Adenpart Lux Fero - Le Porteur de Lumière Chapitre 21

Chapitre 21

Tandis que son invité parcourait le menu des yeux, Abigail en profita pour le détailler. Il était incontestablement beau mais au-delà de sa simple plastique, il impressionnait surtout par l’aura d’autorité qui émanait de lui. Comme si le monde ployait naturellement devant lui. Dans son esprit se forma une représentation grossière du règne du vivant et en son sommet, assis sur un trône : Staan, avec son impeccable costume et un étrange air insolent sur son visage. Elle sourit à cette image et s’attarda sur la qualité de ses habits. Le tissu semblait être hors de prix, tout comme la montre d’argent finement ciselée à son poignet dont le bracelet s’accordait parfaitement au reste de la tenue. Il redressa la tête et lui demanda alors : « Devrions-nous commander ? Ou voulez-vous plus de temps pour poursuivre votre inspection ?

— Ce n’est pas une inspection ! » se défendit-elle, prise sur le fait. « J’observe juste que tu es très bien habillé. Mais si tu as déjà choisi, je veux bien qu’on appelle un serveur. Je commence à mourir de faim ! Qu’est-ce que tu vas prendre ? L’onglet et ses haricots ou la bavette et ses frites ?

— L’onglet me semble délicieux mais penser aux frites m’en a furieusement donné envie » reconnut-il avec un sourire coupable. « Bandes de petits démons du gras. Le serveur me dira s’il est possible de choisir l’accompagnement. Quant à votre choix, il est vrai que le saumon fumé et sa julienne de légumes semble exquis.

— Comment tu as su ? » demanda-t-elle, intriguée.

— De la même manière que vous, je suppose : le sens de l’observation » répondit Staan, innocemment. « Avez-vous pensé vous lancer dans le domaine du privé ? Une telle faculté vous y serait très utile. Et vous pourriez encore collaborer avec les forces de l’ordre. A moins que vous n’ayez déjà réfléchis à ce que vous allez faire maintenant ?

— Pas le moins du monde ! » admit-elle avec un haussement de sourcils. « A y réfléchir, je recommencerai bien une licence de droit, étant donné que techniquement, j’ai validé ma première année. C’était il y a dix ans peut-être mais avec mon expérience dans la police, je devrais avoir des facilités en ce qui concerne les lois. Quant à mon sens de l’observation, je ne sais pas vraiment si on peut parler de faculté à proprement parler. Je remarque des choses et j’en déduis d’autres. C’est tout.

— Alors ? Qu’avez-vous découvert d’autre à mon sujet ? » l’interrogea Staan avec un sourire taquin. « Je suis curieux. Surprenez-moi.

— Que tu es riche. » commença-t-elle, se prenant au jeu. « Bien plus que ce que je ne le pensais en te rencontrant dans un café comme celui où travaille Carmen. C’est une des nombreuses questions que je me suis posé à ton sujet : pourquoi fréquenter un endroit pareil ? Avec tellement de piliers de bar qu’on pourrait en faire un Panthéon ? Dans un quartier pas des plus animés ? Il y a sûrement des cafés bien mieux dans le Vieux Port.

— J’aime l’endroit, leur café y est délicieux, et c’est proche de chez moi. Que d’avantages ! » résuma Staan. « Pourquoi irais-je entendre deux anciens débattre d’une anecdote centenaire quand je peux aller en apprendre plus sur la vie dans un café populaire ?

— Bonsoir, avez-vous choisi ce que vous désiriez commander ? » les interrompit un serveur.

— J'imagine qu'apprécier la simplicité d'un endroit vaut mieux que prétendre d’appartenir à un autre » acheva-t-elle avant de se tourner vers le nouveau venu. « Bonsoir ! Oui, mon ami va prendre un onglet avec des frites et je vais prendre le saumon fumé et ses légumes. »


Avant que leurs plats n’arrivent, tandis qu’ils mangeaient et bien après avoir fini, ils discutèrent sans voir le temps passer. A intervalles réguliers, leurs voisins de tables partaient et laissaient leurs places à de nouveaux arrivants. Chaque nouveau client subissait un examen en règle de la part du duo et ils s’amusaient à s’interroger sur le métier qu’il ou elle exerçait ainsi que sur sa commande. Bien qu’ils ne se soient rencontré que la semaine passée, et malgré le vouvoiement de Staan, Abigail s’en sentit étrangement proche. Ils discutaient et riaient de bon cœur, lui permettant d’oublier la peine de son renvoi et les douloureux souvenirs réveiller par toute cette affaire. À plusieurs reprises, elle eut envie d’aborder le sujet de la relation entre Staan et sa sœur mais se laissait plutôt emporter par la conversation et l’idée lui passait.


Un repas complet et quelques bouteilles de vin plus tard, ils ressortaient du restaurant en marchant précautionneusement. Abigail sentait l’alcool lui embrumé l’esprit et créer une voie expresse entre ses idées et ses actions. Elle se retrouva ainsi à passer son bras au-dessus des épaules de son nouvel ami et à lui planter une bise sonore sur chaque joue. Son propre geste la surprit tant qu’elle eut un instant de clairvoyance sur son propre état. Dans un éclat de rire, Abigail décréta avec aplomb qu’il était temps pour elle de rentrer. L’aidant à appeler un taxi, ce fut avec un sourire que Staan l’aida à monter lorsque la voiture s’arrêta. Se retournant sur la banquette arrière, elle lui adressa un salut de la main par la vitre, avant qu’elle ne le perdît de vue dans l’averse de neige.


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