Fyctia

Jeudi 19 Décembre, J-6, vers 8h00, à l'hôpital.

Hugo sort du bloc opératoire, cette petite heure d'opération l'a détendu exactement comme il le fallait. Si vous êtes de nature stressée, devenez chirurgien, opérer, ça détend. La prochaine opération est pour neuf heures, il a le temps de passer à la salle de pause pour prendre un café et d'aller visiter trois patients. Il se hâte vers la salle de pause pour se booster, il prépare les graines de café dans le percolateur et attend patiemment. Pendant ce temps, il vérifie les abonnés absents sur le tableau.

_ Julie est en congé parental encore deux semaines, heureusement Rebecca a pu prendre la plupart de ses patients. Vivement qu'elle revienne, son absence se fait sentir dans le service, elle est l'une des meilleures infirmières de cet hôpital. Ensuite, nous avons... Gérard... Ah oui, c'est vrai, il a eu un accident en faisant les rénovations de la maison de sa fille. Le dernier... Aaron. Aaron? Pourquoi? Cela fait à peine une semaine qu'il est ici et il est déjà absent?

Hugo souffle avant de prendre sa tablette et d'envoyer un mail professionnel à Aaron. Peut-être qu'il lui répondra. Hugo boit son café et part faire sa tournée avant de revêtir des vêtements verts propres pour le bloc.

Vers 17h00, au beau milieu d'un couloir.

Le téléphone portable de Hugo sonne. Il décroche sans regarder le numéro qui l'appelle.

_ Oui? Allô?

_ Vous êtes bien Monsieur Dupont Hugo?

_ Oui c'est moi.

_ Je suis le Commandant Bernard du commissariat Barnabé, je vous appelle car j'ai un ami à vous en garde à vue, Aaron Brassard. Il nous a donné votre nom pour que vous puissiez venir le chercher.

_ Attendez, que fait-il au commissariat?

_ Il a été assez violent dans un bar hier soir et après avoir été mis à la porte, il a pris sa moto pour je suppose rentrer chez lui, mais il a eu un accident et nous l'avons emmené après l'avoir retrouvé.

_ Un accident? Comment va-t-il?

_ Bien. Vous pourrez venir le chercher?

_ J'arrive.

Hugo raccroche et prévient le service qu'il doit s'absenter pour une raison personnelle. Il prend sa voiture et se dirige vers le commissariat, inquiet et énervé. Lorsqu'il arrive, il claque la porte de sa voiture et entre à l'intérieur. Il cherche le bureau du Commandant Bernard et toque avant d'entrer.

_ Bonjour, je suis Hugo Dupont, vous m'avez eu au téléphone toute à l'heure.

_ Bonjour, merci d'être venu. Vous pouvez vous asseoir.

Hugo s'assoit après avoir fait une poignée de mains au commandant.

_ Où est Aaron?

_ Dans une cellule, il va pouvoir repartir avec vous lorsque vous aurez payé la caution.

_ Ah oui, une caution. De combien est-elle?

Hugo avale sa salive, visiblement énervé de payer une telle somme, puis il se lève pour accueillir son soi-disant ''ami''. Aaron arrive devant lui, les bras menottés derrière le dos. Un policier les lui enlève. Hugo remarque la mauvaise mine d'Aaron, il porte des traits de fatigue. Il a aussi pleuré, ses yeux sont rouges. Hugo remercie le policier qui lui donne les affaires personnelles d'Aaron qu'il s'était fait confisquer. Ils sortent tous deux du commissariat. Aaron n'a pas dit un seul mot. Hugo le met dans sa voiture et prend le volant pour le ramener chez lui, mais il espère bien une explication, elle vaut bien le chèque qu'a dû donner Hugo au commandant. Hugo démarre et prend la nationale pour rentrer.

_ Tu vas m'expliquer ce qu'il s'est passé, je te préviens. Tu as été violent? Tu peux m'expliquer comment et pourquoi? En plus de ça, cela ne t'a pas suffit de te faire mettre dehors, tu as trouvé ça judicieux de prendre ta moto pour rentrer alors que tu étais fortement alcoolisé. Tu es médecin. Ne me dis pas que l'on ne t'a jamais fait ces préventions. Je ne suis pas idiot. À quoi pensais-tu? Qu'est-ce que tu cherchais?

Aaron ne répond pas, il est comme dans un état second. Il chancelle sur la banquette arrière.

_ Tu n'as toujours pas décuvé? Bon, très bien. Je t'emmène chez moi, je vais te faire redescendre sur terre moi.

Hugo tourne à droite pour prendre le chemin qui mène à son grand appartement. Il arrive après plusieurs longues minutes. Avec le silence dans l'habitacle, une sorte de tension s'installe, les mains de Hugo se resserrent sur le volant jusqu'à que ses phalanges blanchissent.

_ Je suis vraiment déçu de ton comportement et de ton immaturité, non plus encore, de ton irresponsabilité en tant que citoyen mais aussi en tant que médecin. Ne crois pas que tu vas t'en sortir aussi facilement, lorsque tu retourneras à l'hôpital, je te convoquerai dans mon bureau et jusque là, je vais réfléchir aux mesures que je vais prendre en ce qui te concerne.

Hugo gare sa voiture. Il sort et ouvre la porte arrière pour détacher Aaron et l'extirper de la voiture. Il le porte un peu jusqu'à l'ascenseur et appuie sur le bouton qui correspond à l'étage 3. Il entre avec lui dans son appartement après avoir bien galéré à ouvrir la porte. Puis il amène son ''ami'' jusque dans la salle de bain. Une bonne douche froide s'impose.