Fyctia
XLIX : Guérir
Je ne peux pas y croire :
- Comment ça ? Tu me quittes ?
- C'est même pas moi qui te quitte Maya là, c'est toi qui as tout fait toute seule.
Je hurle :
- Roméo, s'il te plaît ! Je t'en prie, pars pas ! Me laisse pas ici toute seule, je ferai comment sans toi ? Les partiels commencent bientôt, j'ai besoin de toi, je veux réviser avec toi, reste dormir ici, tu dois être fatigué, tu vas pas repartir à cette heure-là quand même ! S'il te plaît, laisse-moi une dernière chance, laisse-moi te prouver que ça peut marcher !
- Non Maya, c'est fini. J'ai supporté autant que j'ai pu, j'ai tout fait, toujours, pour que ça aille dans ton sens, pour que tu sois épanouie, pour être la meilleure version de moi-même pour toi. Si ça n'a pas suffi, c'est peut-être que t'es pas prête à être en couple pour le moment. Règle tes traumatismes, tes insécurités, prends du temps pour toi, fais...
Il ne parvient pas à terminer sa phrase et fond en larmes :
- Je suis désolé Maya, laisse-moi partir, s'il te plaît.
Je me laisse tomber sur le sol. Roméo ouvre la porte et sort rapidement de mon appartement.
C'est terminé.
Je me réveille difficilement. J'ai dormi à peine deux heures cette nuit, je suis exténuée mais hors de question de fermer l'œil, je dois réviser. Avant de sortir de mon lit, je regarde mon téléphone : des messages de Fanny, de Matthieu, mais aucun de Roméo. Je commence à me souvenir, petit à petit, je repense à cette nuit.
Soudain, je me lève et me précipite jusqu'aux toilettes pour vomir. Visiblement, je ne digère pas la nouvelle, je n'arrive pas à croire que Roméo m'ait quitté cette nuit, je ne peux même pas l'envisager.
Bien sûr, je lui envoie plusieurs messages, tous restent sans réponse. Lorsque j'essaie de l'appeler, je tombe directement sur sa messagerie et quand j'essaie d'accéder à ses réseaux sociaux, ses comptes sont " indisponibles ". M'aurait-il bloqué ? Comment fait-il pour passer aussi rapidement à autre chose ? Pourquoi a-t-il mis autant de temps à bloquer Pauline mais aussi peu à me bloquer, moi ?
Je me sens insignifiante, j'ai l'impression de retourner à la case départ. Je n'ai plus envie de réviser, je suis en train de me faire et refaire la conversation de cette nuit. J'imagine ce que j'aurais pu dire, ce que j'aurais dû dire. Je me refais notre rencontre, nos disputes, je les imagine se terminer différemment, j'imagine être toujours en couple avec lui.
Je fonds en larmes, je hurle, je crie dans mon coussin, je frappe mes peluches, que vais-je devenir à présent ?
J'ai conscience que j'ai de nombreux problèmes à régler, mais par où commencer ?
Sans grand espoir, je commence mes recherches sur internet. Qui sait, peut-être qu'une autre fille a vécu une expérience amoureuse similaire et pourrait me donner des conseils ?
Très rapidement, je deviens familière avec des termes qui me donnent froid dans le dos : " jalousie maladive ", " dépendance affective ", " toxicité ". Les définitions me correspondent en tous points. Bien sûr, j'avais déjà été familiarisée avec ces termes, mais je crois que pas une seule seconde je n'avais pensé que j'avais des problèmes de ce type.
De plus, ce serait le comble pour une étudiante en psychologie de s'auto-diagnostiquer. Néanmoins, tout cela m'ouvre une piste que je souhaiterais explorer. Je n'avais pas conscience d'avoir tant de séquelles. Pour le moment, je ne me sens pas prête à aller plus loin. Je prends bonne note de tout ce que j'ai appris mais je dois surtout me concentrer sur mes partiels.
Les révisions sont difficiles, je passe mon temps à regarder mon téléphone, à attendre désespérément un message de Roméo. J'essaie de créer de nouveaux comptes sur les réseaux sociaux pour au moins pouvoir voir ce qu'il fait, je tente même de lui envoyer des messages à l'aide de faux comptes mais rien n'y fait, je n'obtiens aucune réponse.
Je me sens vide, faible, abandonnée. Je regarde mon canapé, je me souviens de Roméo et moi, assis l'un contre l'autre à regarder des films jusqu'à pas d'heure. Je regarde mon lit, je me remémore nos parties de jambes en l'air, douces et torrides. Je vais dans ma salle de bain, je repense à nos douches chronophages durant lesquelles il prenait plaisir à me shampouiner les cheveux.
J'ai l'impression d'entrer dans une boucle infernale, avec mes souvenirs comme seul réconfort. Roméo me manque déjà, je l'ai vu il y a quelques heures et j'ai cette impression d'avoir déjà oublié les traits de son visage. J'ai besoin de le voir, de le toucher, de le câliner, de sentir sa présence, je ne peux pas accepter cette rupture.
Je suis en train de perdre pied, je me sens plus vulnérable que jamais.
Je décide de sortir faire un tour. Prendre l'air en écoutant de la musique ne me procure aucun plaisir, j'avais simplement besoin de ne plus voir tous ces meubles, tous ces objets, toutes ces choses qui me rappellent l'homme que j'aime et que je viens de perdre.
Alors que j'entre dans mon immeuble, je décide de vérifier ma boîte aux lettres. Au milieu des publicités, je trouve une enveloppe, sur laquelle rien est écrit. Je décide de la récupérer et de l'ouvrir dans mon appartement. Mon cœur bat à toute vitesse, Roméo m'aurait-il adressé un dernier message ?
Je m'installe dans mon canapé et ouvre nerveusement l'enveloppe :
Maya,
J'ai écrit cette lettre en sortant de chez toi cette nuit et je l'ai glissée dans ta boîte aux lettres ce matin. À l'heure où tu la lis, tu te poses sûrement tout un tas de questions, comme à ton habitude.
Je sais que tu te demandes probablement pourquoi je ne réponds pas à tes messages, tu n'imagines pas à quel point c'est difficile pour moi de t'ignorer. Si on garde contact, on n'arrivera pas à se détacher l'un de l'autre, ça ne te rendra pas service, tu peux me croire.
Je t'aime, n'en doute pas, je ne mets pas fin à notre relation de gaieté de cœur, mais nous étions en train de nous détruire à petit feu, ça ne menait plus à rien. Te voir te ronger les sangs constamment me rendait malade.
Je sais que tu m'en veux et au fond, je sais que tu as fait des efforts, mais je pense que j'ai tout arrêté au bon moment, avant qu'on ne commence vraiment à se démolir.
Je suis désolé de t'avoir traité de " conne ", c'est tout sauf ce que tu es. Déchire tout pour tes partiels, je sais que tu vas y arriver, je n'en doute pas une seconde.
Et pour finir, fais en sorte d'aller mieux, je t'en supplie. Les traumatismes sont ce qu'il y a de pire à supporter au quotidien. Ce que tu as subi est une tragédie Maya, c'est indéniable, mais si tu ne te répares pas, cette autodestruction perdurera.
Et si elle perdure, comment je vais faire pour te retrouver, ma belle ?
33 commentaires
Ava D.SKY
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Il y a 10 mois
Célia Moreau
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Il y a un an
Eloïse_f
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Il y a un an
chiara.frmt
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Il y a un an