Jodie P.M Maybe Next Time Chapitre 4 - Léo

Chapitre 4 - Léo

Piochant un croissant dans le paquet, je me marre tout seul en repensant à la remarque de Thalie. Je mentirais en disant que je ne suis pas habitué : mon prénom me colle à la peau, tellement que mes amis m’offrent chaque année ces fameux chocolats pour mon anniversaire. Merci papa et maman, qui souhaitaient trouver un prénom à la fois classique et sophistiqué pour leur futur enfant. Par chance, ils n’ont pas appelé mon frère Jeff de Bruges, mais Gaspard. Sinon, on était bon pour monter une chocolaterie.

- Dis-moi qu’elle est embauchée, Léo, je t’en supplie ! me lance mon associé en se laissant tomber dans le fauteuil qu’elle occupait quelques minutes avant.

- Je lui ai donné le contrat, libre à elle de le signer et de nous rejoindre dès lundi.

Il croise les mains et les lève comme une prière, balbutiant des mots inintelligibles avant de reposer son regard sur moi.

- Ne la drague pas, ne la saoule pas, ne la pousse pas à bout, s’il te plaît.

- Aucun risque, elle m’a déjà bien prévenu au bar lundi soir, je lui annonce avec un sourire.

Ce con pouffe de rire.

- Attends, c’est la fille qui t’a rembarré avant même que tu lui proposes un verre ?

Je soupire longuement et confirme, une main dans les cheveux. Pour être honnête, je n’ai jamais eu beaucoup de chance en amour. Beaucoup de filles sont sorties avec moi dans le seul but de profiter de mon compte en banque, pour me larguer une fois qu’elles avaient eu les bijoux hors de prix qu’elles désiraient. Cela fait trois ans que je n’ai eu personne, et j’ai totalement laissé tomber l’idée lorsque je me suis retrouvé à la tête de l’entreprise : aucune distraction ne doit venir ternir mon travail.

- Hé bah, je sens qu’on va bien se marrer si elle rejoint la boîte ! Une âme pétillante et qui ose dire les choses, c’est pile ce qu’il manquait ici.

- On verra dans quelques mois, lorsqu’elle te cassera les bonbons pour tout réinventer sans prendre en compte ton avis d’associé. En attendant, son profil correspond à ce que l’on recherche, et je suis sûr qu’elle signera ce foutu contrat. Sinon, je crois bien que Monique nous fera un infarctus avant la fin de l’année.

- Pauvre Momo, fidèle à son poste depuis le début, et elle se retrouve à devoir supporter deux vingtenaires qui ne savent pas ce qu’ils foutent !

Je ris, conscient que Quentin a raison : malgré nos années d’études, gérer une entreprise aussi rapidement n’est pas ce que nous pensions, et nous sommes tous les deux tellement tête brûlée que les multiples propositions de nos employés restent souvent de simples propositions, justement.


Après un rendez-vous avec de potentiels investisseurs et une entreprise de mannequinat chargée de prendre des photos publicitaires, je déboutonne le haut de ma chemise et regarde le ciel s’assombrir par la fenêtre. Les soirées au bureau sont de plus en plus nombreuses depuis quelques temps, je passe parfois des nuits entières à déchiqueter les comptes de l’entreprise. Bien que restant bien classée dans les ventes, P&V a du mal à dégager un chiffre d’affaires correct. Notre comptable m’a plusieurs fois mis en garde, mais je refuse de baisser le salaire des employés, quitte à donner une partie du mien. Embaucher Thalie est une prise de risque, mais c’est bel et bien la seule chance qu’il nous reste pour continuer à faire connaître la marque, qui commence depuis peu à s’essouffler. Peu d’innovations concernant les produits que l’on propose, puisqu’ils ont toujours bien marché, mais la donne a changé. Les clients recherchent des produits miracles, qu’on ne trouve pas ailleurs, et j’ai dépensé une fortune pour demander à notre laboratoire partenaire de changer des composants. La marque est donc dorénavant labellisée écoresponsable, mais cela a nécessité d’augmenter les prix des cosmétiques, et malgré une clientèle toujours aussi fidèle, les commandes ne sont plus aussi importantes qu’avant. Nous avons décidé de nous diversifier en proposant des offres spéciales en plus de nos crèmes et maquillages, mais en si peu de temps, il est difficile de savoir si tous nos efforts vont faire leurs preuves.

Me pensant seul dans les bureaux, je me décide enfin à ranger mes affaires et enfile ma veste, avant de rejoindre le rez-de-chaussée. Je sursaute au bruit de l’imprimante, et découvre ma secrétaire derrière le comptoir de l’accueil, des cernes marquant encore plus son visage ridé.

- Bonsoir, Monsieur. Je termine de classer ces feuilles, je réponds aux derniers mails et je rentre. Vous avez passé une bonne journée ?

- Rentrez chez vous, Monique, vous avez déjà bien assez fait pour aujourd’hui. Retrouvez votre mari et reposez-vous, je me charge de terminer.

Voilà pourquoi je refuse de baisser les salaires : mes employés se donnent à fond pour cette entreprise, ils ne comptent plus leurs heures, alors qu’ils ont des familles à aller rejoindre le soir. Moi, en revanche, je n’ai personne qui m’attend à la maison.

- Ça va aller, Monsieur, je peux finir.

- Non, j’insiste. Je vous donne votre jeudi, vous avez besoin de décrocher du travail. Laissez-moi prendre le relai.

Elle capitule et rassemble son agenda et ses stylos, avant de venir me serrer la main.

- Merci, Monsieur. Mais n’oubliez pas, vous aussi vous avez besoin de repos. Sinon, cette entreprise vous gobera tout cru, et ça ne fait que six mois…

Je note cela dans un coin de ma tête et fais signe à ma secrétaire de partir, avant de prendre sa place.


Finalement, ce n’est qu’à deux heures du matin que je ferme les bureaux et rejoins à pieds l’appartement que j’occupe à dix minutes de là, prêt à sombrer dans les bras de Morphée. Et cinq petites heures plus tard, mon réveil me tire de mes songes, m’annonçant une nouvelle journée interminable.

Je m’empresse d’appeler ma mère pour lui demander un coup de main à l’accueil tout en rejoignant le bâtiment dans lequel je passe le plus clair de mon temps, puis monte au deuxième, dans la salle de repos, pour me faire couler un café. Le premier d’une longue série, puisqu’encore aujourd’hui, la journée sera bien chargée…

Tu as aimé ce chapitre ?

27

27 commentaires

AnnaShaw

-

Il y a 10 mois

J’adore la façon dont tu nous présente les qualités et les défauts de Léo de manière à la fois subtile et maligne ! Bourreau de travail oui mais bourreau au grand cœur et qui fait attention à l’environnement ! On peut en commander un sur internet ? Bref j’adore !

nofaceuser

-

Il y a 10 mois

Chapitre qui nous plonge dans les affaires de Leo ! J’aime beaucoup

Birdie

-

Il y a 10 mois

Bon chapitre. Léo est un bon patron avec ses employés. On sent bien la charge de ses responsabilités et cette pression sur les ventes qui l'oblige à se consacrer à son entreprise. C'est intéressant. Mais Thalie va tout changer hein ? 😉

caraEz

-

Il y a un an

Comment va t il réussir a trouver l’amour avec des horaires pareil ! 😱 Heureusement qu’elle vient a lui xD

Agathe Pearl

-

Il y a un an

Il a l'air d'un bon patron, ça me plaît Trop hâte de le voir au quotidien avec Thalie

Solann

-

Il y a un an

Leo accroc de son travail. Il veut réussir tout simplement

Emmy Jolly

-

Il y a un an

Il est à fond dans son boulot Leo espérons que Thalie fasse l'affaire et l'aide😁

Delphine Clever

-

Il y a un an

Nos deux héros sont des bourreaux de travail ! Mais le tien est plus sympathique 😉

Horliana

-

Il y a un an

C'est bien un bourreau de travail, après il semble vraiment dévoué à ses employés et il a de bonne attentions, en tout cas de premier abord. Je l'aime bien Léo, je le trouve attachant

Jodie P.M

-

Il y a un an

Il le sera peut-être encore plus dans les prochains chapitres (quoi que... 😅)
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.