Fyctia
Chapitre 3
Le soir, après la journée de travail.
Hugo rentre, exténué de sa journée, il pose sa sacoche en cuir marron sur le canapé et s'y assoit. Il est assez rare qu'il enchaîne autant d'opérations dans une seule et même journée. Pourtant, il n'a pas l'intuition de se plaindre puisqu'il aime son métier. Il s'y est donné corps et âme durant ces vingt dernières années, depuis le concours après son année de PASS (les Permanences d'Accès aux Soins de Santé, soit le nouveau PACES) jusqu'aujourd'hui même où il a pu exercer le métier dans son propre hôpital.
Il se remémore ce qui s'est passé dans l'ascenseur avec le nouveau médecin qu'il était censé accueillir dans son bureau en bonne et due forme. Au lieu de cela, Hugo l'a bousculé avec un sapin dimanche soir et s'est retrouvé coincé entre l'une des parois du cube métallique et le [magnifique] corps du jeune médecin. Hugo bascule en avant et pose ses mains sur sa tête, les coudes sur ses genoux.
- Bon sang! Mais qu'ai-je fait? Cela va être si difficile de travailler dans ces conditions... Je ne sais même pas comment je dois désormais réagir devant lui. Dois-je faire comme si de rien n'était? Ou justement comme si tout avait été si normal?
Il rit.
- Avec la veine que j'ai, il s'est peut-être même bien moqué de moi. Comment puis-je être idiot à ce point? Il a juste dû remarqué que j'avais des penchants pour les hommes l'autre soir et il a voulu vérifier son hypothèse. À quoi pensé-je? Je dois absolument garder ma popularité au sein de l'hôpital, je ne peux pas me faire décrédibiliser à cause d'un petit bisou.
Il finit par se lever pour aller préparer son dîner. Il n'a pas très envie de se mettre à cuisiner quelque chose de ''grandiose''. Il prend simplement un barquette de carottes qu'il épluche à l'aide d'un économe. Puis il lave une salade verte et l'essore. Rien de grandiose, en effet. Après avoir dîné, il se glisse jusqu'à la salle de bain pour se laver les dents avant d'enlever tous ses vêtements pour aller se coucher.
Le mardi matin, à sept heures et demie.
La nuit a été longue, Hugo a essayé de tout retourné dans tous les sens, mais il est resté sur l'idée de faire comme si jamais rien ne s'était passé. Lorsque les pompiers sont arrivés pour les extirper de la machine, il était déjà plus de vingt heures. L'entretien avec le nouveau médecin a donc été reculé à ce matin. Hugo est dans son bureau, il triture deux stylos qui étaient disposés parallèlement sur la gauche depuis déjà plus dix minutes. Il est nerveux. Il sait qu'il ne doit pas le montrer, mais sous la table, sa jambe droite devient même frénétique. Un ''TOC'' puis un deuxième se fait retentir dans la pièce. Il est là. Le Dr Aaron Brassard est juste derrière cette porte qui les sépare encore quelques secondes. La gorge nouée, Hugo essaie de redevenir calme, sa jambe s'arrête, sa main gauche remet mécaniquement les crayons à leur place et il souffle un dernier coup avant de le laisser entrer.
- Bonjour, j'espère ne pas être trop en retard. Il y avait un monde fou sur la route.
- Bonjour, vous pouvez venir vous asseoir en face de moi. Sachez que je recherche un personnel professionnel qui est capable de ne jamais montrer ses problèmes lorsqu'il pose le pied sur le territoire de cet hôpital.
- Oh, euh oui, excusez-moi.
Le Dr. Brassard s'assoit alors et semble être assez anxieux après la remarque du directeur. Hugo reprend du poil de la bête après sa première réplique. Il entrelace ses doigts et reste droit.
- Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins. Notre hôpital est fier de pouvoir vous compter parmi nous. Vous avez un dossier très complet. J'espère pouvoir avoir à faire à vos compétences dont certains confrères ont pu en faire l'éloge.
- Naturellement. Je ferai de mon mieux pour ne pas nuire au bon fonctionnement de l'hôpital.
- Je l'espère. Sachez qu'au bout de trois rappels, je ne pourrai pas empêcher votre mutation ou votre envoi au comité de direction.
- Bien entendu. Je sais rester professionnel et je saurai être le plus efficace possible.
- Bien. Maintenant que tout cela est au clair, voici votre tablette. Vous recevrez votre emploi du temps de la semaine, vos gardes, vos patients et leur dossier. Si vous avez une quelconque question, n'hésitez pas à m'en faire part, de même si vous avez un problème au sein de l'équipe soignante.
- Je vous remercie.
- Je vous souhaite la bienvenue dans l'hôpital Dupont en espérant que votre aventure ici sera longue et enrichissante.
Le Dr. Brassard sort du bureau et respire un bon coup. Il a bien cru qu'il allait y rester. La directeur est beaucoup moins jovial que les deux dernières fois où il l'avait rencontré. Que s'est-il passé pour un tel changement de caractère? Est-ce ce baiser dans l'ascenseur?
9 commentaires
Jeanne d'Art
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
patoche
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans