Fyctia
Chapitre 16
Rachid : Je serais présent, quoi qu’il en soit !
Je relis les messages sur la conversation modo. Alfonso nous a tous tagués, mais étant trop occupée à travailler, je n’ai pas daigné lire. Pendant ma pause à midi, ma curiosité a repris le dessus et les tensions que j’éprouvais hier soir envers Sevan se sont apaisées.
Tant pis s’il n’a pas répondu. Je ne courrais pas après lui pour si peu.
Léane : Désolée, mais c’est trop loin pour moi. Peut-être une prochaine fois, si vous le faites plus proche.
Bec : Yep, ça roule. Quand ça ?
Maggie est la première à avoir répondu favorablement. Mais de quoi parlent-ils à la fin ?
Je tombe enfin sur le message initial. Forcément, le pseudo ne m’étonne guère.
Alfonso : @modos Yo les gros, rendez-vous chez moi pour une fête. Au programme : Alcool, musique et costume. Tout ça se passe à Saint-Tropez. Je donnerais l’adresse à ceux qui viendront. Donc tous, sinon je vous retire votre rôle de modo.
Sevan est en train d’écrire.
Je mordille ma lèvre inférieure, dévastée par la curiosité. La pastille de son pseudo s’est affichée tout en haut des serveurs. Il m’a répondu et je ne l’avais pas remarqué. Après tout, est-ce grave ? Il m’a fait poiroter toute la nuit, alors il poireautera encore !
Sevan : @Alfonso ça te ferait chier de préciser la date, enfoiré ?
Alfonso : My bad, pote !
Alfonso : @modos le 14 juillet, vous êtes tous là.
Ceux qui ont déjà répondu réitèrent leurs réponses assez vite. Seule Léane refuse. Pour elle, Saint-Tropez est trop loin de Montargis. Maggie, habitant à Nice, pourra se déplacer. Bec se déplacera de Toulouse spécialement l’occasion. Quant à Rachid, il sera en vacances à Toulon.
Pour ma part, je sais déjà où je serais. Et ce ne sera certainement pas chez Alfonso. Ma sœur habite à Cannes. Elle va me proposer de passer une semaine chez elle. Et après moult débats, je finirai par céder. Elle m’a déjà fait le coup. Je suis incapable de lui résister. Tom travaillera en journée ; les ventes augmentent en période estivale. Nous passerons des vacances entre sœurs. À nous les boutiques, les mojitos et les balades aux parcs avec son petit !
Sevan : @Alfonso Je te dirais plus tard si je peux. Je ne sais pas si je bosserai ou pas.
Étant barman, il risquera de travailler ce jour-là.
Sevan : Après rectification, je viendrais UNIQUEMENT si @Alyssia vient.
Quoi ?!
Mon cœur palpite à mille à l’heure. Pourquoi un tel revirement de situation ? Pourquoi m’utiliser ? Il sait que je ne viendrais pas.
Alfonso : Haha ! Elle ne viendra jamais. Donc je note ta non-présence. Merci pote !
Le fait qu’ils parlent en mon nom m’est égal. Ils ont raison. Je tiens tout de même à m’expliquer à mon tour.
Alyssia : Désolée, je serais en vacances à ce moment-là.
À la suite de mon message, Maggie s’enthousiasme pour la future soirée. Elle est invitée en vocal pour discuter en détail des modalités avec les autres invités.
Bon, il ne me reste plus qu’à replonger dans mon boulot. J’ai très bien avancé, j’aimerais continuer sur cette voie. Mais avant cela, lire le message de Sevan est presque obligatoire. Je mentirais si je disais que son contenu m’importe peu.
Je clique sur notre conversation. Mais pas le temps de lire ses phrases. Une fenêtre s’affiche où deux options s’offrent à moi.
Soit décrocher son appel, soit le refuser. La décision est vite prise, rongée par la curiosité.
— On montre une contre-soirée, lâche Sev d’une voix empreinte de gravité. On va leur montrer de quel bois on se chauffe ! On partagera tout en stories pour les agacer.
Pendant qu’il rêve à haute voix, je lis son message. Toute la colère que j’avais disparaît aussitôt.
Sev : Salut, merci, c’est super ! Tu assures grave. Tu en demandes combien ?
— Alors, t’es partante ?
— Non, balbutié-je intimidée. Je l’ai déjà dit, je ne serais pas disponible. Mais c’est gentil de proposer.
Un lourd silence s’abat entre nous. Mes pupilles relisent en boucle ses mots, tandis que mes doigts grattent mon cuir chevelu.
— Ah, souffle-t-il déçu par ma réponse. Dommage, on aurait pu s’amuser. Tu seras où en vacances ?
Garder l’information pour moi est décousu de sens. Je prendrai sûrement des photos que je posterai sur mes réseaux sociaux.
— À Nice, normalement et à la Guadeloupe.
— Eh bah ! Je n’aurais pas dû vanner ton job. Tu m’étonnes que tu bosses autant.
Loin d’envie d’entrer dans les détails, je garde le silence. Certes, ça devient gênant, mais les mots me manquent. Quant à aborder le sujet des scènes et des émoticônes, j’ai peur de paraître maladroite.
— Je te dérange ?
— J’allais retourner sur une commande.
Au lieu de comprendre un oui, il y voit là une opportunité à saisir. Je suis abasourdie par sa vision des choses.
— Tu me montres ? Tu me fais comme un tuto privé, sans rien m’expliquer ! Et sans que je comprenne quoi que ce soit.
Oh non. Je n’ai jamais bossé devant quelqu’un jusqu’à présent. Et c’est très bien ainsi.
— Par exemple, reprend-il sans attendre ma réponse, tu pourras me montrer comment tu as fait pour les scènes ! Histoire que je m’assure que tu n’aies pas piqué tout sur Internet.
Son audible humour m’ôte un lourd soupir.
— Tout vient de mon imagination.
— Okay, et c’est combien pour cette belle imagination ? Parce que je me doute que tu ne bosses pas gratuitement.
Je n’ai pas pensé une seule fois à ce qu’il me demande un tarif. Certes, c’est mon boulot, mais je lui ai créé par passion et envie.
— Ne t’en fais pas pour ça, réponds-je en lançant un partage d’écran d’Illustrator. Tiens, je te montre.
Comme j’aurais pu le parier, Sevan insiste avec lourdeur. À croire qu’il a vraiment changé de point de vue sur le boulot d’illustratrice !
— Je souhaite juste me faire pardonner une bonne fois pour toutes. J’ai merdé avec mon humour la dernière fois et puis… c’est normal de te payer.
— Tu y as réfléchi toute la nuit ? me moqué-je en sous-entendant le délai entre mon message et sa réponse.
— Euh non, j’étais occupé cette nuit. Pourquoi dis-tu ça ?
Allez, courage. Il faut que je crache ce que je retiens depuis ce matin.
— Tu étais connecté après mon message et tu n’as répondu qu’il y a dix minutes, marmonné-je en bougeant le stylet sur l’écran de la tablette graphique.
Sevan pousse un lourd soupir.
— Puisque je dois me justifier, mon frère m’a appelé. Il avait besoin d’aide. Alors j’y suis allé. Contente ? Maintenant, dis-moi ce qui te ferait plaisir en échange des scènes.
Okay, je reconnais que je suis très mal à l’aise. Jamais je n’aurais pu imaginer ça. Cela n’empêche pas un douloureux sentiment de malaise s’insinuer en moi. Il faut à tout prix que j’apprenne à être plus patiente !
— D’acc. Mmh… ce qui me ferait plaisir…
— Moi ?
Je roule des yeux, amusée.
— De jouer à un jeu ! Il est coop et vu que je suis seule…
— Allez, je me dévoue, ma belle. On y joue quand tu veux.
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JennyLY
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Il y a 3 ans
E.S Line
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Il y a 3 ans
cwedenn
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Jess Swann
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AxelleR
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Il y a 3 ans