Fyctia
Chapitre 9-2
Gabriel demande à sa domestique de lui préparer deux cocktails. Au bout de quelques minutes, il revient avec deux boissons dans les mains, servis dans des verres de martini.
— Tenez !
L’homme profite de cet instant d’intimité pour en connaître un peu plus sur Ava. Elle s’est assise dans le fauteuil, une jambe repliée sur l’autre, il se place à ses côtés en gardant une distance respectable entre eux.
— Dites-moi plus sur vous. À quoi ressemble votre famille ?
Est-ce le stress qui la fait boire d’une traite la moitié de son verre, les yeux fermés, avant de répondre ?
— Euh…vous avez vu ma petite soeur, c’est une vraie…chipie et elle est très féminine, on se ressemble beaucoup, sauf le côté « mode », elle est tout mon contraire.
— C’est-à-dire ?
— C’est une fashion victime, moi, j’suis plutôt un garçon manqué.
Elle ose désormais lui parler les yeux dans les yeux, de façon posée, mais demeure encore un peu réservée.
— Quant à maman…c’est une femme exceptionnelle, elle est très courageuse, optimiste et rêveuse.
— Et votre père ?
Son regard s’assombrit soudain, se passe une main dans les cheveux, regarde le sol avant de répondre :
— Il est plutôt du genre réaliste, nous avons ce point-là en commun.
Le Prince remarque qu’elle boit une autre gorgée de son verre comme pour écarter définitivement le sujet.
— Je ne vous imaginez pas aimer Michael Bublé ?
— Et pourquoi donc ? C’est un jazzman hors pair. Mais, j’ai des gouts très hétéroclites. J’aime aussi U2, Jessie Ware, Ed Sheran et parfois la musique classique comme Ludovico Einaudi.
— Waouh ! En effet, vous êtes un homme très surprenant. J’avais peut-être faux depuis le départ.
— Vous voyez…je ne suis pas si idiot, murmure-t-il.
Ils éclatent de rire. Gabriel remarque qu’Ava semble maintenant plus détendue, ses épaules se sont affaissées. Avec son index, elle retrace le cercle du verre de martini. De temps à autre, elle remet une mèches de ses cheveux derrière son oreille, signe qu’elle flirte avec lui. Mais il faut vraiment qu’il se concentre sur son objectif premier, apprendre à la connaître, voir si elle ferait une bonne maman pour William.
— C’est étrange, dit-elle soudainement, je me sens tellement plus légère. Il y avait quoi dans ce verre ? demande-t-elle avec une voix voluptueuse ?
— C’est l’Amour !
Ava écarquille des yeux tout ronds et hoche la tête.
— Rassurez-vous, je parlais du cocktail, c’est un mélange de rhum, citron et miel.
— Tout s’explique, je ne bois jamais, j’aurai dû vous le dire, dit-elle une main sur la bouche. J’suis pas le genre fun and parties…Ma soeur dit que je suis ennuyeuse. Elle m’a même surnommé icegirl (la fille de glace).
— Icegirl ? s’étonne le Prince. Vous me devez une explication !
— Selon elle, dit-elle, s’approchant et en chuchotant, je ne me lâche jamais, je ne me livre pas assez, je suis sans coeur.
Ava finit son verre et rigole.
— Ohh…ohh…vous êtes très fort ! C’était votre plan, me souler pour en apprendre plus sur moi ?
Gabriel sourit. Une Ava décomplexée et effrénée s’offre à lui, ce qui n’est pas pour lui déplaire.
— Est-ce que je suis soule ?
— Vous êtes un peu pompette, mais pas suffisamment ivre pour ne pas être consciente de vos actions.
— Ohh…ohh…je vois. J’adore cette nouvelle sensation, dit-elle se mordillant les lèvres. Ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien, comme libérée d’un poids. Merci.
— Tout le plaisir est pour moi Ava…Vous faites quoi pour vous amuser alors ?
— Oh…euh…je passe mes journées à bosser pour des riches, mais pas comme vous, eux, ils sont vraiment étranges. Mmm…Et quand je ne travaille pas, je…je m’occupe de ma maman, de la maison. Et… le reste du temps, je lis…je lis de tout : des thrillers, des romans historiques et…faut pas le dire, mais je lis aussi des romans d’amour.
— Vraiment ? Vous seriez donc une romantique ?
— Une romantique qui s’ignore, ouais ! Et vous Gabriel, je peux vous appeler Gabriel ?
— Mmmm…on va faire une petite entorse au règlement ce soir, oui.
— Donc Gabriel, vous êtes plutôt un bel homme, séduisant même, comment se fait-il que vous n’ayez eu d’aventures après la mort de votre femme.
— Mmm…Je n’avais pas le coeur à l’ouvrage.
— Vous parlez de faire l’amour ? lâche-t-elle, avant de se confondre en excuses, rouge de honte. Pardon…
— Oui Ava, je parlais de faire l’amour. Je ne suis pas le genre d’homme à chercher des aventures d’un soir. J’suis un vrai romantique, avoue-t-il. Je fais partie de cette minorité d’hommes qui donnent un sens à faire l’amour. Je ne conçois pas de coucher avec une femme pour qui je n’éprouve rien. J’suis pas…j’suis pas mon frère !
Ava a les yeux qui pétillent. Cette remarque la rassure au plus haut point.
— Et moi qui croyait que vous étiez…enfin je pensais…je pensais que toute cette aventure-là c’était pour vous taper toutes les candidates. Pardon, excusez-moi ! dit-elle les mains sur sa bouche. Faut vraiment plus que je boive. D’habitude, je maitrise ma bouche. Là, ça me plait pas du tout de perdre le contrôle.
— Ava, relaxez-vous ! Moi j’aime bien voir ce trait décomplexé de votre personnalité. Je parie qu’avec votre famille, vous êtes exactement comme à l’instant.
— C’est sûr ! Mais vous êtes le Prince !
— Vous avez dit vous occupez de votre maman, est-elle souffrante ?
— Oui, elle…elle est atteint d’une sclérose en plaques.
— Je suis navré.
— Je crois que…j’ai la tête qui tourne…c’est normal ?
— Vous désirez vous allonger un peu ? Vous tenez vraiment pas l’alcool dis donc !
— Ohh…non…si je m’allonge, je risque de m’en dormir, j’ai le sommeil rapide. Ohhh non ! J’ai gâché notre premier rendez-vous.
— Ne dîtes pas des sottises ! Je me suis amusé comme un fou !
— Je…je ferai mieux de rentrer, dit-elle, en se levant.
Gabriel, voyant qu’elle a dû mal à se tenir debout seule, la soutient de ses bras.
— Venez, je vais vous raccompagner.
Ils sortent des ses appartements, longent un couloir avant de descendre au premier étage. Heureusement, ils ne croisent personne. Gabriel ouvre la porte et entre dans la suite d’Ava. Il l’aide à s’asseoir sur le lit.
— Ça va aller Ava ?
— Oui…oh…attendez, j’avais un cadeau pour vous. Je devais vous le donner lors de notre premier rendez-vous. Aujourd’hui quoi !
Elle se lève et titube. Gabriel l’attrape et l’oblige à se rasseoir.
— Vous sentez drôlement bon ! ose-t-elle dire, le nez plongé dans le creux de son cou.
— Merci. Où se trouve le présent ?
— Là, sur la commode.
Ava retire ses chaussures, les envoie sur le sol. Elle plonge sous les draps et s’allonge sur le lit comme une masse. Gabriel s’approche d’elle, touche son front et soupire.
— Bonne nuit Icegirl, murmure-t-il.
— Demain, je vais probablement vous en vouloir de m’avoir saouler, dit-elle la voix pâteuse. Vous en savez trop sur moi à présent. Bonne nuit Gabriel.
— Beau rêves !
5 commentaires
Célia Picard
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Il y a 7 ans
Lena.payet.c
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Il y a 7 ans
stanos974
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Il y a 7 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 7 ans
Margaux Lecocq
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Il y a 7 ans