Fyctia
Chapitre 7 - Partie 1
J'ai passé la nuit à feuilleter l'édition d'Orgueil et Préjugés de Logan, Jean-Charles sur les genoux. Je suis épuisée, mais l'esprit rempli de questions, qui ne me quittent pas même pendant que je travaille. Et la seule dont j’ai la réponse c’est que ce n’est pas juste mon cerveau qui me fait délirer. Il y a quelque chose de réel, de vrai, dans tout ça, même si je suis incapable de l’expliquer. J’essaie d’assembler les pièces du puzzle avec ce qui me revient des histoires de mon père, mais la plus grosse pièce manquante reste de savoir pourquoi Logan est coincé ici. Ça n’a pas de sens avec ce que je me souviens des fables qui ont bercées mon enfance. Pourtant j’ai la sensation étrange de devoir y faire quelque chose. Je le sens dans mes tripes, et je n’arrêterais pas tant que je n’aurais pas réussi à trouver comment le renvoyer dans son corps.
Je m'occupe de mes patients depuis plusieurs heures déjà, malheureusement Logan n'est pas sur ma liste. J'ai eu beau réfléchir, mais je ne peux pas demander à celle qui s'occupe de lui d'échanger, ça éveillerait les soupçons. Sur quoi ? Je ne sais pas, j'aimerais juste éviter qu'on me prenne pour une folle.
Lorsqu'une occasion s'offre à moi, je me dirige vers sa chambre en essayant d'être la plus discrète possible, mais Sophie m'interpelle.
— Léna, c'est l'heure de la pause !
Je m'arrête et regarde la porte tant convoitée au loin.
— Ne pense même pas à continuer de bosser, si la cheffe te voit, elle va encore t'engueuler parce que tu ne prends pas tu ne respectes pas les règles.
Je soupire et la rejoint à contre cœur. Elle a raison, mes pieds me font avancer vers elle alors que mon âme entière essaie de me pousser de l'autre côté. Cette situation est une torture. Je la suis machinalement pendant que nous allons à la cafétéria et que mon cerveau réfléchit à un plan pour aller le voir. Sophie me raconte sa journée, enfin je crois, je suis incapable de l'écouter.
— Hé oh ! Léna ! Tout va bien ? Elle me demande alors qu’on débarrasse nos plateaux.
— Oui, ne t'inquiètes pas, rien qu’un café ne pourra résoudre, je réponds et réprime un bâillement, sous son regard interrogateur qui me pousse à me justifier. J’ai juste lu toute la nuit, et je regrette un peu.
— Ah, tu as lu quoi ?
— Orgueils et préjugés.
Elle se fige et me dévisage comme si je venais d’une autre planète.
— D’accord, c’est plus grave que ce que je pensais, viens on va te chercher un café.
Je la suis sans broncher, vu mon état de fatigue, ce n’est pas maintenant que je vais dire non à une dose de caféine! Josh lève la tête dès que j’arrive près du comptoir et me gratifie d’un sourire éclatant.
— Salut Léna ! La même chose que d’habitude ?
— Oui, s’il te plaît mais double dose ! Je suis exténuée !
— Je te fais ça de suite ! Sophie ?
— Un capuccino s’il te plaît.
— Presto ! il s’écrit avec un très mauvais accent italien.
Je me retiens de rire en voyant l’expression sur le visage de Sophie. Je n’arrive pas à savoir si elle le déteste vraiment ou si c’est juste un genre qu’elle veut se donner avec lui pour qu’il la laisse tranquille. Je lance un regard autour de nous en attendant mon café quand une sensation étrange me saisie. Le silence est si brutal que j’ai l’impression que mes oreilles en souffrent, plus personne ne bouge ou ne parle. Je fais un tour sur moi-même mais le constat reste accablant, aucun son ne résonne si ce n’est Josh qui mélange ma boisson. Même la balle que ce petit garçon est en train de lancer, paraît être figée dans les airs. La sensation ne dure que deux secondes mais le retour à la réalité me fait presque perdre l’équilibre et le brouhaha est si intense que je me sens oppressée.
— Léna, tu vas bien ? me demande Sophie inquiète, tu es toute pâle.
— Oui… Je… J’ai eu une absence quelques secondes, je crois que j’ai plus besoin de caféine que je ne le pensais.
— Tu veux t’asseoir ? propose Josh.
— Non… C’est… Pendant quelques secondes je n’entendais plus rien.
Une expression que je n’arrive pas à déchiffrer passe sur le visage du barista, puis il nous tend nos boissons. Sophie règle pour moi et nous partons après l’avoir remercié. Elle me raconte son rendez-vous de la veille le temps du trajet jusqu’à notre salle de pause. Il nous reste cinq minutes avant de reprendre le travail. En nous asseyant sur le canapé, je repense au temps où j’étais toujours excitée de retourner bosser. Non pas que je ne veuille plus, mais depuis six mois, la motivation a été remplacée par une fatigue intense. Je mets un petit moment à réaliser que Sophie ne parle plus, je tourne la tête, elle m’observe.
— Léna…
— Oui ?
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Rien, je suis fatiguée c’est tout.
— Parlons-en d’ailleurs de cette fatigue. Orgueil et préjugés ? Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de ma Léna ? elle me questionne en touchant mon front comme si j'avais de la fièvre.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? dis-je en riant.
— Depuis quand est-ce que tu lis autre chose que des thrillers qui donneraient des cauchemars à toute personne saine d'esprit ?
— Tu exagères, mes lectures ne sont pas si glauques.
— Ça reste un gros changement dit-elle d'un air inquisiteur.
Je souffle, elle ne me lâchera pas.
— C'est un livre qui a une certaine valeur sentimentale.
— Ah ça! C'est sentimental c'est clair! elle me coupe en riant.
Elle n’insiste pas et part dans une tirade concernant la série qu'elle a regardé hier soir. Je ne l'écoute déjà plus. J'ai l'impression d'être un lion en cage. Je n'arrive pas à penser à autre chose que Logan. L'imaginer, coincé dans cette chambre me rend malade. Il faut que j'aille le voir. Je ne suis certaine que d'une chose à présent, c'est que je dois l'aider à revenir parmi nous. Je ne sais pas comment, ni combien de temps ça me prendra, mais je le ferais !
9 commentaires
Jessica Nait-Kaci
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Il y a 5 mois
Izzie Stern
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Il y a 5 mois
LOVE SAND
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Il y a 6 mois
Izzie Stern
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Il y a 6 mois
Mylee R.
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Il y a 6 mois
Izzie Stern
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Il y a 6 mois
Jehan Calu de Autegaure
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Il y a 7 mois
Jessica Goudy
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Il y a 7 mois