Fyctia
C’est tout!
Desnos tournait en rond comme un ours en cage.
-Oui, oui, la fourmi!
« Une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas ça n'existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas ça n'existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas ça n'existe pas
Et pourquoi pas »
Miel dit : C’est dans « Chantefables et Chantefleurs » on le trouve en disques, en musique.
Oui dit Desnos, j’ai retrouvé le livre, tout usé. Et j’ai trouvé aussi une note que mon père m’a fait écrire à 13 ans:
« Robert Desnos, nous ne sommes pas parents sauf de coeur, écrivain-poète et résistant, arrêté en 1944, déporté au camp de Terezin, en République tchèque ; il y mourra le 8 juin 1945, du typhus. »
Bon, on se fait confiance, je dois y aller.
Françoise dit qu’elle allait l’accompagner et rentrerait faire des courses pour leur soirée en amoureux.
Miel lui donna une bouteille de vin jaune de 1980 de la Fruitière Vinicole de Pupillin qu’il devait boire le 10 mai 1981 avec des amis mais il y en avait deux qui préféraient le muscadet alors il l’avait gardé. Un trésor.
Claire et Miel se retrouvèrent seuls, ils s blottirent dans les bras l’un de l’autre sur le canapé.
Miel dit :
-C’est un type formidable ce Paul, je suis heureux de voir Françoise dans cet état, ça ne lui est pas arrivé depuis une éternité. Elle est rentrée de San Francisco en 1973, avec un marri. Ils avaient divorcés mais vivaient en bonne entente.
-Il est vrai que c’est un homme très droit et un flic comme devraient être tous les flics, des gardiens de la république. Il a une histoire magnifique, père résistant, communiste, lecteur de Desnos le poète.
-Tu as pris la bonne décision, dit Miel, il y aura quelques mauvais moments à passer mais je serai là.
-Je ne sais pas, dit Claire, je voudrais juste vivre l’instant présent. Demain il fera jour.
Ils allèrent dans la chambre et sombrèrent dans la passion et la tendresse.
Le matin vers 7 heures, Miel émergeât, il était seul dans le lit. Il appela Claire, elle ne répondait pas. Il alla dans la cuisine, elle n’y était pas, il y avait une lettre sur la table.
- « Miel mon amour
Comme tu as pu t’en rendre compte, je suis partie. Je veux refaire ma vie avec toi mais pas la prison. Comme je te l’ai dit, Claire est mon vrai prénom mais Sentier n’est pas mon nom. J’ai une fausse identité depuis le Pérou ou je risquais de me faire assassiner pour ma participation à la guérilla. Mon vrai nom est Zoriontsu, c’est basque et tu ne vas pas le croire ça veut dire heureux.
Je te propose ceci, tu vas retirer l’argent du mandat dans une semaine ou deux. Avec mes vrais papiers j’aurai pris l’avion pour Bilbao et je serai dans un village sur la côte où mes parents m’ont laissé une petite maison de pêcheur en héritage. Comme tu m’as dit que tu avais de la famille près de Bilbao, il sera normal que tu viennes passer quelques jours de temps en temps dans le secteur. Je te donnerai mon téléphone plus tard et nous nous donnerons rendez-vous là-bas. Après nous verrons bien. Je sais que tu dois être fâché, souffrir mais je te demande pardon. Je suis très malheureuse, sauf quand je pense à toi, je t’aime mon amour.
Zoratzen maite zaitut. Ça veut dire je t’aime à la folie en basque.
Claire »
Miel relut plusieurs fois la lettre. Après un long instant de réflexion, il était partagé. Content de savoir Claire en liberté mais malheureux qu’elle ait trahi la confiance de Desnos, Françoise et lui aussi. Il se sentait coupable.
Le téléphone sonna, c’était Desnos. Il lui demanda pourquoi Claire n’était pas à son rendez-vous. Il bafouilla et dit qu’il ne savait pas où elle était. Desnos lui demanda de ne pas bouger de chez lui, il allait venir.
Miel fouilla dans son bureau et trouva un texte qu’il avait écrit après un mauvais passage.
« Lorsqu’on est malade et que l’on veut éloigner la souffrance on pense à des choses qui nous font du bien des choses qui nous font plaisir. On chante,on chante de vieilles chansons que l’on aime bien et qui nous rappellent des moments. Les moments lorsqu’on écoutait ces chansons, ce petit mais vieux refrain. Ça peut être du Souchon, j’adore. Et la nuit, lorsque on a du mal à dormir, la nuit sans sommeil ou lorsque que vous sortez d’un sommeil désordonné, que vous ne savez plus faire la part entre la réalité et le rêve vous agissez. Je convoque des amis qui me rassurent. Écrivains, poètes, chanteurs, musiciens, ils viennent à mon secours. Je lis et dis des textes, je chante des chansons. Vian, je voudrais pas crever! Souchon, Théodore, Les Cadors, les jupes des filles. Brel, Jeff. Brassens, les oiseaux de passages. Philipp K Dick, comment construire un univers qui ne s’effondre pas au bout de 4 jours. Jim Harrison un extrait de Dalva. Tout Prévert, Desnos, Verlaine, Hugo, ses chansons par Colette Magny. Bashung, Manset etc.
Après si ça va bien je dors, si ça ne va pas mieux, j’écris.
Pour écrire il ne suffit pas d’avoir envie, encore faut-il être désespéré. »
Il se mit à chanter tout ce qui lui passait dans la tête, "j’veux pas que tu t’en ailles" de Jonasz revenait pour la 3 ème fois quand Desnos arriva avec Françoise. Il était 11 heures, assis tous 3 autours de la table, Desnos fixait Miel d’un regard mauvais, Françoise affichait le même regard. Desnos demanda à Miel:
-J’imagine que vous aller me dire que vous ne savez pas où elle est allé.
Miel allait répondre, il ne savait pas vraiment que dire, dix lourdes secondes s’écoulèrent. Il allait dire ce qu’il savait quand la porte s’ouvrit et Claire rentra.
-Je vous demande pardon à vous trois. J’ai déconné. Miel tu leur a dit?
-Il n’a pas eu le temps de rien, on vient d’arriver. Vous alliez dire quoi Beausoleil?
-J’ai hésité mais j’allais tout vous dire croyez-moi. Pardon Claire, c’était intenable.
-Je suis désolée de t’avoir mis dans cet état et prise cette décision seule. Ça m’a bouleversé, je me suis sentie sale. Je pensais aussi à vous Françoise et Paul. Je voudrais n’avoir jamais fait ça.
-Faute avouée, faute à moitié pardonnée répondit Françoise.
Desnos dit, on va faire comme s’il ne s’était rien passé. Je vous donne 5 minutes d’intimité dans votre chambre et après on y va.
5 minutes après Desnos partit avec Claire. Françoise pris Miel dans ses bras et lui dit : j’ai bien cru que l’on ne se reverrait jamais.
Miel pleurait à chaudes larmes.
Tu vas voir, ça se passera bien.
Effectivement Claire pris 18 mois de prison dont 1 an de sursis. Miel allait la voir régulièrement et ils s’écrivaient tous les jours même quelques phrases.
Desnos et Françoise vivent en couple, parfois ça chauffe mais c’est normal quand on est dans les feux de l’amour.
2 commentaires
ThomasL
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Il y a 5 ans
Michbonj
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Il y a 5 ans