleil, ma poupée.
Je le sais parfaitement, parce qu'elle est le mien également. Sans elle, qui sait ce que je serais devenue.
Mon amour de grand-mère se rapproche de moi et entreprend de démêler ma tignasse de notre ami Robert.
Au bout de quelques minutes qui m'ont paru durer des heures, je me retrouve libérée de mon ennemi du jour. Je me retourne alors lentement vers lui et le jauge sévèrement.
Sale petit traître.
Ce maudit cactus a tenté de me garder auprès de lui, alors que dans moins de deux heures, je dois être à l'aéroport et retrouver Charlie pour partir en vacances en amoureux.
Six mois que je les attends, hors de question de passer à côté.
- Lia ?
- Oui Granina, je lui réponds en me tournant afin de quitter mon ennemi des yeux, pour mieux la voir.
- Tout est prêt ? me demande t'elle pour la quatrième fois aujourd'hui. Tes valises, ton passeport, ta petite lingerie coquine aussi ?
Je tousse bruyamment, à cause de l'air avalé de travers.
Hors de question que je parle petites culottes avec ma grand-mère. J'ai beau l'aimer de tout mon coeur, il y a des conversations qui ne doivent pas être abordées. Dont celle-ci.
- Tu sais de mon temps...
Oh la vache.
Les "De mon temps, c'est à dire lors de la seconde guerre mondiale, nous n'avions que des culottes de grand-mère en coton", ont bercé toute mon enfance, mais ce cycle doit cesser aujourd'hui.
A 25 ans, il est temps.
A mon regard revolver, Granina comprend le message et embraye sur autre chose :
- J'espère que ton Charlie a pensé à prendre ses moules cacahuètes pour que les autres femmes profitent de sa divine plastique.
Oh. Mon. Gode.
Elle ne compte rien m'épargner aujourd'hui.
Repose en paix ma petite santé mentale.
Elle n'a quand même pas osé dire ce que j'ai entendu contre mon gré, quand même ?
Plus jamais je ne pourrais regarder l'homme de ma vie de la même manière.
Merci Mamie.
Ces paroles me hanteront jusqu'à ma mort, j'en suis certaine.
Granina fière de sa bêtise, me sourit de plus belle.
Il faut que je m'éloigne d'elle, avant de perdre la raison et de m'enfermer dans ma chambre, pour ne plus jamais en ressortir.
J'embrasse ma grand-mère sur la joue, en lui rappelant à quel point je l'aime, puis saisis ma valise et quitte la maison que nous occupons toutes les deux en banlieue parisienne, avec le sourire aux lèvres.
Elle va me manquer, mais dix jours, ça passe vite.
3 commentaires
Océane Ginot
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Il y a un mois
Caroline M-P
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Il y a un mois
amashford
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Il y a un mois