Adenpart Lux Fero - Le Porteur de Lumière Chapitre 5

Chapitre 5

« Oui Monsieur. Je sais, Monsieur. J’imagine très bien, Monsieur. Voilà. Encore merci à vous, Monsieur. Bonne soirée »

Abigail raccrocha et fut soudainement prise d’un doute. Avait-elle fait le bon choix en transmettant ce que lui avait appris Carmen à son supérieur ? Il avait été passablement énervé d’être dérangé à cette heure de la nuit mais il l’avait tout de même écoutée et lui avait assuré qu’il transmettrait ses renseignements. Maintenant, cela ne dépendait plus d’elle. Ironiquement, cela avait été un des points principaux de la discussion : elle n’avait pas le grade nécessaire pour participer à l’enquête. Depuis l’appel de Carmen, elle n’avait pas réussi à se rendormir et s’était alors mise à collecter toutes les informations possibles sur le dénommé Staan Fleruci. Son poste dans les forces de l’ordre ne l’avait hélas pas aidée tant l’homme semblait ne même pas exister. Aucun compte sur aucun réseau social, pas de référence dans l’annuaire, nulle mention dans le moindre registre… A un tel stade, il tenait plus du fantôme. Pour autant, elle avait tenu à transmettre le peu qu’elle avait trouvé à son supérieur, au cas où.


Désormais débarrassée, elle en profita pour ranger les dégâts de sa recherche de téléphone. Sans rien trier, lettres et magazines étaient de retour sur la table puis elle alla chercher de quoi balayer les morceaux de porcelaine. Dans une allégorie empreinte d’amertume, le cendrier que son ancienne compagne lui avait offert et qui arborait une gravure de leurs initiales s’était brisé en son centre, partageant le cœur en deux et les séparant définitivement. Lorsqu’elle jeta les débris dans la poubelle, son regard se dirigea vers un cadre accroché au mur, où deux femmes s’enlaçaient avec de grands sourires. La photo prise lorsqu’Abigail fêtait son vingtième anniversaire, elle et sa sœur semblaient toutes deux si heureuses que nul n’aurait pu deviner les évènements des semaines à la suite du cliché. Avec un sourire, elle s’adressa au cadre de bois, blaguant sur la symbolique du cadeau brisé.


Abigail s’était mise à parler à la photo au décès de sa sœur, pour l’aider à faire son deuil. Bien consciente qu’elle ne discutait qu’avec une feuille de papier glacé, elle n’attendait évidemment pas de réponse mais cela lui avait donné l’impression de conserver ce lien qui les unissait. Les années avaient passées et le besoin était devenu une habitude. Souvent, sa sœur lui manquait, elle qui avait toujours été son alliée et conseillère. Avec la surcharge de travail des semaines précédentes et ses récentes réflexions sur une éventuelle démission, Abigail ressentit le manque de sa présence plus que jamais depuis sa mort. Alors, bien maigre consolation, elle lui confia sa frustration, sa peine, et la perte d’intérêt pour son emploi. Partager ses problèmes lui allégea le cœur, la détendit au point de la faire bailler. Alors, avec un dernier clin d’œil, Abigail souhaita une bonne nuit au visage de la défunte et alla se coucher.


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