Fyctia
Chapitre 3.3
Je manquai trébucher plusieurs fois en grimpant l'escalier. Arrivé au premier étage, je courus jusqu'à la pièce où je pensais avoir entendu les cris, soit la chambre que Mademoiselle Chase occupait pour dormir. J'allumai la lumière et trouvai cette dernière par terre, en train de se redresser.
-Est-ce que tout va bien ? demandai-je en accourant vers elle pour l'aider.
-Je crois...
-Que s'est-il passé ? J'ai entendu des cris.
-Oui, j'ai crier quand je suis tombée. Quelqu'un m'a poussé.
-Quelqu'un ? Il y avait quelqu'un d'autre dans cette pièce ?
-Oui. J'étais en train de faire un ronde dans la chambre, quand quelqu'un m'a attrapé par le bras avant de me pousser violemment contre l'armoire, et puis je suis tombée.
Elle me montra son poignet sur lequel on voyait déjà apparaître des traces de doigts.
Je regardai ensuite derrière moi, vers la porte.
-Je n'ai pourtant croisé personne en montant.
-Je n'ai pas dit que quelqu'un était là, physiquement.
Je me tournai à nouveau vers elle.
-Vous n'allez pas me dire que c'est un esprit qui vous a fait ça ?
-Eh bien je ne vous le dirai pas, alors. Mais...
-C'est ridicule, dis-je en m'écartant d'elle. Comment quelque-chose qui n'est pas palpable et qui n'existe pas aurait pu vous laisser cette marque sur le bras ? C'est impossible.
-Vous croyez ? Allez dire ça au fantôme qui m'a fait ça aussi.
Elle souleva soudain son tee-shirt et j'eus la surprise de découvrir de grosses cicatrices sur son ventre. Il y en avait quatre parallèles, comme si elle s'était fait griffer par une bête sauvage.
-Ma première rencontre avec un esprit, dit-elle en couvrant ses balafres. J'avais douze ans quand il m'a attaquée. Il était vraiment furax, celui-là, j'ai même faillis y rester.
-C'est impossible qu'un fantôme puisse faire une chose pareille.
-Et pourquoi ?
-Eh bien, comme je l'ai dis, ils n'existent pas, pour commencer. Et en admettant le contraire, ils n'auraient pas la moindre emprise sur les êtres vivants.
-Vous n'avez jamais entendu parler de possession ou de blessures inexpliquées ? Du genre celle que je viens d'avoir là, par exemple ?
-La pièce était plongée dans le noir, quelqu'un pouvait très bien se cacher ici et cette personne vous a agressée avant de s'enfuir.
-Mais vous n'avez croisé personne en me rejoignant...
Je ne répondis pas. Effectivement, je n'avais croisé personne, mais cela ne voulais pas dire que j'avais tort.
-Je sais ce que j'ai vu, dit-elle. Ou plutôt ce que j'ai ressentis. En tout cas, cette petite chose va nous dire qui de nous deux à tort ou raison.
Elle me montra le magnétophone qu'elle avait tout à l'heure.
-Vous avez enregistré quelque-chose ?
-Oui, Monsieur, et ce juste avant de me faire attraper et que vous ne montiez. Vous voulez écouter ça avec moi ?
-J'aimerais bien entendre ce que cette chose a pu capter, en effet.
Je la suivis jusque dans la pièce où elle avait installé son matériel. Nous nous assîmes chacun sur une chaise avant qu'elle ne lance l'enregistrement. On entendait le bruit de sa machine à grésillement avant qu'elle ne se mette à parler.
« Est-ce que vous êtes mort dans cette maison ? »...« Depuis combien de temps errez-vous ici ? »...« Est-ce que vous pouvez me dire comment vous êtes mort ? »
Mademoiselle Chase posait ses questions mais aucune réponse ne se faisait entendre. Je la regardai d'un air dubitatif mais elle restait concentrée sur sa machine.
« Pourquoi est-ce que vous vous en prenez aux propriétaires de cette maison ? »
J'allai intervenir lorsque, tout à coup...
« Mfnojeon »
Le grésillement s'était arrêté une fraction de seconde tandis qu'on entendait comme une voix. Tout de suite, Mademoiselle Chase rembobina la cassette pour écouter à nouveau.
« Meurtre... »
Elle arrêta la cassette et se tourna vers moi.
-Meurtre ? dis-je.
-C'est ce que j'ai entendu aussi. Et c'était une voix de femme.
Elle remit l'enregistrement en route.
« Vous avez parlé. Qu'est-ce que vous voulez me dire ? »
La voix que nous avions entendu ne se fit pas entendre. A la place, un cri déchirant s'éleva au-dessus des grésillements. Il y eut des bruits de pas, puis un autre cri, et l'enregistrement se coupa.
Mademoiselle Chase se laissa aller contre le dossier de sa chaise, un petit sourire aux lèvres.
-J'ai établi la connexion, dit-elle. Je n'arrive pas à croire que ça ait été si rapide.
-Ne nous emballons pas. Nous avons peut-être eu une hallucination auditive ou votre machine a peut-être eu un moment de faiblesse à ce moment-là.
-Et le cri qu'on a entendu ?
-C'est vous qui avez crié.
-La deuxième fois, oui. Le premier cri qu'on entend ne vient pas de moi. C'était bien un esprit qui était avec moi tout à l'heure et qui m'a agressée.
Je réfléchis un instant. Tout ça était totalement absurde.
-Vous n'y croyez pas ? me demanda-t-elle.
-Pas le moins du monde.
-Bon sang, mais qu'est-ce qu'il vous faut pour admettre qu'un fantôme hante cette maison ? Je viens de vous apporter une preuve en béton, nan ?
-Je n'appelle pas ça une preuve. Il y a forcément une explication logique à tout ceci.
-Vous savez, à force d'être dans le déni, vous allez finir par vous attirer les foudres de beaucoup de fantômes. Certains n'aiment pas qu'on les ignorent, encore moins qu'on remette en doute leur existence.
-Eh bien que l'un d'eux vienne me le dire lui même et je serai peut-être plus convaincu.
-Méfiez-vous de ce que vous souhaitez, Jonah. Ce n'est pas un jeu.
-Je n'ai jamais été très joueur, ça tombe bien.
1 commentaire
cedemro
-
Il y a 3 ans