Fyctia
Chapitre 3
23 septembre 1997, Londre.
" Allez allez les filles, montez dans la voiture on en a pas pour toute la journée !" Rappela Claire pour la seconde fois de la matinée. Déjà apprêtée depuis un moment, elle attendait de pied ferme ses deux feignasses.
À ce rythme elles allaient être en retard dès le premier jour d'école !
De leur côté, les deux adolescentes se dépêchèrent de boucler leurs valises avant de dévaler les escaliers, du moins l'une d'elle. Car dans sa précipitation, Adèle se prit les pieds dans le tapis pour dégringoler sur son derrière.
" Même pas capable de marcher correctement, un ivrogne aurait fait mieux que toi" se moqua Rose
Massant son fessier douloureux, la plus jeune répliqua avec un simple " la ferme" avant de se remettre sur ses pieds.
" Allons-y, sinon m'man va nous faire un caca nerveux" poursuivit-elle, récoltant un ricanement de l'autre.
" T'es sûr d'avoir rien oublié ?" Lui demanda l'aînée.
Adèle passa rapidement ses mains sur elle-même pour checker avant de jurer.
" Merde mon collier, prends les valises je reviens "
Sur ce, elle remonta vers leur chambre tout en pestant, laissant derrière elle sa soeur qui s'attela à ranger leurs bagages dans le véhicule.
Installée, Rose reposa sa tête contre la vitre, dans l'attente de sa petite sœur quand la voix de sa mère lui parvint aux oreilles.
" ...Fais attention à elle, d'accord ?" lui demanda la femme, l'inquiétude à peine dissimulée.
Par automatisme, sa fille la rassura.
" Promis?" Insista-t-elle
Les yeux ancrés dans ceux de Claire, la jeune Blake répondit
"..Promis."
Aussitôt dit, aussitôt la porte de la voiture s'ouvrit en grand, révélant la tête aux cheveux ébouriffés d'Adèle qui tentait de reprendre son souffle.
" Je devrai vraiment songer à me remettre au cardio. Bon, on y va?"
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Le trajet se passa étonnamment en silence, chacune prise en pleine réflexion. Claire avait de nombreux défauts, et sa difficulté à exprimer ses sentiments en faisait partie.
D'ailleurs, si ce n'était pas son mari James, qui avait fait le premier pas, ils n'en seraient pas là aujourd'hui.
Elle lui en était reconnaissante pour le coup. Lui, s'exprimait pour deux. Alors qu'elle, frappait pour deux.
L'auto proclamée jeune maman avait tout pour être heureuse, et elle l'était. Seulement, elle ne pouvait s'empêcher de se faire du mouron pour sa dernière.
Il était facile de deviner l'élément qui représentera la personne, de par sa personnalité, sa façon d'agir dans toutes les situations et surtout, ses intérêts.
Quelqu'un de type flore par exemple, n'allait pas s'intéresser à l'art de la guerre. Ça aurait été peu commun.
Et justement, dans leur société, tout ce qui sortait de l'ordinaire était à éviter.
Elle ne pouvait cacher son soulagement lorsqu'elle avait apprit que sa fille avait enfin été marquée, on peut dire que c'était une peur qui la rongeait depuis des années.
Adèle ne montrait aucun trait de caractère similaire au sien, ni à celui de son père et encore moins à celui de sa sœur ainée. Elle avait du mal à la discerner et ça l'effrayait.
Et si elle n'avait pas reçu sa marque ce jour-là ? Qu'allait bien pouvoir faire d'une sous humaine sous son toit? Claire aimait d'un amour inconditionnel ses enfants, et aurait sans aucun doute continué à subvenir à ses besoins si sa fille était devenue une sans élément.
Mais le souci le voilà, rien ne dure éternellement.
En particulier la vie d'une mère.
"On est arrivées m'man! Tu peux nous déposer là " s'exclama soudainement Adèle, ramenant sa mère à la réalité.
Bagage sous les bras, les deux adolescentes se tournèrent vers leur génitrice, dans l'attente à ce qu'elle les suive.
" Filez je ne viendrai pas, je vais vous regarder depuis la voiture " refusa t elle, d'une voix feignant l'indifférence.
Roulant des yeux, Rose prit ses affaires et s'avança avec la foule. Rapidement suivi par sa cadette, qui ne manqua pas d'embrasser Claire sur la joue avant de détaler comme un lapin.
Celle-ci tourna la tête une dernière fois vers elle avant de lui faire un signe de la main, tout contente.
Assise derrière son volant, une larme dévala délicatement sur la joue de la quarantenaire, un sourire tristement heureux ornant ses lèvres
Tout allait bien se passer....pas vrai ?
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