Fyctia
Chapitre 14.1
Le jour de mon rendez-vous avec Aiden arriva en un éclair. Plus les jours passaient, plus je me sentais stressé à l'idée de le rencontrer pour de vrai.
Nous avions continué de nous envoyer des messages tous les jours en attendant de nous voir. Aiden avait été très content d'apprendre que j'étais disponible le jour où il était de passage à Paris. J'avais reçu un message de lui la veille me disant qu'il était arrivé à destination et qu'il avait hâte d'être au lendemain.
Je n'aurais su dire s'il était aussi nerveux que moi. Il paraissait si détendu lors de nos conversations.
Je ne comprenais toujours pas pourquoi je me mettais dans un état pareil. Claire aurait sûrement dit que j'avais eu le coup de foudre, ou un truc dans le genre, mais je ne croyais pas trop à ces choses-là. Et puis, je ne vois pas comment j'aurais pu avoir un coup de foudre pour quelqu'un que je n'avais jamais vu dans la vraie vie.
Non, j'avais juste peur de lui paraître ennuyeux, comme je l'avais dit à ma meilleure amie.
Je n'avais pas arrêté de me creuser la tête pour organiser cette journée, pour savoir ce que nous allions faire. Aiden m'avait dit que, la dernière fois qu'il était venu à Paris, il était tellement petit qu'il ne se souvenait pas de grand-chose. Du coup, bien que nous n'ayons qu'une toute petite journée à passer ensemble, j'étais bien décidé à lui faire visiter autant d'endroits que possibles de la ville. J'avais même mis sur pieds une sorte de parcours pour qu'on ait le temps de voir un maximum de choses.
J'ignorais si Aiden voudrait jouer les touristes, mais ça me rassurait d'avoir un programme auquel me raccrocher, au cas où nous ne saurions pas quoi faire. Je verrai bien comment se déroulerait cette journée. Et j'allais vite être fixé. J'étais presque arrivé au lieu de rendez-vous.
Nous avions prévu de nous retrouver à Montmartre, au niveau du funiculaire. Aiden m'avait proposé cet endroit parce que son hôtel n'était pas très loin et que, comme il devait reprendre son avion ce soir pour rentrer chez lui et qu'il devrait repasser prendre ses affaires, c'était plus pratique pour lui. J'imaginais donc que, quoi qu'il arrive, notre journée s'achèverait là où elle avait commencé.
Ça ne me gênait pas. J'aimais bien le coin et il y avait plein de choses à voir dans les environs. Ce serait un bon point de départ pour cette journée.
J'arrivai un peu en avance. On avait convenu de se retrouver vers neuf heures trente, histoire d'avoir un maximum de temps à passer ensemble.
En attendant qu'Aiden arrive, je m'installai sur les marches, à côté du funiculaire. Je regardais les gens passer, cherchant ce dernier du regard, en essayant de ne pas paraître trop bizarre aux yeux des gens. Ils pourraient se demander ce que j'avais à les fixer comme ça.
J'aurais peut-être dû proposer à Aiden qu'on ait un signe de reconnaissance, genre porter un tee-shirt jaune ou une casquette rouge. Cela dit, il allait forcément me repérer étant donné que j'étais le seul mec à être assis là, tout seul.
Je continuai donc de scruter la foule, en espérant l'apercevoir en premier. Je ne pouvais pas non plus m'empêcher de regarder l'heure sur mon téléphone.
Il est encore tôt, Colin, détends-toi.
J'étais vraiment arrivé très en avance.
J'entendis quelqu'un descendre les marches derrière moi, mais je n'y fis pas trop attention. Du moins jusqu'à ce que la personne me bouscule sans ménagement avec son attaché-case. Le mec ne s'excusa même pas. Pire, il se mit à râler en me regardant de travers, comme si c'était ma faute.
-Vous pouvez pas vous mettre ailleurs ? me lança-t-il sans lâcher le téléphone qui était collé à son oreille. Y en a marre de ces SDF qui prennent les marches pour leur propriété.
Je restai sans voix, à le regarder.
Est-ce que ce gars vient vraiment de me prendre pour un clochard ?
Le type commença à s'éloigner en reprenant la conversation qu'il avait à l'autre bout du fil.
Je n'arrivais pas à croire que ce mec m'ait prit pour un SDF. Ok, je ne portais pas de costume sur-mesure comme lui, mais de là à penser un truc pareil... Et quand bien même je serais effectivement à la rue, de quel droit il se permettait de me foutre sa mallette en pleine tête sans même s'en excuser ?
Je me levai pour aller lui dire deux mots avant qu'il ne soit trop loin.
J'avais à peine fait deux pas que j'entendis à nouveau des pas derrière moi.
-Colin ?
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