Zoé Sonobe (zizogoto) Ma guimauve dans un chocolat chaud Chapitre 15

Chapitre 15

Hugo court dans tout le service, les patients s'accumulent, un accident de bus a eu lieu sur la nationale. Dix personnes âgées sont entre la vie et la mort, deux enfants sont ouverts au niveau de la jambe, une femme a une barre en métal qui lui traverse le ventre et une adolescente est dans le coma. Le service entier est en ébullition. L'emploi du temps d'aujourd'hui risque d'être long et complexe.


— Brenda, vous m'assistez au bloc, Jérémy, Laure et Vanessa, occupez-vous des personnes âgées. Aaron, vous opérez les enfants avec Patrick et Georges. Solène, prenez les constantes de la gamine dans le coma. Allez! Go! Go! Go!


Aaron s'approche de Hugo en courant à côté de lui.


— Hugo, laisse-moi opérer la femme avec toi. C'est une intervention très dangereuse, je suis bien mieux qualifier que Brenda pour cette opération.


— Aaron, s'il te plaît, ce n'est pas le moment pour une crise de jalousie.


— Ce n'est pas ça le problème Hugo! J'ai déjà opéré ce genre de cas, la vie de cette femme ne tient qu'à une artère.


— Bon ok, viens avec moi. Brenda prenez sa place s'il vous plaît.


Brenda ne tique pas, encore moins sur le tutoiement entre les deux médecins. Il n'y a jamais eu autant d'effeverscence dans le service, ça s'agite, ça court dans tous les sens et les chariots disparaissent à une vitesse folle vers les blocs opératoires. Hugo s'habille en l'espace de quelques secondes seulement, Aaron aussi. La femme est emmenée au bloc, Aaron l'anesthésie. Quatre heures plus tard, la barre en métal n'est plus dans le corps de la femme, elle a été recousue et se trouve désormais en salle de réveil. Hugo et Aaron sortent du bloc et enlèvent leurs habits verts.


— Tu vois, je t'avais bien dit que je te serai d'une aide précieuse. Son intervention s'est compliquée, si je n'avais pas été là pour pincer son artère, elle ne serait plus là.


— Oui Aaron, tu as été parfait. Je te remercie.


Hugo passe dans chaque chambre pour voir comment les opérations ou les interventions se sont passées. Six personnes âgées sont sorties d'affaire, deux autres ont trouvé la mort. Pour Hugo, ce sont deux échecs de plus, il prend la responsabilité d'appeler leurs proches pour les prévenir. Pour les deux enfants, tout s'est très bien passé. La jeune femme dans le coma a de très bonnes constantes et elles parlent dans son sommeil. C'est une assez bonne nouvelle quant à son réveil. Hugo retourne dans son bureau et appelle la fille unique de l'une des personnes âgées.


— Allô, Madame Erner? Bonjour, je suis le Dr. Dupont de l'hôpital Dupont, votre mère a eu un accident de bus ce matin.


— QUOI?? Comment ça?? Comment va-t-elle??!


— Je suis désolé, nous avons essayer de la réanimer, mais nous n'avons rien pu faire.


— Nan!!! C'est pas possible!!!


— Je suis sincèrement désolé Madame Erner.


Elle raccroche. Hugo déglutit et se frotte les yeux avec ses mains. Aaron toque et entre dans son bureau.


— Tu es sûr que ça va aller?


— Oui. Il me reste une famille à appeler.


— Tu ne veux pas que je le fasse?


— Tu ne comprends pas Aaron, c'est à moi de le faire, je suis responsable de chaque patient ici.


Aaron s'assoit en face de lui et prend l'un de ses mains entre les siennes.


— Écoute, tu es peut-être le directeur de cet hôpital, mais tu ne dois pas tout porter sur tes épaules. Tu n'es fautif de rien et tu n'es responsable de rien. Tu ne dois rien à ces familles. Je vais appeler la prochaine, va te reposer, je pense que tu en as grand besoin avec cette opération.


— Tu ne comprends pas, j'ai voulu faire ce métier parce que j'aimais en connaître davantage sur le corps humain si passionnant, mais avec les années, avec ma première intervention chirurgicale, j'ai compris que ce que j'aimais le plus dans ce métier, c'était de pouvoir sauver des vies, apporter cette petite lueur d'espoir dans les yeux des proches et même du patient. À chaque fois qu'un patient perd la vie dans mon hôpital, c'est de ma faute car j'ai peut-être mal géré l'équipe, mal géré mes gestes ou le temps.


— C'est un ''peut-être'' Hugo, en aucun cas c'est de ta faute. Lorsque les patients arrivent à l'hôpital et que leur vie est engagée, ton but est de les sauver, mais pas de les sauver d'une faute que tu as commise. Lorsqu'ils arrivent, leur chance de mourir est forte, toi, en les opérant, en intervenant, tu réduis cette chance de mourir. Tu leur donnes la possibilité de pouvoir rester en vie. Tu n'es pas la cause de leur mort, mais tu es la cause de leur vie lorsque tu interviens. Tu comptes tous ceux qui n'ont pas pu survivre, mais as-tu compté ceux que tu as sauvé? Ceux qui te doivent la vie pour les avoir sauver? Ceux qui sont arrivés à l'hôpital en pleurant de joie pour récupérer leur proche qui est resté en pension plusieurs jours dans cet hôpital et que tu as aidé? Comptes-tu tous ceux-là? Alors ne raconte pas de bêtise, tu es le meilleur chirurgien que je n'ai jamais vu. Ta dextérité, ton calme, ta passion lors de tes interventions sont ta force et sont aussi des qualités qui ont permis la vie. Ne porte pas tout sur tes petites épaules Hugo. Et à partir d'aujourd'hui, je serai là pour t'épauler, tu ne seras plus jamais seul, je ne te laisserai pas tomber.


Hugo ne peut retenir ses larmes, elles coulent le long de son visage en prenant conscience qu'Aaron a raison. Ce dernier fait le tour du bureau et vient le prendre dans ses bras. Hugo pose sa tête contre son torse alors qu'Aaron l'enroule dans ses bras. Le soutien est important dans n'importe quelle relation, même professionnelle. Mais est-ce ce genre de relation qui les liera à jamais?

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5 commentaires

patoche

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Il y a 4 ans

La petite faille est en train de se créé.

isa.belle

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Il y a 4 ans

Aaron fait preuve de maturité dans ce chapitre, cela devrait apporter le reconfort que Hugo à besoin, ainsi qu'un équilibre dans leur relation. Cela arrive au bon moment!Bravo!

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Et oui!

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Le soutien d'Aaron pour Hugo est magnifique, primordial dans leur métier.

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Primordial !
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