Fyctia
Suspicions quand tu nous tiens
Un grognement raisonne dans la pièce et ses paroles sont imperceptibles. Je m’approche un petit peu plus afin de mieux entendre. Moi, une fouine? Oh que oui!
– Qu’est-ce que tu ne comprends pas? Je ne veux plus jamais te voir. C’est fini entre nous, alors arrête de me prendre la tête.
Un long silence s’entend. La personne à l’autre bout du fil doit sûrement lui répondre, mais c’est inaudible. En tout cas, mon mystérieux chef n’a pas l’air d’être content. C’est dingue, ce changement de tempérament en si peu de temps.
Tout à l’heure, il était de bonne humeur lorsqu’il me parlait, puis après monsieur se vexe et maintenant il s’emporte au téléphone.
– Hannah STOP! Toi et moi, c’est terminé. Arrête de m’appeler. Arrête de me harceler. Notre histoire est révolue, c’est clair?
J’entends un long grognement suivi d’insultes. Je suppose que la conversation est terminée. Cet échange n'est vraiment pas net.
Je me rapproche lentement, cachée derrière une étagère remplie d’ustensiles de cuisine. Tout à coup…
BAM
Quelle idiote du village, je suis. Un couvercle tombe sur le sol.
– Qui est là?
Je me raidis sur place. Il se retourne et son regard rencontre le mien. Il se dirige frénétiquement vers moi et son buste s’arrête à quelques centimètres de moi. Il relève mon menton vers lui pour lui faire face. Je me sens toute petite, il fait deux têtes de plus que moi.
– Ambre? Qu’est-ce que tu fais ici? Le cours est terminé.
Ambre reprends-toi trouve une excuse.
– Je voulais juste vérifier si c’était bien toi. Est-ce que tu es le gars du bar de l’autre soir?
– Bravo Sherlock. Maintenant va-t-en.
Quel toupet, cette arrogance. Il m’agace au plus haut point. Déjà que mon binôme était peu loquace, puis lui, monsieur insolent se croit tellement irrésistible que s’en est agaçant. Toute la rage que j’ai accumulé tout au long de cette soirée a besoin de s'évacuer. Oh que oui! Je dois relâcher la soupape.
– Pardon? Pour qui tu te prends Monsieur arrogant. T’es complètement bipolaire, mon pauvre. Je voulais simplement m’excuser pour ton haut. Et toi? Toi, tu fais le fier comme un coq, car tu te crois irrésistible. Et tu me repousses comme une malpropre? Tout cet air dédaigneux, car je ne me souviens pas de toi? On ne t'a jamais appris la politesse et les manières d’un gentleman à ce que je vois. Je ne comprends pas, pourquoi vous les hommes, vous vous sentez si supérieur avec votre ego mal placé!
Sans que je m’en rende compte, je le pointe du doigt. La pulpe de mon index touche son pectoral musclé.
– Pourtant, moi, je me souviens bien de toi, explique-t-il dans un murmure.
Une étincelle traverse son regard et il m’embrasse.
Je ne comprends pas ce qui est en train de se passer. Il presse ses lèvres avec force et il me serre contre lui comme s’il ne voulait pas que je parte. J’essaie de me détacher de lui en le repoussant. Je plaque les deux paumes de mes mains sur son abdomen et le refoule.
– Mais t’es complètement malade!
Je n’arrive vraiment pas à le cerner. Cet homme est une énigme à lui seul.
Après ce vif échange, je le vois tout penaud. On dirait un adolescent qui vient d’embrasser une fille pour la première fois.
– Je, je m’excuse…Je ne sais pas ce qu’il m’a pris…
Deux de ses doigts sont sur sa tempe et il ose à peine me regarder avant de se reprendre:
– Ambre, tu ne voudrais pas que l’on recommence du bon pied cette fois-ci?
Je ne réponds pas encore secouée par ce qui vient de se dérouler. Voyant que je n’ai aucune réaction, il continue de parler:
– Je sais que … Je me suis comporté comme un gros bourrin. C’est juste que ma vie part complètement en vrille. Ok. Je sais que ce n’est pas une raison, mais…
Il soupire, repoussant ses cheveux en arrière en passant une main dedans et se laisse tomber le long de l’étagère. Je vois à cet instant précis, un homme complètement perdu, désemparé et désespéré, portant la misère du monde, en étant assis dans l’économat.
J’ai vraiment de la peine pour lui. À cet instant précis, il m’émeut. Que lui est-il arrivé pour avoir un tel comportement? Ma bonté me perdra. Ma petite voix intérieure n’arrête pas de me dire de le réconforter et de l’aider.
Je me reconnais un peu en lui. À vouloir repousser toutes les personnes que je croise lorsque l’on souffre intérieurement. C’est comme une sorte de mécanisme de défense, une carapace pour ne pas être brisé une nouvelle fois.
Par conséquent, je me déplace dans l’économat à la recherche d’objets bien précis. Je ne sais pas où cela se trouve exactement. Réfléchis Ambre. Allons. Je farfouille dans les étagères, mais en vain, je ne trouve pas ce que je souhaite. Une idée me vient alors à l’esprit. Je pars vers la cuisine et au bout de quelques minutes. Je reviens vers lui une bouteille de vin à la main et deux verres. Je m’assois près de lui. Il ne dit rien et prend son verre. Je le sers et mets fin à ce silence:
– Je ne sais pas, si je peux t’aider dans tes tourments. Mais raconte-moi ton histoire. Cela pourra peut-être alléger ta conscience. Parfois, c’est plus simple de parler avec un inconnu qu’avec ses proches. Alors, je t’écoute.
Il me regarde avec intensité et plein de gratitude.
– Je n’ai pas envie de t’embêter avec mes histoires…
– Pourtant, je vois bien que cela te pèse. Tu es complètement à fleur de peau.
– Si cela ne te dérange pas. Je préfèrerais que l’on reste assis ici, tous les deux en silence à boire ce vin, répond-il en me désignant la bouteille d’une main.
– Si c’est ce que tu souhaites et si cela peut t’aider. D’accord.
Nous observons la pièce en silence en admirant les vestiges de notre chasse aux ingrédients de tout à l’heure. Le sol est enfariné et couvert de pulpe de tomate. Je me remémore cette folle soirée en tête. Nos regards se croisent et nous éclatons de rire. On dirait deux fous, mais ça fait du bien de décompresser un peu.
Je ne sais pas combien de temps dure ce moment, en tout cas, les verres s’enchaînent. Je ne vais pas faire la même erreur que la dernière fois donc je bois moins. Par contre, le fameux chef dont je ne connais pas le nom enfile les verres à la chaîne.
Les effluves d’alcool dans son corps lui permettent de libérer sa parole :
– Je suis encore désolé de mon comportement. Je ne suis qu’un sombre crétin et je ne voulais pas te blesser.
– Ce n’est pas grave. Passons à autre chose, veux-tu?
– C’est juste que depuis plusieurs semaines, ma vie est chamboulée. J’ai rompu avec ma compagne Hannah…
J'acquiesce afin de lui notifier que je l’écoute attentivement.
– Elle me harcèle, car elle ne veut pas que ça se termine surtout qu’on allait se marier. Je ne peux même plus mettre les pieds dans mon restaurant, car mon second m’a dit qu’elle m’y attendait tous les jours et je ne veux plus jamais la revoir.
– Et pourquoi donc?
– C’est compliqué…Et le pire dans tout ça, c’est que son père le grand magnat des banques me fout la pression, car selon lui, j’ai déshonoré sa fille, mais s’il savait toute la vérité…Non, je ne peux pas. Je ne peux rien dire…
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izoubooks
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Il y a 3 ans
iris monroe
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Il y a 3 ans
Ellover
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Lulu_K
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marywoodroman
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