Fyctia

Cela fait maintenant deux semaines que je suis en couple avec Roméo. Le début des partiels arrive et je dois bien avouer que je n'ai pas la tête aux examens. Bien sûr, je révise ardemment depuis deux mois mais ces derniers jours, mes pensées sont quasiment toutes dédiées à Roméo. Je ne fais que m'imaginer dans ses bras, j'ai des papillons dans le ventre comme une adolescente de treize ans qui vivrait sa première attirance pour un garçon, je ne mange presque plus. Il est clair que je suis amoureuse de lui et que sa présence m'est vitale.

Cependant, nous devons tous les deux nous concentrer sur les partiels, qui durent une semaine. Ensuite, je compte bien profiter de lui quelques jours avant de rentrer chez mes parents pour les vacances de Noël.

J'espère valider mon semestre même si je sais que je ne suis pas tout à fait prête dans toutes les matières. La Méthodologie clinique me donne toujours autant de fil à retordre. Néanmoins, je me débrouille parfaitement en Fondations cliniques, cela devrait équilibrer la balance. Je sais pertinemment que je n'aurai pas mon semestre avec 17 de moyenne générale, obtenir 11 ou 12 me conviendrait parfaitement. Tout ce que je souhaite, c'est valider mon semestre et rendre fiers mes parents.

Demain, les examens débutent dès 09h00 du matin. Je suis angoissée mais je m'accroche à des pensées heureuses et réconfortantes : Roméo, les vacances, Noël... Je suis impatiente de pouvoir décompresser.

Alors que je suis au lit, je décide d'envoyer un SMS à Roméo avant de m'endormir :

- Coucou toi, j'espère que tu es prêt pour demain, je te souhaite bonne chance.

Sa réponse ne se fait pas attendre :

- Salut ma beauté, je suis fin prêt et toi ? Merci, toi aussi.

- J'ai révisé comme j'ai pu, je pense pas que j'aurais pu faire mieux, je vais donner tout ce que j'ai et on verra bien.

- Je suis sûr que ça va aller, on se retrouve après l'exam pour faire un débrief ?

- Oui, avec plaisir !

- Super, à demain, te couche pas trop tard, je t'aime.

Son message me réchauffe le cœur et je ressens soudainement une envie de me surpasser pour l'examen de demain matin. Certes, je manque de confiance en moi, mais Roméo est la personne qu'il me faut pour m'aider à surmonter cette lacune.

Je lui réponds le sourire aux lèvres :

- Je t'aime aussi.

Nous y sommes. Curieusement, je suis moins stressée que la veille, j'ai réussi à m'endormir sans peine et je me sens prête à tout donner. J'avale un petit-déjeuner et me prépare pour aller en cours. Une fois sortie de chez moi, je mets mes écouteurs et commence à écouter ma playlist la plus douce pour me détendre. Marcher en musique, c'est tout ce dont j'ai besoin avant un événement angoissant.

Une fois devant la faculté, je réalise qu'il y a énormément de monde. Bien sûr, je ne vois pas Roméo mais je ne m'inquiète pas plus que cela, il est probablement noyé dans la masse.

Même si je suis concentrée sur l'examen, j'ai une pensée pour Pauline. Je n'ai pas envie de la croiser, j'ai la boule au ventre à l'idée qu'elle m'agresse une nouvelle fois devant la foule.

Rapidement, je me dirige vers l'amphithéâtre où doit se dérouler l'examen. Sur le chemin, je croise Matthieu à qui j'adresse un signe de tête et un sourire, qu'il me rend. Je n'ose pas aller le voir pour lui faire la bise, de peur que le reste du groupe fasse irruption.

Je me sens bien seule, j'en ai besoin pour me ressourcer. Petit à petit, je me mets en condition d'examen, je me remémore mes cours, me récite des définitions, me répète les termes encore et encore. Je suis impatiente que ces deux heures s'écoulent, que je puisse retrouver mon Roméo et le prendre dans mes bras.

Finalement, les étudiants sont autorisés à entrer dans la salle pour se placer. Les places sont nominatives, je ne peux donc pas me réfugier au fond de l'amphithéâtre. Le comble, c'est que je suis en plein milieu d'une rangée, au milieu de la salle. Rien de plus angoissant pour moi de ne pas pouvoir sortir lorsque j'aurai terminé ou pire, de devoir déranger tout le monde. Les yeux seront probablement rivés sur moi, l'horreur.

Une fois installée, je scrute le reste de la salle, toujours pas de Roméo à l'horizon. J'aperçois Sofiane, Matthieu, Eden et même Gabriel, que je n'avais pas vu depuis un moment.

Soudain, alors que les portes s'apprêtent à se fermer, Roméo fait irruption dans la salle, s'excusant pour son retard. Je suis rassurée quelques secondes, jusqu'à ce que j'aperçoive qu'il n'est pas seul.

Pauline se tient fièrement derrière lui. Elle a le sourire aux lèvres et semble jubiler d'être venue avec son ex-copain. De mon côté, je bouillonne. Qu'est-ce qu'ils font ensemble ? Pourquoi Roméo est-il venu avec elle ? De nombreuses questions fusent dans ma tête, je suis folle de rage et rapidement, mes pensées se dissipent. Je me fiche éperdument de l'examen, je veux à tout prix avoir des réponses à mes questions.

Roméo s'installe à sa place et Pauline fait de même. Les différents documents commencent à être distribués. De mon côté, je ne quitte pas Roméo des yeux. Il est devant moi, à trois rangées. Je ne vois que son crâne mais j'essaie de deviner, dans son comportement, quelque chose qui pourrait le trahir ou donner des réponses à mes questions. Il ne semble pas affolé ou même culpabilisé par quoi que ce soit, il sort ses affaires dans le calme, ce qui me rend encore plus folle.

Au bout d'une vingtaine de minutes, je décide de me faire violence. Je ne dois pas mettre en l'air des semaines de révisions et trois années de licence pour un garçon, je lui poserai mes questions le moment venu. Pour l'heure, je dois faire preuve de concentration et tenter de gérer au mieux mon examen. Par chance, le sujet me parle, c'est celui que j'ai le plus travaillé.

Au bout d'une heure et demie, je suis enfin débarrassée, Je ne suis pas peu fière, j'ai tout donné comme prévu malgré mon agacement.

À présent, je suis prête à aller discuter avec Roméo, qui est sorti quelques minutes avant moi. Une fois dehors, je le rejoins sur un banc :

- Salut ma belle, dit-il avant de m'embrasser.

- Salut, réponds-je froidement.

- Tout va bien ? L'examen s'est mal passé, c'est ça ?

- L'examen s'est bien passé.

- Moi aussi, merci de demander.

Je ricane nerveusement, j'ai toujours ce tic lorsque la moutarde me monte au nez. Plutôt que de dire ce que je pense, je deviens sarcastique et même parfois méprisante, je suppose que cela fait partie d'un mécanisme de défense bien rodé que j'ai développé au fil du temps.

Roméo ne semble pas amusé par la situation. Il prend un air sérieux avant de me demander :

- Qu'est-ce que j'ai fait Maya ?

- Rien.

- Ah non, tu joues pas à ce jeu là avec moi, je vois bien que ça va pas, dis-moi.

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les mots ont tant de mal à sortir de ma bouche. Pourtant, je sais ce que je veux lui dire, tout est limpide dans ma tête mais je n'arrive pas à le regarder dans les yeux pour lui dire tout ce que je ressens, j'ai trop peur des répercussions.