Fyctia

MIA

Cette journée d'anniversaire commence parfaitement bien.

Léo s'est occupé de tout ce matin, à commencer par moi. Nous avons pris le temps de nous réveiller ensemble et de faire l'amour. Non je ne culpabilise pas, cessez vos jugements.

Il a ensuite tout pris en main et sans que je ne demande rien, il a vidé le lave-vaisselle, remis en place les jouets d'Isabela qui traînait, ce n'est pas grand-chose, mais ça m'a permis de passer du temps avec ma fille.

Je l'ai préparé, et j'ai pu jouer avec elle.

Ces dernières semaines, j'ai été totalement submergé par le travail, mais aussi par Gabriel. Et j'en ai un peu délaissé ma famille. Je ne ressens pas de culpabilité quant au fait de mettre Léo de côté, mais ma fille Isabela, jamais je ne pourrai lui faire ressentir ce que ma mère m'a fait ressentir.

Alors, j'ai tenté de me faire pardonner de mon absence de ces dernières semaines en jouant avec elle et en lui donnant quelques bonbons pour la journée. Puis, j'ai promis à ma fille de m'améliorer, de trouver une solution à tout ça.

Léo m'a ensuite préparé un petit déjeuner, et nous avons même pris le temps de discuter un peu, profitant de ces instants presque volés.

Je me suis surprise à me dire que mes actes avaient des conséquences, et que toute cette vague de bonheur pouvait disparaître si je continuais à jouer au jeu de Gabriel.

Mais j'ai rapidement chassé ces pensées de mon esprit pour me concentrer sur l'instant présent.

Mes problèmes seront toujours là demain.

Il est 8h30 quand j'arrive au bureau avec du café et des petits gâteaux à grignoter. Chloé déjà présente et prête à me sauter au cou, chante à tue-tête « JOYEUX ANNIVERSAIRE BIATCH ! ».

En effet c'est un remix de la chanson classique joyeux anniversaire. Je ris face à sa bonne humeur contagieuse.

-        Merci ma Chlo ! m'exclamé-je en la prenant dans mes bras.

- Joyeux anniversaire, Madame Lopez.

Je reconnaitrai sa voix entre mille.

Mon corps et mon cœur réagissent à l'unisson quand je sens sa main se déposer sur le creux de mes reins pendant qu'il dépose un rapide, mais tendre, baiser sur ma joue.

- Tu fais la bise à tes employées toi maintenant, c'est nouveau ? lui demande Chloé d'un ton mordant.

- Seulement celles qui le méritent.

Il agrémente sa pique d'un clin d'œil arrogant et Chloé pousse un soupir levant les yeux au ciel et retournant s'installer à son bureau. C'est à ce moment que Filipe entre et tout le monde le dévisage. Il est complètement débraillé et semble avoir passé la nuit dehors.

- Quoi ? Tu ne vas pas me prendre la tête, si ?

Gabriel le fixe un instant et je sens ses iris foncer tant sa colère gronde.

- On a rendez-vous dans une heure. Va prendre une douche et reviens.

- Je vais chez toi, c'est plus près.

- Non ! C'est la merde chez moi, c'est le bordel, je ne préfère pas. Repasse chez toi. Tu aurais dû y penser avant ! rétorque Gabriel avec un regard de fureur que je ne lui connais pas.

- Putain mec, tu fais chier ! Je peux aller prendre une douche chez toi, j'en ai pour deux secondes je ne vais pas aller checker tes caleçons !

Gabriel continue de le fixer, les poings serrés. Chloé et moi ne loupons pas une miette de cette petite altercation. Les frères Suarez n'ont jamais été du genre à aller boire le thé ensemble au goûter, mais ils ne se sont jamais disputés devant nous. En tout cas pas pour des histoires personnelles.

Le ton est déjà monté plusieurs fois à cause de leur divergence sur leur manière de gérer des dossiers clients, mais c'est tout.

- Bon, je vais chez moi. Qu'est-ce que tu peux être con. Au fait, bon anniversaire Mia, j'espère que mon frère te traite mieux que ceux qu'il a l'habitude d'avoir autour de lui.

Mon sang ne fait qu'un tour, mon corps s'enflamme en sachant que Filipe est au courant de nos activités extraprofessionnelles. Je fouille du regard pour trouver celui de Gabriel, mais il semble indifférent et évite mon regard. Il détourne les yeux et retourne se terrer dans son bureau. Le retour de l'ours mal léché.

Bon sang, c'était quoi ce bordel ? Pourquoi Gabriel ne veut pas que son frère aille chez lui en son absence ? Comment Filipe peut-il être au courant de ce qu'il y a entre son frère et moi ? Que sait-il exactement ? Et depuis quand ?

Et... qu'est-ce que ça veut dire « J'espère que mon frère te traite mieux que ceux qu'il a l'habitude d'avoir autour de lui » ?