Catherine Domin même pas en rêve 27 - Une femme disparaît

27 - Une femme disparaît

Lui :


Mercredi 25 mars 2024


Cette histoire prit alors un tournant inattendu et ce matin-là fut l’un des pires jours de ma vie.


Je me suis réveillé, assez tard, je dois le dire. Après notre nuit mémorable, chacun d’entre nous avait regagné sa chambre la nuit suivante et notre nuit d’amour ne se renouvela pas. Nous avions peur, l’un comme l’autre, de ne pas retrouver la magie de notre première nuit, et qui nous semblait à tous les deux, tenir du miracle.


La porte de communication était restée grande ouverte et j’allai dans sa chambre. Alice ne s’y trouvait plus. Son pyjama, posé négligemment sur son lit défait, montrait qu’elle s’était bien levée. La salle de bains, explorée, montrait son passage. Elle avait pris sa douche, la serviette encore humide sur le radiateur en témoignait.


Il y a peu de temps qu’elle s’est levée. Elle a dû aller prendre son petit-déjeuner toute seule en bas, pensai-je.


Je revins dans ma chambre et, cette fois-ci bien réveillé, après avoir pris une bonne douche et m’être habillé, je descendis pour déjeuner à mon tour.


Je scrutai la salle pour la repérer. Etant donné la basse saison, il y avait peu de clients. Seuls trois couples s’y trouvaient en train de prendre leur breakfast.


Je pensai qu’elle était en train de se servir au buffet et je m’en approchai. Personne ! Où était-elle donc partie ? J’allai aux toilettes des dames, situées en bas, près de la salle de restaurant et je l’appelai, mais en vain.


Pas de réponse !


Inquiet, j’allai à la réception pour demander si on avait vu Mme Lemercier.


— Oui, me répondit le réceptionniste, je l’ai vue sortir par la porte de derrière pour aller se promener sur la plage privative de l’hôtel.

— Il y a combien de temps ?

— Je ne sais pas, je crois que c’était il y a une heure.


Je fus rassuré sur le coup. Elle était tout simplement matinale et je m’apprêtais à repartir vers la salle de restaurant quand l’employé me rappela.


— Ah, Monsieur, j’oubliais : un homme a déposé un message pour vous.


Il prit une enveloppe, vierge, déposée dans notre casier et me la tendit.


J’étais interloqué. Qui pouvait donc nous écrire ? L’enveloppe n’était même pas timbrée. Je l’ouvris et j’eus un haut le corps.


En gros caractères dactylographiés, il était écrit :


« PREMIER AVERTISSEMENT : LAISSEZ TOMBER ! »


Je compris aussitôt que notre suiveur de l’autre jour avait retrouvé notre trace. De toutes façons, nous avions projeté d’arrêter notre enquête.


Devant cette menace, l’inquiétude me saisit soudain et je courus sur la plage pour voir si Alice s’y trouvait. Il n’y avait personne. J’eus beau l’appeler sans cesse, mais en vain. Mes appels se perdaient dans le tumulte du vent. Je courus tout au long sur un kilomètre et toujours pas de trace d’elle.


Je m’arrêtai, hors d’haleine, le cœur battant, en proie à une angoisse profonde. A peine l’avais-je trouvée, voilà qu’on avait enlevé la femme de ma vie !


Son portable ! Dans mon affolement, je n’y avais pas pensé. Je l’appelai, mais tombai sur sa messagerie.


Je revins aussitôt en courant à l’hôtel et je demandai à quoi ressemblait l’homme qui avait déposé ce message.


— Je ne sais pas, dit l’employé. J’ai aperçu le message dans votre casier, mais j’ignore qui l’a déposé, certainement quelqu’un qui l’a fait pendant que je me suis absenté.


Cette personne connaissait donc le numéro de nos chambres ! Je sortis dehors et, avec mon portable, j’appelai le commissaire Vatine.


— Commissaire, Letellier à l’appareil ! Alice a été enlevée !

— Enlevée, vous en êtes sûr ?

— Elle a disparu ce matin et je l’ai cherchée partout sur la plage. De plus, j’ai reçu un message déposé directement dans notre casier nous demandant de laisser tomber nos recherches.

— Donc, on sait où vous trouver maintenant et on vous menace. Venez tout de suite au commissariat.


Je fonçai à ma voiture et je m’y rendis directement. Vatine me reçut dans son bureau, accompagné d’un Officier de Police Judiciaire, le Capitaine Bernard. Le commissaire lui avait déjà parlé de moi et de mes recherches concernant le triple meurtre de l’immeuble où j’habitais.


Je lui tendis le papier que j’avais reçu. Il était complètement anonyme, tapé sur un ordinateur. Il y avait des chances que l’on n’y retrouve pas d’empreintes dessus, hormis les miennes, mais il faudrait quand même essayer. Le papier disparut dans une pochette scellée.


J’expliquai que la dernière personne a avoir vu Alice était le réceptionniste, qui l’avait vue sortir par la porte de l’hôtel donnant directement sur la plage. Depuis, plus rien. J’avais arpenté la plage dans tous les sens sans rien trouver.


— Et son portable ne répond pas non plus. J’ai appelé plusieurs fois et je suis tombé sur sa messagerie.

— Donnez-moi son numéro et je vais tenter de le localiser, dit Bernard.


Nous lui emboîtâmes le pas. Il se dirigea vers son propre bureau, situé dans un petit open-space où étaient installés d’autres enquêteurs rivés à leurs écrans, et se connecta au logiciel de localisation. Il entra le numéro du portable et nous montra la carte qui s’affichait, avec les points lumineux du bornage. Celui-ci avait bien borné près de l’hôtel, puis à l’aquarium de Trouville. Il semblait s’y trouver encore.


Il nous fit signe de le suivre et le commissaire et moi, nous nous engouffrâmes dans la voiture, avec un autre policier, la sirène hurlante et le gyrophare allumé. Cela m’aurait rappelé le bon vieux temps si je n’avais pas été directement concerné.


Nous arrivâmes à cet aquarium. Nous étions déjà passés plusieurs fois devant, lors de nos promenades à pied de l’hôtel jusqu’à l’embouchure de la Touques, que nous remontions jusqu’au marché aux poissons. Quelle ironie ! Nous avions projeté de le visiter pour meubler un après-midi si le temps était trop mauvais.


Les policiers entrèrent dans le bâtiment en présentant leur carte de police et je les suivis. Nous nous sommes séparés pour en explorer tous les recoins. Les locaux furent fouillés de fond en comble, y compris les toilettes et nous n’y avons rien trouvé. Pas de trace du portable, ni d’Alice.


Nous en sommes ressortis, dépités. Soudain, près de l’entrée et sur le chemin qui longeait la plage, je vis une poubelle. Je me penchai au-dessus et je vis… un téléphone portable, un vieux Samsung hors d’âge qu’elle s’acharnait à utiliser, protégé dans une housse élimée. Je l'aurais reconnu entre mille, c'était le sien !


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