Fyctia

Le lendemain, à la fin du service.

Aaron quitte le vestiaire, c'est le moment pour Hugo de lui demander.

_ Attendez! Dr. Brassard!

Il se retourne.

_ Que me voulez-vous?

_ J'aimerai que l'on discute, dans mon bureau.

_ Oh euh, je suis désolé si j'ai fait quelque chose de mal, je n'ai pas encore pris mes marques dans cet hôpital.

_ Ne vous inquiétez pas. Suivez-moi.

Aaron le suit jusque dans son bureau. Hugo ferme la porte derrière eux et s'installe sur son fauteuil à roulettes. Aaron s'assoit juste en face, exactement au même endroit que mardi.

_ Je voulais vous parler à propos de nos conflits.

_ Si c'est cela, je préfère m'en aller. Nous n'avons rien à nous dire.

_ Si au contraire, je pense que nous devons éclairer les zones d'ombre.

_ D'accord, je vous écoute.

_ Pas ici, nous devrions commencer par mettre un mur entre le personnel et le professionnel.

_ Alors que suggérez-vous?

_ J'aimerai vous inviter chez moi ce soir.

_ Ok. Je viendrai.

_ Cool.

Aaron sort du bureau et rentre chez lui. Hugo fait de même. Justine arrive chez lui et commence à préparer ses fameuses tartes. Hugo l'aide tout en écoutant de la musique.

_ J'espère que tout va se passer sans encombre. Débute-t-elle.

_ Je l'espère aussi. Je ne comprends même pas pourquoi je m'attache autant à ce que tout redevienne calme.

_ Peut-être parce qu'il te fait un peu d'effet! Il doit être beau garçon!

_ N-N'importe quoi! C'est juste pour le travail, il est important d'avoir une équipe soudée.

_ Bien sûr.

Elle rit tout en positionnant des poivrons se sorte à ce qu'ils forment une rose ouverte. Les tartes passent au four et Justine rentre dans la chambre de son ami. Là, où elle va patienter jusqu'à la fin de la soirée pour pouvoir intervenir en cas de pépin.

_ Tu es sûre que ça va aller? Tu ne vas pas t'ennuyer?

_ Non, ne t'inquiète pas, j'ai apporté les lingeries de Rachel, je dois les prendre en photo et les mettre sur son site internet pour la boutique en ligne. Avec les fêtes de fin d'année qui approchent, je pense qu'il vaut mieux que je me dépêche.

_ D'accord, pas de problème. Et si tu pouvais utiliser les toilettes de ma salle de bain, ce serait génial!

_ Je vais essayer de me retenir, je ne voudrai pas le faire fuir à cause d'une chasse d'eau.

_ Oui c'est vrai. Merci d'être là pour moi.

_ Tu ferai la même chose si j'avais été dans ton cas.

_ Sûrement.

Il sourit et ferme la porte de sa chambre. Aaron frappe à la porte, tout a été pensé au millimètre visiblement. À quelques secondes près, tout était cramé. Hugo lui ouvre et la porte. Il est tendu à l'idée que cela ne se passe pas comme prévu.

_ Vous pouvez vous détendre, nous ne sommes plus au travail.

_ Ce n'est malheureusement pas ce qui me tend.

_ C'est moi?

_ Oui...

Aaron est surpris, son petit jeu de séducteur s'est évaporé avec sa colère, peut-être qu'il va trouver une brèche pour l'enrôler à nouveau. Hugo lui propose gentiment de s'installer et part en cuisine chercher le vin rouge qu'il avait débouché un peu plus tôt. Il le verse ensuite dans le verre ballon d'Aaron et se sert également. Aaron arque un sourcil tout en le regardant.

_ Vous buvez?

_ Oui, je pense qu'il est temps d'essayer.

Hugo s'installe à son tour et sourit.

_ Je voulais d'abord commencer par m'excuser. Je n'aurai pas dû m'enfuir ainsi de chez vous l'autre soir.

_ Je devrais également m'excuser pour avoir été trop... direct et... hum... rapide.

Un silence se forme.

_ On ne se débrouille pas trop mal, non? Lance Hugo.

_ En effet, je pense que ça passe. Peut-être que vous devriez continuer en me disant ce qui vous fait peur ou ce qui vous embête.

_ D'accord, oui, bonne idée. Et tutoyons-nous, je pense qu'au point où nous en sommes, ce serait plus simple.

_ Oui, je pense aussi.

_ Hum... Donc, ce qui me fait peur... Je n'ai jamais eu une seule relation de toute ma vie.

_ Ah bon? Pourtant vous êtes... enfin, tu es en couple en ce moment.

_ Quoi? Bien sûr que non!

_ Qui était la jeune femme à l'hôpital sur la terrasse?

_ Ah elle! C'est une amie, elle s'appelle Justine. Il n'y a absolument rien entre nous, et ça ne risque pas!

_ Oh d'accord, je suis désolé, je me suis créé un problème tout seul.

_ Ce n'est pas grave... Et puis... Autant que cela soit clair, je suis homo, à 100%.

_ Moi aussi.

_ Cool.

L'ambiance commence alors à se détendre. Hugo continue de discuter jusqu'au moment où il doit s'éclipser dans la cuisine pour enlever les tartes du four.

_ Peux-tu me dire où se trouvent les toilettes?

_ Oh, juste au fond du couloir vers la gauche.

_ Ok!

Aaron entre dans le couloir et entend du bruit, comme des ongles sur un clavier. Fouiller, n'est pas une qualité, mais la curiosité est l'un de ses plus grands défauts. Aaron ouvre alors la porte qui mène à la pièce d'où semblent venir les bruits de clavier. Il tombe nez à nez avec Justine, la même brune qu'à la terrasse. Assise sur le lit à taper sur un ordinateur, entourée de lingeries féminines disposées un peu partout sur le lit.

_ Oh, euh, salut! Vous devez être le fameux Aaron...

_ Je n'arrive pas à le croire, il se fout de ma gueule.

Aaron sort de la chambre et se dirige d'un pas énervé vers la porte d'entrée. Hugo arrive avec un plat dans la main qu'il pose sur la table.

_ Tu t'en vas?

_ Attendez Aaron! C'est un malentendu! Laissez-moi vous expliquer! Ce n'est pas ce que vous pensez! Intervient Justine.

Aaron se retourne.

_ Ah oui? Ce n'est pas ce que je crois? Désolé, mais une nana dans le lit d'un mec, entourée de lingeries sexys, ça peut porter à confusion, non?

_ Je sais. Je vais vous expliquer, c'est assez simple. Hugo avait peur de se retrouver avec vous à nouveau après autant de tensions. Je suis donc venue pour être sûre que vous ne finissiez pas par vous entretuer.

Aaron sonde le regard de Hugo pour voir si elle dit la vérité. Il s'avance et se calme.

_ Je vous crois. Mais vous n'êtes vraiment pas obligée de rester ici.

_ D'accord... De toute façon, j'ai compris, haha, je m'en vais.

Justine ramasse toutes ses affaires et quittent l'appartement de Hugo. Désormais, il ne reste plus que les deux hommes dans l'appartement. Que va-t-il se passer?