Fyctia

31 octobre 2023, Bureau, Westminster, Londres.

Une odeur. Un sentiment. Une couleur. 

Une odeur âcre. Un sentiment de peur. Une couleur rouge. Du sang.

Beaucoup de sang. Le couloir en est imprégné. Les murs en sont recouverts. Des traces qui longent les poignées de la porte en bois. Une jolie porte qui sent la luxure et qui se retrouve à présent ensevelie par le poids des secrets, des mensonges, du ressentiment, de la trahison.

La trahison c'est quoi ?

D'après Google, « trahison, nom féminin : 1. Crime d'une personne qui trahit, qui passe à l'ennemi 2. Action de trahir et de manquer au devoir de fidélité ».

Je me retrouve allongée, dans une mare de sang, mon propre sang, fixant mon tableau favori : deux visages entremêlés laissant planer une ombre de mystère derrière ce que le peintre a voulu exprimer. Je suis dans ce foutu couloir à la con.

Ce couloir que j'ai longé des centaines de fois, me pavanant sur mes talons hauts assortis de mes mini jupes, mes chemisiers laissant subtilement deviner mon décolleté. Je l'ai aimé ce couloir, je l'ai aimé cette porte que je passais chaque matin avec fierté.

Ça avait le goût de la liberté. Le gout de ma liberté. Et j'en paye le prix. Au prix fort, même, puisque c'est ma vie qui est en jeu.

C'est marrant comme on ne ressent pleinement l'envie de vivre que lorsqu'on meurt. C'est marrant comme on mesure à quel point on tient à une personne seulement quand on la perd. C'est marrant comme on se délecte des souvenirs qu'on ne chérissait même plus qu'au moment où l'on sent sa conscience nous quitter.

J'ai eu une belle vie. Je crois. J'aurais pu mieux faire. J'en suis sûre.

C'est marrant comme le poids des regrets est lourd lorsqu'on ressent notre âme nous quitter définitivement.

Mais vous voyez, ce qui est marrant, c'est que tout ça je n'en avais absolument aucune foutue putain d'idées il y a un an.

Sinon, penseriez-vous que j'aurai fait les mêmes choix ? Que je me serai plus méfié ? Que j'aurai ri plus fort ? Fais l'amour plus intensément ? Que j'aurai aimé différemment ?

Il y a un an, je savais que quelque chose me manquait. Ce que je ne savais pas, c’est qu’aujourd’hui je donnerai tout pour ne pas me retrouver ici, à baigner dans mon propre sang, à faire face à mes vérités, à mes fautes.

À mes pêchés. À mes amours. À ma mort.