Fyctia

Elle se retourne et pose son regard sur l'électrocardiogramme, la ligne qui était jusqu'à maintenant plate et continue, bouge désormais de façon répétitive. Hugo, les yeux bouffis, lève sa tête pour voir d'où provient ce son presque apaisant. Il jette son regard entre le corps de l'homme qu'il aime et la machine. Les yeux ronds, il se relève et pose ses trois premiers doigts au niveau de son poignet et sourit de bonheur lorsqu'il arrive à apercevoir un pouls. Brenda, n'en revenant pas, s'approche du lit et vérifie les messages de l'ECG, elle n'arrivait pas à le croire. Georges et Vanessa rentrent à leur tour avec un visage illuminé. Hugo ne pouvait s'empêcher de verser des larmes d'espoir. Aaron est revenu à la vie, peut-être qu'il pourra aussi se réveiller. Il l'espère de tout cœur, car il a un an à rattraper avec lui. Brenda, voyant Hugo au-dessus du corps d'Aaron, décide de sortir de la chambre pour reprendre son service avec ses coéquipiers. Au fond de lui, Hugo les remercie, il a désormais le besoin vital de rester auprès de sa guimauve. Cette nuit, pour notre jeune directeur, se passera dans les bras de son amant qui a survécu au pire. Peut-être que demain sera un autre jour.

Le lendemain matin. Dimanche 23 Novembre 2042.

Brenda entre dans la chambre 208, celle d'Aaron, elle découvre son patron allongé à côté du flan gauche du patient. Elle sourit face à cette découverte tendre et romantique. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre ce qui avait pu se passer entre ces deux-là avant que l'un des deux ne soit plongé dans un coma profond. Surtout entre la bonne humeur du nouveau médecin lorsqu'il opérait avec le directeur, le taquinait à la cafétéria comme avec l'épisode de l'épluchage de la banane et aussi lorsqu'il disait vouloir se rendre en salle de pause. Brenda, la gentille commère du service, toujours à l'écoute de nouveaux ragots, tente de s'imaginer ce qui a pu se passer entre les deux médecins sur le fameux sofa jaune de la salle de repos. Elle qui fantasmait sur le beau Aaron dès son arrivée, elle ne regrette pas de savoir qu'il est la propriété de son patron. Cela emplit son désir d'en apprendre plus sur des anecdotes croustillantes. Tout le service s'est déjà demandé si le directeur était casé, quant à Brenda, elle se posait même des questions sur sa vie intime. Personne ne trouvait ça déplacé, lorsque l'on connaît parfaitement la jeune interne, on sait qu'elle ne cherche pas ce genre d'informations pour nuire aux personnes mais simplement parce qu'elle aime conseiller les autres en amour. Il ne sert à rien de changer une équipe qui gagne.

Elle ouvre les rideaux et remonte le mécanisme des volets jusqu'à la moitié. Elle s'approche des machines et relève les constantes du patient. Les seules semaines qu'elle a pu côtoyer le Dr. Brassard, elle en a appris beaucoup sur le métier de médecin, elle a un profond respect envers lui et son savoir. Le voir ainsi, immobile, et sans vie, hier, lui brise le cœur. Elle aussi, comme sûrement tout le service, espère revoir le Dr. Brassard courir dans les couloirs de l'hôpital pour arriver à temps au bloc opératoire. Elle est persuadée qu'il a une côte très élevée ici, parmi les différent services de l'hôpital et sa réputation n'a pas été inventée: il est vraiment très bon.

Elle se glisse vers le fauteuil et passe entre celui-ci et le lit pour caresser l'épaule du Dr. Dupont afin de le réveiller. Aujourd'hui, il a une dure journée qui l'attend avec deux opérations à risques et des consultations très importantes comme celle d'une femme enceinte. Hugo ouvre ses paupières lentement et sourit à la vision d'avoir l'homme qu'il aime auprès de lui dès son réveil. Il remarque ensuite la présence de Brenda et se lève immédiatement en tentant de balbutier des excuses aussi pourries les unes que les autres. Elle lui sourit et lui répond qu'elle sait désormais ce qu'il y a entre eux. Le directeur ne sait pas alors comment réagir, il rougit simplement avant de s'extirper du lit blanc. Brenda lui explique alors qu'il a une opération dans vingt minutes. Hugo, en bon chirurgien qu'il est, ne prend aucune minute pour bien se réveiller et sort de la chambre après l'avoir remerciée.

Maintenant, la seule chose qu'il doit faire, c'est répondre aux besoins de ses patients tout en s'occupant de l'amour de sa vie. Il est convaincu qu'il pourra bientôt se tenir à ses côtés, main dans la main, se promenant au fil d'un lac. Peut-être que cela arrivera plus vite qu'il ne le pense. Le Père Noël sait se faire désirer, mais il sait aussi récompenser les âmes pures et sages. Est-ce que celle du directeur saura le persuader qu'il doit répandre un peu de paillettes de la magie de Noël sur le lit de son bel endormi?