Nous sommes retournés chez moi. Je n'en reviens toujours pas d'avoir fait une telle proposition à Stella après ce qu'elle m'a raconté. Pourtant, je suis sûr de moi. Depuis qu'on a commencé à se fréquenter, je découvre chaque jour une de ses facettes.

J'ai fais connaissance avec sa joie de vivre, son sourire à toute épreuve... Je connais son côté curieux et passionné, sa capacité à se montrer sérieuse quand elle travail sur une nouvelle recette. Mais c'est la première fois que je découvre l'une de ses failles. Nous en avons tous, évidemment, mais je n'avais encore jamais décelé celles qui se trouvent en elle.

J'imagine qu'il lui a fallu beaucoup de courage pour m'avouer tout ça. Cela dit, je suis touché qu'elle l'ait fait. Ça montre qu'elle a confiance en moi, et je veux lui montrer qu'elle a eu raison de le faire.

Je tiens à elle. Je veux tout connaître d'elle, ses forces comme ses faiblesses. Je ne le lui ai pas encore dis, mais je suis tombé amoureux d'elle depuis longtemps. Peut-être même depuis ce jours où elle est venue me parler pour la première fois. Ça peut sembler rapide dans la mesure où ça ne fait pas non plus si longtemps qu'on passe du temps ensemble, mais je sais ce que je ressens.

Une fois chez moi, je propose à Stella quelque-chose à boire. Elle est plus silencieuse que d'habitude. Je découvre aussi cette nervosité chez elle.

Je lui laisse le temps de se détendre un peu, la laisse découvrir mon appartement. C'est aussi la première fois qu'elle vient chez moi. Je connais déjà le sien. Comme elle vit au-dessus de sa boutique, je suis déjà monté boire un verre après le travail, ou bien passer ma pause déjeuner en sa compagnie et celle de sa meilleure amie Emily.

Nous discutons de choses et d'autres, sans jamais faire allusion à ce qui nous a amenés ici. Puis, elle finit par me regarder droit dans les yeux, l'air toujours incertain.

-Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? me demande-t-elle.

-Absolument.

-C'est que...ça fait bizarre quand on le voit pour la première fois. Et la cicatrice peut paraître impressionnante, même si les chirurgiens ont fait du bon boulot pour que ça reste assez discret.

Je m'approche d'elle et prends sa main dans la mienne.

-Tout ça fait partie de toi, lui dis-je. Et je veux te connaître toute entière. Peu importe tes cicatrices.

Elle me sourit timidement avant de se rapprocher de moi et de m'embrasser. Je l'attire contre moi, et je la sens se détendre à mesure que nos baisers se font plus brûlants.

Nous nous retrouvons dans la chambre sans vraiment nous en rendre compte. J'ai perdu mes chaussures et ma veste en chemin. Stella aussi s'est débarrassé de ces vêtements superflus.

Nous nous séparons, le temps que je retire mon tee-shirt et mon pantalon. Lorsque c'est fait, je me tourne à nouveau vers elle. Elle est encore en sous-vêtements, et son bras passe en travers de sa poitrine. La nervosité se lit dans son regard. Je m'approche d'elle et pose mes mains sur ses épaules.

-Si tu ne te sens pas prête, ce n'est pas grave, lui dis-je. Je peux attendre. Mais je ne changerai pas d'avis quand au fait de te connaître toute entière.

Elle me regarde un instant, puis passe ses doigts sous les bords de sa brassière pour la retirer. A présent, plus rien ne cache ce qu'il reste de son cancer.

J'observe son corps meurtri par la maladie, et pourtant si beau malgré ce qu'elle a subit. Puis je regarde le visage de cette femme incroyable. Elle n'ose pas me regarder pendant que je l'observe, sans doute par peur de lire du dégoût dans mon regard. Mais ce n'est pas du tout ce que je ressens. Sa cicatrice est certes encore très visible du fait que son opération ne date pas de si longtemps, mais ce n'est pas affreux.

Stella est la plus belle femme que j'ai jamais vue. J'ai l'impression qu'elle rayonne face à moi.

Je fais glisser l'une de mes mains à cet endroit pour sentir sa peau contre la mienne. Stella sursaute, surprise, et relève la tête vers moi. Je lui souris.

-Tu es magnifique, lui dis-je. A l'intérieur comme à l'extérieur.

Des larmes se mettent à perler au coin de ses yeux avant qu'elle ne comble l'espace qui nous sépare pour venir m'embrasser. Je la serre contre moi, et lui témoigne tout l'amour que j'ai pour elle.