Fyctia
Chapitre 24 🎶🤩🥳💓
— C'est grave ? me questionne Simon.
— Co… comment ça ? rebondis-je soudain, confuse.
Perturbée par son aura captivante, je crains d'avoir oublié le fil de notre discussion.
— Martin… reprend-il. C'est grave ?
— Il faut appeler ses parents. Il doit aller à l’hôpital pour des examens complémentaires, lui conseillé-je, plus sérieuse. La glace, c'est du provisoire. Pour moi, ce n'est pas cassé… après, il vaudrait mieux en être sûr.
— OK, je m'en occupe de suite, s’enquiert-il.
Je ramasse ma sacoche et m'apprête à rejoindre ma colocataire pour déjeuner, même si, partager cet instant avec le prof de sport super sexy face à moi me tenterait bien plus. Désolée Marion !
— Merci d'être venue… me lance Simon d'un air gêné tout à coup. Je… Tu… Bref, je te souhaite un bon appétit vu l'heure. Je présume que tu as encore beaucoup de travail.
Pendue à ses lèvres, j'attends un quelconque signe d'intérêt de sa part. Mais rien. Dépitée, je le salue et me dirige vers la sortie. J’ai espéré pendant une seconde… En fait, j’ignore ce que j’espérais.
Arrivée au niveau de la grille principale, à ma grande surprise, il m'apostrophe :
— Élisa ! Ça te dit une balade sur la plage ce soir ?
Dos à lui, Simon ne distingue pas l’expression ravie éblouissant soudain mon visage. Mes joues s'empourprent à cette demande imprévue et ma canine droite mord machinalement ma lèvre inférieure. Poings serrés, je chuchote le "Yes" de la victoire.
Les enfants entonnent une chanson à tue-tête, tout en effectuant une ronde. Ce futur carton interplanétaire spécialement créé pour Simon et moi m'embarrasse quelque peu et tout mon corps se crispe.
— Docteur Élisa et Monsieur Le Maire sont amoureux ! Docteur Élisa et Monsieur Le Maire sont amoureux !
Pas ennuyé le moins du monde par la comptine inventée par ses élèves, Simon s'en amuse. Son rire entêtant se diffuse jusqu'à mes oreilles comme une douce mélodie qui fait chavirer mon petit cœur sensible. J'inspire profondément, retrouve un air impassible, tourne la tête dans sa direction et accepte son invitation d'un oui de la tête.
— Pourquoi pas ? Quelle heure ?
— Je passe te chercher à la fermeture du cabinet ? dit-il, tout sourire.
— C'est noté !
Alors que je fais demi-tour, je jubile intérieurement comme une gamine à qui on vient d'offrir le jouet dont elle rêve depuis des mois.
Cependant, après l'euphorie, un éclair de lucidité me traverse : et si ce n'était pas un rencard mais une simple façon de me remercier ? On dirait une adolescente amourachée du capitaine de l'équipe de football du lycée. J'ai trente-cinq piges tout de même !
Une fois à l'extérieur, la joyeuse Colette accompagnée de ses copines murmurent sur mon passage. Les commères du village n’ont qu’une envie : colporter de fraîches rumeurs.
— Je peux vous aider Mesdames ? soufflé-je avec une légère pointe d’ironie.
— Oh non docteur, tout va bien… rétorque Lysette de sa voix cassée.
Colette lui administre un coup de coude magistral.
— Arrête d’mentir Lysette ! Ché ti qui voulo savoir c’qui s’passait entre Docteur Delatour et M'sieur Le Maire ! poursuit cette dernière.
Outrée par l’audace de sa copine qui n’assume même pas sa curiosité maladive, la malheureuse Lysette reste coi. Ne manquerait plus que Lydie qu’est-ce qu’elle dit y ajoute son grain de sel.
— Eh bien, navrée de ne pas pouvoir alimenter vos ragots de la semaine, mais il ne se passe rien entre nous, mis à part une relation strictement professionnelle.
— Ché pas beau d’mentir, docteur… ricane la clopeuse. Il vous a invitée pour une balade ! On a tout entindu hein !
— M'sieur Le Maire lui a tapé din l'œil ! renchérit la cheffe de la bande.
Lydie observe celle-ci, soudain horrifiée.
— M’sieur Le Maire a tapé l’docteur ?! Mais faut pô vous laisser faire enfin ! s'exclame-t-elle, scandalisée.
En plus d’être sourde, Lydie débarque d'une autre planète. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer.
— Je vous rassure Lydie, ce n’est pas ce que voulait dire Colette.
— Ah bon ? Zêtes sûre ? Qu’est-ce qu’elle a dit alors ?
— Laissez tomber, trop long à vous expliquer.
— Il vous a fait tomber ? Mais quel goujat ! Il va m’entindre ce p’tit salopard ! Maire ou pô, ça m'arrêtera pô mi !
Les deux autres se regardent en gloussant. Ces mamies m’agacent autant qu’elles me divertissent. Je ne peux réprimer un léger sourire pendant qu’elles se chamaillent comme les trois adolescentes qu’elles ont été il y a de nombreuses années. Je tire parti de leur vive discussion pour m’exfiltrer au plus vite et retrouve Marion avec laquelle je débriefe du cas du petit garçon blessé, omettant intentionnellement ma prochaine escapade avec son cousin.
Cet après-midi a été le plus long depuis mon arrivée et chaque nouveau patient, un stress de plus vers mon rendez-vous secret. Enfin pas si secret au final, car l’information s’est répandue comme une traînée de poudre jusque dans ma salle d’attente.
Merci Mesdames les pipelettes pour votre discrétion sans faille !
Entre ceux qui ont cru la version de Lydie et me poussent à porter plainte et ceux qui m’observent avec leurs yeux de merlan frit persuadés qu’une histoire d’amour est née, je suis servie ! C'est aller un peu trop vite en besogne… Même si Simon me plaît, envisager une relation au-delà d'une belle amitié est trop prématuré, voire inconcevable. Dans cette addition plutôt simple à résoudre, il reste le facteur retour prochain dans la métropole… Cette retenue m'empêchera de me laisser aller en totalité. Pourtant, si je ne l'ajoute pas au calcul, ce dernier sera erroné… Une erreur. Eh oui. Simon et moi serait une erreur. Mais peu importe, j'ai envie de profiter du moment et de mettre un peu de couleur dans ma morne vie.
Voilà pourquoi, après le dernier patient de la journée, tourner la clé dans la serrure me procure un profond soulagement. Marion, qui durant ces dernières heures, a fait mine de passer outre les rumeurs du village, me scrute avec insistance. Son regard empli de reproches ne cille pas. Je ne vais pas y échapper.
— Oh ça va ! T’allais me casser les pieds avec Simon sinon ! m’esclaffé-je, sur la défensive.
— C’est pas mon genre… rigole-t-elle, pas le moins du monde en colère. Mais t’aurais quand même pu me le dire ! J'allais finir par le savoir de toute manière !
Sa moue enfantine s'efforce de me faire culpabiliser mais hors de question que je morde à l’hameçon. Je la connais la Marion !
— N’empêche, t’as vachement dû prendre sur toi depuis ce midi… Tu m’épates !
Nous éclatons de rire. Marion se moque de moi sans vergogne et minaude le prénom de son cousin encore et encore. Quelques coups portés à la fenêtre attirent subitement notre attention. Le visage expressif et enthousiaste de Simon se dévoile et mon cœur bondit dans ma poitrine. J'attendais ce moment avec impatience depuis ce midi. Je me hâte de ranger mon bureau, enjouée.
— Laisse Éli. Je m’occupe de tout et je donnerai à manger à D’Artagnan. Vas-y ! Mais ne crois pas que tu couperas au débrief à ton retour !
9 commentaires
Patricia Eckert Eschenbrenner
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Il y a 2 ans
Maddy Son
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Il y a 2 ans
Ana_K_Anderson
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Il y a 2 ans
Rose Foxx
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clecle
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Maddy Son
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Caroline Guerini
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Enika
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Il y a 2 ans