Fanny, Marie Gufflet LOVED Chapitre 8-2

Chapitre 8-2

Le lendemain, comme à mes habitudes à la maison, je me réveille à 6h00 du matin. J’ai besoin d’établir une routine ici, afin de me sentir à mon aise. Je décide de revêtir un jean, un pull en cachemire rose poudrée et des bottines. J’ai toujours aimé me lever à l’aube, et ce, même en hiver. Ainsi, je m’enroule dans une veste et file à pas de loups au rez-de-chaussée. Je longe le long corridor et m’arrête là un instant, le temps d’admirer le ciel noir et ses étoiles. Je décide de faire une prière. Après tout, depuis que je suis allée à l’église, le Ciel m’a tendu la main.

Ce n’est que lorsque j’entends des bruits de pas près de moi, que je décide d’ouvrir les yeux.

— Mademoiselle, je vous ai cherché dans votre chambre. Tout va bien ?

— Désolée Hermione, j’avais besoin de prendre l’air. Où allez-vous ?

— Aux cuisines.

— Je peux me joindre à toi ?

— Euh…oui.

— Je n’ai pas l’habitude de me tourner les pouces.

— À ce propos, votre lit, c’est à moi de le faire, me sermonne-t-elle.

— Absolument pas ! Je dois garder la main, dis-je pour dédramatiser la chose. Ce n’est qu’un lit, pas de quoi en faire un drame.

Nous marchons vers l’antre du Palais et j’ai le sentiment bizarre d’être à l’hôtel, entourée de toutes ces précieuses mains qui confectionnent nos plats, qui astiquent de fond en comble, qui chantonnent des mélodies.

— Hermione chérie, qui emmènes-tu ici ? crie sûrement sa mère.

— Mum, c’est miss Ava.

— Mademoiselle Davis, c’est un honneur ! lance-t-elle, en s’inclinant.

— Non, je vous en prie, pas de courbette.

— Vous voulez boire quelque chose ?

— Un café, mais laissez, je vais le préparer. J’ai besoin de m’occuper les mains. Depuis hier, tout le mode me traite comme si je suis la Reine…dis-je indignée.

— Non non non !!!

— J’insiste, laissez !

— Ok !

Maria rend les armes. Tout comme sa fille, elle est très chaleureuse, son visage ressemble trait pour trait à Hermione, en plus âgée. C’est la dame qui m’a versé le thé, je m’en souviens à présent.

Alors que je suis en train de me dépêtrer avec la machine à café, j’entends la voix du Prince, reconnaissable entre mille. Je n’ose pas me retourner, je fais donc ce que je sais faire de mieux, me fondre dans le décor, mais je prête l’oreille à la conversation.

— Ah Maria, comment vas-tu aujourd’hui ? Où est donc ma tasse de café ?

Il y a des notes joyeuses et malicieuses dans le son de sa voix.

— Seulement après avoir embrassé ta vieille domestique mon cher Prince !

— Viens-la ma petite Maria…

J’entends qu’il plaque une bise sonore sur les joues de la servante et je souris.

— Contente ?

— Oui.

Je la vois qui s’active près de moi, un sourire enfantin collé sur les lèvres. Elle me fait des oeillades, mais je n’ose pas bouger, mes mains sont littéralement cramponnées au mug.

— Je vois que nous avons une nouvelle domestique, intervient le Prince derrière moi. Maria, tu ne lui as pas encore donné son uniforme ?

— Non Gabriel, c’est Miss Ava !

Sur ce, je me retourne, rouge de confusion. Visiblement lui aussi, ses yeux sont deux billes opaques mais sur son visage, se peint la consternation puis la colère.

— Mademoiselle Davis, je vais devoir vous remonter les bretelles ! Combien de fois vais-je devoir vous répéter de ne pas de vous fondre dans le décor ? Vous êtes incorrigible !

— Je…euh…

— Puisque vous êtes ici, venez donc prendre le café avec moi, m’offre-t-il, tirant un tabouret à côté de lui.

Les regards conspirateurs des domestiques sont rivés sur nous, tandis qu’Hermione me fait des clins d’oeil complice.

— Vous êtes bien matinale ! Il y a-t-il un soucis avec votre chambre ?

— C’est dans mes habitudes de me lever tôt votre Majesté.

— Mademoiselle Davis fait elle-même son lit, ajoute Maria.

— Non ! Vous n’êtes pas sérieuse ? s’indigne Gabriel, une main posée sur le torse, le sourire aux lèvres.

Je suis mortifiée et couverte de honte.

— Je n’y peux rien, dis-je pour me rattraper. Et vous, que faites-vous là si tôt ?

— Je vis ici, rigole-t-il. Je fais partie de ceux qui prônent que « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ».

Nous restons-là, prenant part de temps à autre aux bavardages des domestiques. Encore intimidée, je n’ose me livrer davantage. Au bout d’une vingtaine de minutes, le Prince se lève pour prendre congé :

— Ava, auriez vous l’obligeance de garder cet aparté pour vous, je n’aimerai pas que les cuisines soient remplies d’autres candidates dès demain.

— Entendu ! Et ne vous inquiétez pas, je ne viendrais plus troubler votre tranquillité matinale, dis-je pour le rassurer.

— Pourquoi pensez-vous que votre présence m’aurait dérangé ? Vous m’avez mal compris Ava, vous êtes toujours la bienvenue dans ces lieux. À tout à l’heure.

— Merci, dis-je, retournant également à mes occupations.


La semaine s’est écoulée lentement. C’est fou ce qu’on peut prendre des habitudes, même loin de chez soi. Peut-être est-ce ma façon de me rassurer, j’ai enfin trouvé mes repères. Le matin, je descends aux cuisines, parle avec les domestiques, les aide quand ils le veulent bien. J’ai pu recroiser le prince une seconde fois, mais les autres jours, il arrivait apparemment lorsque j’étais déjà partie.

Avec les autres candidates, nous avons eu droit au cours avec madame Deleauney. Nous avons subi des gommages, des massages pour le corps, deux fois cette semaine. Pour moi qui ne suis pas accoutumée, c’est un supplice de se mettre pratiquement nue, entre les mains d’une femme qui tripote ma peau. Je suppose que c’est censé me détendre, mais je n’y suis pas parvenue.

Les après-midi ont été ponctués des rendez-vous des candidates avec le Prince, toutes, sauf moi. Je me demande s’il ne va pas m’évincer dès ce soir. Apparemment, il doit nous annoncer le noms des six filles qui quitteront le Palais.

Peut-être est-ce moi ? Peut-être suis-je trop casanière ? Peut-être qu’il va m’évincer car j’ai passé la plupart de mes journées à errer dans la Bibliothèque, à me cacher des autres, à m’évader dans les pages de romans ?

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase déjà plein de stress, est lorsque cet après-midi, madame Deleauney a annoncé que nous sommes conviées demain matin à un spectacle de patinage artistique, en l’honneur d’enfants malades. La presse sera présente pour capturer notre première sortie avec le Prince et ses candidates. Ce qui a fait grand bruit dans les couloirs du Palais.

Je n’ai aucune idée de ce qu’il faut mettre pour ce genre de chose, de toute façon, je ne serai plus là ! Debout, devant mon armoire, je contemple les vêtements avec appréhension.

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5 commentaires

OfelieEy

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Il y a 7 ans

Je suis hyper fan de ton livre j’adore il est à la fois émouvant sentimentalement et émotionnellement et c’est le rêve de toute fille devenir l’épouse d’un prince mais le prince de son cœur

stanos974

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Il y a 7 ans

Top

SylvieDP

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Il y a 7 ans

trop bien, la rencontre en cuisine...

Gaïane MILLER

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Il y a 7 ans

Très bien écrit, lecture agréable.

Célia Picard

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Il y a 7 ans

J’aime trop !
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